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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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viendras, cher amour... Tout t'attend en cette petite maison.

8.
    Alors même qu'Hugues de Pomarès allait aborder les choses graves, pénétré de son importance et, à considérer les airs soucieux du comte de Worden et du baron de La Mothe-Sislées, il n'en doutait pas un instant, le vénérable vieillard eut la surprise de voir le duc de Bamberg se lever, verser du lait dans une écuelle et traverser la pièce. À la question muette de Pomarès, il répondit d'un air entendu :
    — Louise et Eugène doivent m'attendre depuis un moment déjà !
    Hugo se pencha vers Pomarès en précisant :
    — Un couple de hérissons que Tancrède a pris en affection. Même Iseult, notre chouette, a compris qu'il serait malvenu de soustraire ce ménage de hérissons à l'affection du duc.
    Celui-ci ouvrit la porte sur une tempête de neige et on découvrit deux petits animaux aux pics hérissés en raison du froid. Ils attendaient sans impatience.
    Hugues de Pomarès, se demandant un instant en quel songe déconcertant il s'était égaré, questionna à mi-voix :
    — Mais le duc sait-il, ne devine-t-il pas, l'importance de ce que j'ai à dire ?
    Les yeux rieurs d'Hugo répondirent avant qu'il n'ouvre la bouche :
    — À votre avis ?
    Satisfait, Tancrède épousseta quelques flocons de neige tombés sur sa vareuse et revint s'asseoir en face de Pomarès qui se lança aussitôt :
    — Bien, que savez-vous, monsieur le duc ?
    — C'est peut-être à moi de vous demander cela, ne croyez-vous pas ?
    Le vieillard hésita un instant avant de répondre :
    — Je sais tout de vous, davantage que vous-même, sans doute, car tant de choses essentielles se mêlent en votre personne. Mais peut-être vos amis... n'est-ce pas...
    — Bien sûr que non : ils demeurent. Alors ?
    — Je vous connais des petites aux grandes choses. Tenez, par exemple, votre titre dont nul, certainement, ne se souvient de l'origine. En 1356, à Poitiers, votre ancêtre a chargé l'ennemi jusqu'à ce que blessé cinq fois, il fût laissé pour mort. Mais il devait survivre. La victoire anglaise fut totale et Jean II le Bon emmené en captivité en Angleterre où l'on exigea une rançon de trois millions d'écus d'or. À lui seul, votre ancêtre fournit 700 000 écus. Il ruina à jamais, ou bien peu s'en faut, votre famille mais le roi, de retour en France, le fit duc, tant pour sa bravoure au combat que pour avoir payé rançon afin de libérer son roi... À voir votre situation, où vous commandez en second un régiment, on songe à l'ingratitude des rois.
    La physionomie du duc de Bamberg s'altéra et il n'était point difficile de voir sa crispation soulignée par une voix soudain très froide et un regard glacé :
    — Je ne suis pas à plaindre, monsieur. À l'armée, je ne reçois d'ordres de personne. Par ailleurs, je n'ai point de dettes et ce vieux château est un abri confortable. Mes forêts et étangs ainsi que quelques maigres troupeaux assurent ma subsistance. La jalousie n'est point dans ma nature.
    Son expression devint un instant songeuse, telle que s'il se parlait à lui-même :
    — Il y a tant de misères, de drames et de souffrances dans le royaume de France, tant de pauvres gens, de vieillards sans abris et d'enfants abandonnés...
    Il se reprit et, d'une voix sans appel :
    — Ma vie est peut-être austère mais c'est celle que j'ai choisie.
    Sentant le terrain très mouvant, et bien qu'il n'éprouvât pour sa part que fort peu d'inclination envers les pauvres, le baron de Pomarès passa à autre chose :
    — Cette fortune que donna votre ancêtre est d'origine mystérieuse. Enfin, pas pour tout le monde...
    Tancrède sourit :
    — Tout beau, monsieur. Allons, elle vint d'un riche mariage de mon ancêtre Enguerrand de Bamberg, puisque nous n'étions point encore châtelains de Marigny du nom du village proche de notre château. Il n'y a pas de secrets, monsieur.
    La savait-il, cette histoire!... Enguerrand de Bamberg, chevalier du Temple, désertant par amour, repris par les hommes du Grand Commandeur et chargé d'une étrange mission.
    Alors, en Terre sainte, pour les Templiers, les Teutoniques et les Hospitaliers, tout s'effondrait. Ainsi de la mort du duc d'Artois, puis de la chute du krak des chevaliers, formidable forteresse qui tomba malgré une alliance avec la secte des Assassins.
    En 1291, après la chute des ultimes forteresses croisées en Terre sainte, le dernier combat eut lieu à Acre. Dernier combat et dernier carré des

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