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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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avec Hugues de Pomarès.
    Des trois ordres qui se trouvaient jadis en Terre sainte, seuls les Hospitaliers, devenus chevaliers de Malte, se trouvaient encore intacts. Les Teutoniques, pour leur part, étaient entrés en décadence après la défaite de Grunwald, en 1410. Par chance, en les châteaux du Brandebourg, on préservait la tradition du sacré étroitement liée à celle de la fidélité si bien que l'ordre, en sa branche secrète, avait survécu. Côté Templiers, c'était le vide. Mais aussi, quelque part, le plus fabuleux trésor d'Occident.
    Un instant, Heinrich von Ploetzen se reprocha de s'être trop rapidement emporté. Ce faisant, il prenait le risque de compromettre une entreprise sacrée, vieille d'exactement quatre cents ans puisque créée en 1292 après la chute des dernières places fortes des croisés : le Conseil des Troubles !
    Il tenta de se consoler en songeant à la demi-douzaine - mais il y en aurait d'autres - d'enfants qui l'attendaient en son hôtel particulier de Paris, mais n'y parvint pas.
    Allons, il fallait sans doute réunir les morceaux éparpillés par cette sanglante querelle. Rois, empereurs, familles princières, puissants de toutes sortes, tous soutenaient ou laissaient faire le Conseil des Troubles quatre fois centenaire dont la vocation était de créer un nouvel ordre du monde.
    Le Conseil des Troubles devait vivre, trouver enfin la dimension qu'il méritait, quel qu'en fût le prix.
    Et pour cela, le duc de Bamberg devait mourir !
    ***
    Marion se réveilla brusquement, certaine que quelque chose avait changé et de fait, à travers les rideaux légers, une lumière irréelle emplissait la chambre.
    C'était merveilleux !
    Bien qu'il fît assez froid, elle se leva et se précipita à la fenêtre, pieds nus sur le plancher glacé.
    Tout était blanc. La rue aux maisons rares et espacées, la route elle-même creusée de profondes ornières, le vieux pommier auquel ses branches couvertes de neige donnaient un volume inhabituel.
    Tout cela paraissait d'un rêve et, tel qu'en un songe, décidant de céder à la folie, elle s'habilla en grande hâte.
    Quelques flocons tourbillonnaient encore lorsqu'elle déboucha dans le jardinet pour rejoindre le compartiment à petit toit d'ardoises qui servait d'écurie à Pégase.
    Peut-être surpris de la voir en une heure si étrange - trois heures de la nuit -, le vieux cheval cligna des paupières. Attendrie, la jeune femme l'embrassa longuement et tendrement sur le chanfrein où se voyait une marque blanche en étoile, laquelle ressortait parfaitement sur la robe bai brun.
    Sous le baiser, et la caresse qui suivit, Pégase lança un hennissement joyeux qui avait quelque chose d'irrévérencieux et un peu canaille dans ce paysage majestueux et silencieux. Cette nouvelle « folie », en une nuit qui semblait les accumuler, transporta Marion de bonheur. Elle passa ses bras autour du cou du cheval et murmura :
    — Veux-tu bien te taire ? C'est tout le village d'Auteuil que nous allons réveiller.
    Elle l'embrassa de nouveau et fit demi-tour.
    Ses pieds laissaient de profondes empreintes dans la neige immaculée du jardinet et, au travers des branches, elle s'émerveilla une fois encore des flocons qui descendaient avec paresse d'un ciel de plomb.
    Troublée, elle cria :
    — Je suis heureuse !
    Ce n'était pas exactement ce qu'elle voulait dire. Et pas vraiment ce qu'elle ressentait car cela, en langage de grande exactitude, aurait alors revêtu une autre forme : « Je voudrais tant être heureuse ! »
    Elle regagna la petite maison et courut se mettre au lit, le regard aimanté par la grande lueur blanche qui filtrait à travers les petits carreaux de la fenêtre.
    C'est aux pieds qu'elle avait le plus froid. Lorsqu'elle dormait avec sa mère, et bien que les deux femmes fussent très pudiques, leurs pieds se rencontraient parfois sous les draps. Contact des plus brefs mais des plus agréables.
    Comme souvent ceux qui vivent seuls, elle parla à voix haute :
    — Cher amour, lorsque tu viendras enfin, il faudra bien que l'hiver nous mêlions nos pieds afin que tu réchauffes les miens.
    Elle hésita et pouffa en ajoutant :
    — Cela doit servir au moins à semblable usage, un mari!
    Puis, tout aussitôt désolée :
    — Oh non, je ne t'obligerai pas à cela... mais céderai volontiers, si tu insistes !
    Elle demeura un instant rêveuse tandis que le sommeil revenait sur la pointe des pieds.
    À demi endormie, elle murmura :
    — Tu

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