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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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ordinaire. Et par la suite, il ne s’en souvient pas toujours, paraît-il. Cela expliquerait aussi une apparence d’innocence, non? Si celui qui a tué Fanny n’en a gardé qu’un vague souvenir...?
    Il repensa à George frappé d’amnésie quant à ses occupations ce soir-Ià; à Algernon Burnon, peu enclin à citer la personne qui lui avait tenu compagnie ; à la partie de jeu anonyme de Diggory. Mais c’était surtout Hallam Cayley qui s’enivrait dernièrement au point d’être incapable d’émerger le matin. D’après Afton, il avait été en proie à la torpeur éthylique le matin même où l’on avait découvert la disparition de Fulbert. La suggestion n’était pas si bête. Cela expliquerait l’absence de mensonges, de toute tentative de brouiller les pistes. Un assassin qui ne se rappelait même pas son propre crime ! Il devait y avoir un trou noir, terrifiant, dans son esprit; il se posait des questions; la nuit, les cauchemars peuplaient son sommeil de bribes de violence, d’images, de l’odeur et du bruit de l’innommable. Mais la boisson l’aidait à oublier.
    —    Merci, dit-il poliment.
    Elle reprit une grande inspiration.
    —    Peut-on condamner quelqu’un pour ce qu’il a fait en état d’ivresse? s’enquit-elle lentement, avec un petit froncement de sourcils.
    —    Si Dieu le condamne, ça, je n’en sais rien, répondit Pitt honnêtement. Mais la justice s’en chargera certainement. On n’a pas besoin de s’enivrer.
    Sans broncher, elle poursuivit le cours de ses pensées.
    —    Quelquefois, on boit pour noyer son chagrin.
    Chaque mot était pesé avec le plus grand soin.

—    Parce qu’on est malade, qu’on souffre ou qu’on a perdu un être cher.
    Il songea immédiatement à la femme de Hallam Cayley. Etait-ce là ce qu’elle cherchait à lui suggérer? Il la regarda, mais son visage était aussi lisse que du satin blanc. Il résolut de se jeter à l’eau.
    —    Pensez-vous à quelqu’un en particulier, Mrs. Nash ?
    Elle détourna brièvement les yeux ; leur éclat bleu s’était voilé.
    —    Je préfère ne pas entrer dans les détails, Mr. Pitt. Je ne saurais vous répondre. S’il vous plaît, n’essayez pas de m’arracher des accusations.
    Elle le contempla à nouveau, le regard clair, d’une franchise éblouissante.
    —    Si j’apprends quelque chose, je vous tiendrai au courant, c’est promis.
    Il se leva. Il savait qu’elle n’en dirait pas plus.
    —    Merci, Mrs. Nash. Votre aide m’a été précieuse. Vous m’avez fourni matière à réflexion.
    Il s’abstint de conclure par une banalité comme quoi l’affaire serait bientôt résolue. C’eût été insultant pour elle.
    Elle sourit imperceptiblement.
    —    Merci, Mr. Pitt. Bonne journée.
    —    Bonne journée à vous, madame.
    Et il se laissa reconduire dehors.
    Une fois dans Paragon Walk, il traversa la chaussée en direction de la pelouse d’en face. Il n’avait pas le droit de marcher sur l’herbe — c’était spécifié sur un écriteau —, mais il aimait à la sentir sous les semelles de ses bottes. Les pavés étaient inanimés, dénués de grâce : indispensables s’ils devaient être foulés par des milliers de passants, mais ils cachaient la terre.
    Que s’était-il passé dans cette promenade élégante, ordonnée, ce fameux soir? Quel chaos soudain avait bouleversé cette quiétude pour retomber en un tas de débris totalement informes?
    Les sentiments lui échappaient. Tout ce qu’il touchait se fragmentait et se désintégrait.
    Il fallait en revenir aux choses pratiques, à la mécanique du meurtre. Les gentlemen des beaux quartiers se promenaient rarement avec un couteau. Pourquoi, comme par hasard, le violeur en avait-il un sur lui ? Était-ce possible qu’il n’eût pas agi sous l’empire d’une passion aveugle, mais bel et bien avec préméditation? Se pouvait-il qu’il eût projeté cet assassinat, et que le viol fût accessoire, une impulsion ou bien une feinte?
    Mais pourquoi assassiner Fanny Nash? Il ne connaissait personne de plus inoffensif. Elle n’avait pas de fortune à hériter, pas d’amant; aucun homme, d’après ses renseignements, ne s’était intéressé à elle, à l’exception d’Algernon Burnon... et encore, la raison, dans cette histoire, semblait l’emporter sur les sentiments.
    Fanny aurait-elle, en toute innocence, découvert quelque secret qui lui avait coûté la vie ?

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