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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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offusquer.
    La porte s’ouvrit, non pas sur George, mais sur Emily elle-même. Elle possédait un charme fou, il l’avait oublié, mais en même temps elle était foncièrement différente de Charlotte. Blonde et menue, elle offrait l’image même de l’élégance et du raffinement. Alors que Charlotte s’affirmait d’une franchise redoutable, Emily était bien trop pragmatique pour parler sans réfléchir et pouvait se montrer machiavélique à l’occasion, pour la bonne cause, naturellement. Convaincue que la haute société en était une excellente, elle s’avérait capable de mentir sans sourciller.
    Elle entra et referma la porte, les yeux rivés sur lui.
    —    Bonjour, Thomas, dit-elle faiblement. Vous venez pour la pauvre Fanny, j’imagine. Je n’osais espérer qu’on vous confie l’affaire. Justement, j’essayais de rassembler mes souvenirs pour pouvoir vous aider, comme à Callander Square 2 , fit-elle en s’animant momentanément. Charlotte et moi, on s’en est plutôt bien tirées, à l’époque.
    Elle baissa la voix et plissa le visage, l’air malheureux.
    —    Mais ce n’était pas pareil. Pour commencer, on ne connaissait personne là-bas. Et ceux qui sont morts l’étaient déjà avant même qu’on en ait entendu parler. On a moins de peine quand on n’a pas connu les gens de leur vivant, soupira-t-elle. Je vous en prie, Thomas, asseyez-vous. Ne restez pas planté là, tout dépenaillé. Ne pouvez-vous pas au moins boutonner votre veste ? Il faut que je parle à Charlotte. Elle vous laisse sortir sans...
    Elle l’examina de pied en cap et renonça à son projet.
    Pitt se passa les mains dans les cheveux et ne fit qu’aggraver les choses.
    —    Vous connaissiez bien Fanny Nash ? demanda-t-il, s’installant sur le canapé.
    Il semblait se répandre sur les coussins, tout en bras et basques.
    —    Non. Et, j’ai honte de l’avouer maintenant, je ne l’aimais pas beaucoup.
    Elle esquissa une petite moue contrite.
    —    Elle était assez... ennuyeuse. Jessamyn est très divertissante. Dans l’ensemble, j’ai du mal à la supporter mais je m’amuse à chercher quel tour de cochon je pourrais bien lui jouer.
    Il sourit. A bien des égards, elle lui rappelait tant Charlotte qu’il ne put réprimer un élan d’affection envers elle.
    —    Mais Fanny était trop jeune, acheva-t-il à sa place. Trop naïve.
    —    Tout à fait. Elle en était presque insipide.
    Son expression s’altéra, se chargea de pitié et
    d’embarras : un instant, elle avait oublié que Fanny était morte, et dans quelles conditions.
    —    Thomas, c’était la dernière personne au monde à mériter un sort aussi abominable ! C’est sûrement l’œuvre d’un malade mental. Il faut que vous l’arrêtiez, pour Fanny... et pour notre bien à tous !
    Toutes sortes de réponses lui vinrent à l’esprit, réponses rassurantes à propos d’étrangers et de vagabonds depuis longtemps repartis, et toutes moururent sur ses lèvres. Il était fort possible que l’assassin habite ou travaille dans Paragon Walk. Ni l’agent en faction à une extrémité ni les domestiques qui attendaient à l’autre n’avaient vu passer personne. Or il était difficile de s’aventurer dans un quartier comme celui-ci sans se faire remarquer.
    D’ un autre côté, ce pouvait être un cocher ou un valet de la réception, désœuvré et sous l’emprise de la boisson, qui aurait laissé une impulsion stupide — parce que Fanny s’apprêtait à crier peut-être — dégénérer en un crime sordide et sanglant.
    Cependant, ce n’était pas tant le crime lui-même, c’était l’enquête subséquente qui lui faisait peur, peur que ce ne fût pas un serviteur, mais un riverain qui cachait sa nature bestiale sous une façade policée. Une enquête policière ne démasquait pas seulement les crimes majeurs, mais un tas de fautes vénielles, de duperies et de mesquineries qui pouvaient faire très mal.
    Mais inutile d’en parler à Emily. Malgré son titre et son assurance, elle était toujours aussi vulnérable qu’à Cater Street, quand elle avait vu son père, effrayé, se faire arracher son masque.
    —    Vous le retrouverez, n’est-ce pas?
    Elle rompit le silence, coupant court à ses réflexions, exigeant une réponse. Debout au milieu de la pièce, elle ne le quittait pas des yeux.
    —    En principe, oui.
    Il ne pouvait pas lui dire mieux, en restant honnête. De toute

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