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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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conduire comme une dame de la haute société. Seul quelqu’un comme Vespasia, avec son immense et subtile expérience, était capable de reconnaître qu’elle ne l’était pas... pas tout à fait.
    Elle avait manqué une partie de la conversation. Plût au ciel qu’elle ne fût pas frappée de surdité! Elle ne supporterait pas de devenir sourde. Ne pas entendre ce que disent les autres était pire que d’être enterrée vivante !
    —    ... heure vous êtes rentré chez vous? acheva Pitt.
    George fronça les sourcils. Elle se rappela cette même expression qu’il avait, enfant, quand il faisait ses additions. Il mâchonnait toujours le bout de ses crayons. Une manie dégoûtante. Elle avait suggéré à sa mère de les tremper dans de l’aloès, mais cette femme au cœur tendre avait refusé.
    —    Je crois que je n’ai pas regardé, répondit George finalement. A mon avis, ce devait être assez tard. Je n’ai pas dérangé Emily.
    —    Et votre valet?
    —    Ah... oui, fit George, incertain. Je doute qu’il s’en souvienne. Il s’était endormi dans mon dressing. J’ai été obligé de le réveiller. Donc, il devait être drôlement tard, ajouta-t-il en s’animant. Désolé, je ne peux rien pour vous. Apparemment, j’étais à mille lieues d’ici au moment où c’est arrivé. Je n’ai strictement rien vu.
    —    Vous n’étiez pas invité chez les Dilbridge? demanda Pitt, surpris. Ou bien avez-vous choisi de ne pas y aller?
    Vespasia le dévisagea. Quel personnage imprévisible ! Il était là, assis sur le canapé dont il envahissait plus de la moitié dans son désordre. Aucun de ses habits ne semblait être réellement à sa taille, la pauvreté sans doute. Entre les mains d’un bon tailleur et d’un barbier, il aurait eu l’air tout à fait présentable. Mais il émanait de lui une énergie contenue qui frisait l’indécence. On avait l’impression qu’il allait éclater de rire d’un instant à l’autre, au moment le plus inopportun. D’ailleurs, plus elle y pensait, plus elle le trouvait divertissant. Dommage qu’il fût là à cause d’un meurtre. En toute autre occasion, il eût représenté une diversion non négligeable aux maux d’Eliza Pomeroy, aux excès de Lord Dilbridge inventoriés par Grâce Dilbridge, à la dernière robe de Jessamyn Nash, aux amours de Selena Montague ou au déclin général de la civilisation commenté par les demoiselles Horbury et Lady Tamworth. La seule autre distraction était la rivalité entre Jessamyn et Selena qui se disputaient les attentions du séduisant Français, jusque-là en vain. Sinon elle l’aurait su. Quel était l’intérêt d’une conquête si l’on ne pouvait pas en informer tout le monde, en privé de préférence, et dans la plus stricte confidence? Le succès sans l’envie était comme les escargots sans la sauce... or, n’importe quelle femme cultivée le savait : tout était dans la sauce !
    —    J’ai préféré ne pas y aller, dit George, plissant le front.
    Lui non plus ne voyait pas l’objet de cette question.
    —    Ce n’était pas le genre de manifestation où j’aurais eu envie d’emmener Emily. Les Dilbridge ont des... des amis aux goûts décidément vulgaires.
    —    Ah bon? s’étonna Emily. Grâce Dilbridge a l’air tellement effacée.
    —    Elle l’est, déclara Vespasia impatiemment. Elle ne dresse jamais la liste des convives. Non pas que ça l’indispose. Elle est de ces femmes qui aiment souffrir : elle en a fait une profession. Si Frederick se conduisait convenablement, elle n’aurait plus de sujets de conversation. C’est son unique raison d’être... faire la carpette.
    —    Mais c’est terrible! protesta Emily.
    —    Ça n’a rien de terrible. Elle y trouve son bonheur, mais c’est mortellement ennuyeux.
    Vespasia se tourna vers Pitt.
    —    Indubitablement, c’est là que vous découvrirez votre assassin, soit parmi les invités de Frederick Dilbridge, soit parmi leurs serviteurs. Certains sinistres personnages sont capables de conduire admirablement un attelage, soupira-t-elle. Je me souviens d’un cocher de mon père qui buvait comme un trou et couchait avec toutes les filles du village, mais il conduisait divinement... le meilleur automédon du sud de l’Angleterre. Pour finir, il a été tué par le garde-chasse. On n’a jamais su si c’était un accident ou pas.
    Emily lança un regard désemparé à Pitt : dans

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