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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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était l’ennemi de la guérison ; la
seconde : elle avait tôt fait de constater que d’entendre un patient
décrire ses problèmes de santé – ce qu’ils faisaient tous dans le menu détail
sans se faire prier – était la meilleure façon d’en connaître davantage.
    Le premier mois de ses cours, elle avait eu le
choc de rencontrer Marthe Pellan, qui faisait son internat à l’hôpital. De la
voir, de constater son assurance et sa compétence, de l’entendre discuter avec
ses confrères masculins l’avaient à la fois réjouie et chagrinée. Elle avait
remarqué que le docteur Pellan devait mettre les bouchées doubles pour être de
taille. Mais Blanche, qui avait été témoin de plusieurs visites des internes
suivant le chef de service, avait remarqué que le docteur Pellan était très
compétente. On lui avait d’ailleurs dit qu’elle était première de sa classe.
Blanche, d’abord réticente à travailler sous les ordres du docteur Pellan, non
parce qu’elle était une femme mais parce que cela lui rappelait constamment sa
contrainte d’avoir dû opter pour un second choix de vie, en vint à rechercher
sa présence. Le docteur Pellan abordait différemment ses malades. Blanche lui
trouvait les qualités et le sourire des gardes-malades et un doigté différent
de celui de ses collègues masculins. Elle était d’ailleurs reconnue pour sa
grande capacité à poser des diagnostics. C’est pour cette raison que Blanche
aimait la fréquenter. Le docteur Pellan posait toujours une question en
apparence innocente dont la réponse, souvent, apportait la pièce manquante du
casse-tête.
    La porte se ferma et la sœur hospitalière,
suivie de trois étudiantes, entra dans la salle de cours en portant une immense
boîte remplie de pansements.
    – La semaine prochaine, vous allez faire
un stage dans les différentes salles de pansements. Vous avez dû remarquer que
les pansements sont toujours solides. C’est parce qu’il y a une façon de les
faire. Mais avant qu’on commence ça, je vais vous remettre à chacune trois
pansements de différentes grosseurs et longueurs. Vous allez les dérouler.
    Les étudiantes firent comme on le leur
demandait et Blanche sourit à Marie-Louise. Elle avait déjà apporté des
pansements à sa chambre et elle et Marie-Louise avaient consacré des heures à
apprendre à les rouler convenablement – sur leur cuisse – et à se bander
mutuellement jusqu’à ce qu’elles trouvent toutes les deux que leurs pansements
ressemblaient à ceux que les gardes-malades expérimentées faisaient. Toutes les
deux, elles avaient ri de leur audace, espérant ne pas avoir fait d’erreurs à
corriger. Toutes les deux, aussi, appréhendaient l’instant où elles panseraient
une plaie vive.
    Le hasard fit que la sœur hospitalière invita
Blanche à l’avant de la classe. Habituellement, les étudiantes s’empêtraient
dans le pansement pour enfin supplier le professeur de leur montrer la façon de
rouler le ruban sans commencement ni fin. Blanche se demanda si elle devait
faire comme elle et Marie-Louise faisaient depuis des semaines ou si elle
devait feindre une inhabileté proverbiale. Elle prit le pansement dans ses
mains, jeta un coup d’œil en direction de son amie et décida de rouler le pansement
comme elle savait le faire. La sœur hospitalière éclata de rire et Blanche se
demanda si elle avait fait une erreur. Elle rougit.
    – Je ne serais pas étonnée qu’on vous ait
demandé d’aller chercher des boîtes de pansements dans le local des dames
patronnesses, vous.
    Blanche acquiesça en se demandant si cette
remarque était bonne ou mauvaise.
    – Pis vous êtes restée longtemps à les
regarder faire ?
    – Pas vraiment. Je leur ai juste dit de
prendre leur temps parce que j’avais tout le mien.
    La sœur hospitalière la félicita et demanda
aux autres étudiantes de l’imiter. Quelques autres réussirent du premier coup
en lançant un regard complice à Blanche. Elles aussi s’étaient exercées en cachette.
Germaine Larivière parvint à rouler le sien après plusieurs tentatives. Blanche
sentit qu’elle la regardait avec haine. Depuis la rentrée, Germaine Larivière
avait été isolée du groupe, personne ne voulant la fréquenter. Devant cette
situation, elle avait innocemment fait savoir que sa mère était dame
patronnesse, ce qui augmenta sa popularité. Il était notoire que les dames patronnesses
choisissaient les étudiantes qui, par

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