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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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en souriant et
Marie-Louise la regarda en se demandant tout à coup si elle n’était pas tombée
sur une fanatique de la perfection. Puis elle s’en voulut. Blanche n’avait pas
perdu de vue qu’un lit bien fait est ce qu’il
y a de mieux pour le confort du patient. Marie-Louise refit son lit, cette fois
impeccablement. À la deuxième inspection, on la félicita à son tour et les deux
amies furent priées de se rendre à la salle à manger des gardes-malades.
    Elles étaient parmi les premières arrivées.
Elles regardèrent la salle à manger et Blanche, qui s’était attendue à voir un
réfectoire comme celui du couvent, fut heureuse de constater que la pièce ressemblait
davantage à une salle à manger d’hôtel avec ses tables rondes recouvertes de
nappes blanches, autour desquelles quatre personnes pouvaient s’asseoir. Elle
vit la beauté du bahut dans le coin de la pièce. Elle et Marie-Louise se
choisirent une table et attendirent leurs compagnes. À leur grande surprise,
plusieurs infirmières diplômées entrèrent d’abord et prirent place aux tables
qui leur semblaient assignées. Deux d’entre elles se dirigèrent vers leur
table.
    – On s’excuse, mais c’est notre table.
    – Les tables sont réservées ?
    Marie-Louise était étonnée.
    – Pas vraiment. C’est une habitude. Vous
allez voir. À chaque année on change de table. Pis on s’assoit toujours à la
même.
    Blanche et Marie-Louise se levèrent et
cherchèrent une autre table. Blanche n’avait pas aimé le ton de la
garde-malade, mais n’en laissa rien paraître.
    Toutes les étudiantes étaient enfin arrivées.
Blanche apprit que certaines d’entre elles avaient dû recommencer leur lit
jusqu’à dix fois avant d’être invitées à manger. Leur professeur demanda le silence
et leur expliqua que le système de cafétéria avait été retenu pour leur salle à
manger.
    – C’est pas pour économiser le personnel.
C’est parce que nous croyons que c’est le seul système qui évite les attentes
prolongées, compte tenu surtout que vous aurez un temps limité. C’est aussi le
meilleur système pour manger chaud. Nous pensons que pour les gardes-malades,
cela aide à conserver sa bonne humeur.
    Elles éclatèrent toutes de rire et allèrent se
servir.
    Blanche s’habitua rapidement à son nouvel
horaire de vie. Pendant les deux premiers mois, elle passa ses avant-midi
auprès des malades, comme ses compagnes. On lui avait lentement appris à approcher
les malades. Pour ne pas ébranler son assurance, on lui fit d’abord changer les
lits vides, puis des lits dans lesquels des patients étaient couchés. Ensuite,
elle avait pu apporter et installer des bassins de lit. Comme ses compagnes,
elle n’avait montré aucun étonnement devant la nudité des femmes et des hommes
qui s’abandonnaient à ses mains. Elle remerciait presque le ciel de lui avoir
expédié la maladie de Clément pour l’initier à l’anatomie masculine.
    Aussitôt l’avant-midi terminé, Blanche
s’empressait de monter à la salle à manger et de dîner en parlant peu avec ses
compagnes. Elle prit rapidement l’habitude d’éviter toute conversation
concernant une personne, sauf, évidemment, si cette personne était un patient
atteint d’une maladie exceptionnelle à traiter. Elle ne voulut pas entendre les
commentaires ayant trait à tel ou tel médecin, telle ou telle religieuse ou
infirmière. Elle mangeait rapidement, étant presque toujours la première à
quitter la table. Elle montait alors à la bibliothèque adjacente à la salle de
récréation – une des pièces dont elle adorait le confort et la décoration –
pour y revoir sa matière et étudier pendant quelques minutes avant de se
présenter à la salle de cours.
    Elle aimait ses cours. Les religieuses,
expérimentées, leur enseignaient toujours la théorie avant la pratique. Blanche
trouvait que, de cette façon, elle s’inquiétait moins, une fois au chevet des
patients. Le soir, elle avait encore un cours, après quoi elle était libre.
Elle avait pris l’habitude de retourner à l’hôpital pour parler avec les
patients sans famille ou sans visiteurs.
    Souvent, elle acceptait de prendre la
température ou de vider un bassin pour aider les gardes-malades débordées. Elle
avait choisi cette façon d’occuper ses soirées pour deux raisons ; la
première : elle pouvait, par sa simple présence, chasser l’ennui des patients,
qui, on le lui avait appris,

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