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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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apparemment à avoir du chagrin étaient Phoebe — elle avait l’air blanche comme un linge et réellement émue — et un dénommé Hallam Cayley. Mais je ne sais pas s’il pleurait la mort de Fanny ou celle de sa femme, qu’il a perdue récemment.
    Tout ce qui lui avait paru tellement significatif dans le tumulte de ses sentiments ne valait plus rien maintenant qu’elle tentait de le traduire en paroles. Cela paraissait si frivole, si éphémère qu’elle en eut un peu honte. Elle, femme de policier, aurait dû lui rapporter des faits concrets. Comment pouvait-il résoudre les crimes si tous les témoignages étaient aussi nébuleux que le sien?
    Il soupira et, se levant, s’approcha en chaussettes de l’évier. Il fit couler l’eau froide sur ses mains, puis s’en aspergea le visage. Il tendit les mains, et Charlotte lui apporta la serviette.
    —    Ne vous inquiétez pas, dit-il en la lui prenant. Je ne m’attendais pas à découvrir quoi que ce soit là-bas.
    —    Vous ne vous attendiez pas...? répéta-t-elle, confuse. Parce que vous étiez là?
    Il s’essuya le visage et la regarda par-dessus la serviette.
    —    Pas pour les besoins de l’enquête... juste... parce que j’en avais envie.
    Elle sentit sa gorge se nouer et les larmes lui picoter les yeux. Elle ne l’avait même pas vu, trop occupée à observer les autres et à se demander à quoi elle ressemblait dans la robe de tante Vespasia.

Au moins, quelqu’un était venu là spécialement pour Fanny, quelqu’un qui déplorait sincèrement sa mort.
    Emily n’avait personne à qui faire part de ses sentiments. Tante Vespasia jugeait ce type de préoccupations mauvais pour elle. Cela donnerait un bébé mélancolique, disait-elle. Et George ne voulait même pas en entendre parler. En fait, il se mettait en grands frais pour éviter d’aborder le sujet.
    Le voisinage tout entier semblait décidé à oublier cet épisode, comme si Fanny était simplement partie en vacances et devait rentrer d’un jour à l’autre. L’existence reprit son cours normal, dans les limites de la bienséance : ainsi, on continua à porter des tenues sobres ; le contraire eût été une faute de goût. Cependant, par un accord tacite, on considérait qu’une stricte observance du deuil rappelait trop les circonstances scabreuses de cette mort : ce serait donc vulgaire, voire insultant pour certains.
    La seule exception, c’était Fulbert Nash qui ne reculait jamais devant l’insulte. Parfois même, il y prenait positivement plaisir. Il distillait ses insinuations rusées, subtiles, sur presque tout le monde. Rien de significatif, pas de quoi le confronter directement; néanmoins, une rougeur subite prouvait qu’il avait visé juste. Peut-être faisait-il allusion à quelques vieux secrets : il y en avait forcément, dont on avait honte ou que l’on ne tenait pas à divulguer à ses voisins. Ces secrets n’étaient probablement pas tant coupables que tout simplement ridicules. Mais personne n’avait envie de devenir un objet de risée; d’aucuns se donnaient même énormément de peine pour y échapper. Le ridicule pouvait être aussi fatal pour les ambitions sociales que la révélation de n’importe quel péché véniel.
    Une semaine avait passé depuis l’enterrement, et la chaleur n’était toujours pas retombée, quand Emily se décida finalement à aller voir Charlotte pour lui demander ce que faisait la police. Il y avait eu d’autres interrogatoires, principalement des domestiques, mais si quelqu’un était suspecté ou bien définitivement blanchi, elle n’en avait pas eu vent.
    Après avoir expédié un mot à Charlotte la veille pour la prévenir de sa visite, elle mit une robe de mousseline vieille d’un an et fit demander son équipage. En arrivant, elle dit au cocher de tourner au coin de la rue et d’attendre deux heures pile avant de revenir la chercher.
    Elle trouva Charlotte prête à la recevoir et occupée à préparer le thé. La maison était plus petite que dans son souvenir, et les tapis paraissaient plus usés, mais elle avait l’air habitée, et cela lui conférait un certain charme, agrémenté d’une odeur de cire et de roses.
    Assise par terre, Jemima roucoulait dans son coin en édifiant une tour précaire avec des cubes de couleur. Dieu merci, apparemment elle allait tenir davantage de Charlotte que de Pitt !
    Après les salutations d’usage, tout à fait sincères
    — dernièrement, Emily en

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