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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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répondit Emily avec froideur. Quelle agréable surprise !
    Elle mit l’accent sur le mot « surprise ». A Miss Laetitia, qui se tenait avec réticence un peu à l’écart, elle adressa un sourire distant.
    Miss Lucinda s’assit sans y avoir été invitée.
    Emily n’avait aucune intention de leur offrir un rafraîchissement à cette heure de l’après-midi. Avaient-elles perdu tout sens des convenances?
    —    La police n’a pas l’air d’avancer dans son enquête, remarqua Miss Lucinda, s’enfonçant dans son fauteuil. A mon avis, ils n’ont pas la moindre piste.
    —    Même s’ils en avaient une, ils ne nous le diraient pas, fit Miss Laetitia à la cantonade. Pourquoi nous tiendraient-ils au courant?
    Emily s’assit, résignée à être polie, du moins au début.
    —    Je ne sais pas, répondit-elle avec lassitude.
    Miss Lucinda se pencha en avant.
    —    Je crois qu’il se passe quelque chose!
    —    Ah oui ?
    Emily était partagée entre la colère et l’envie de rire.
    —    Absolument! Et j’entends découvrir ce que c’est. Je viens ici tous les ans pour la saison depuis mon enfance !
    Que répondre à cela?
    —    Ah bon, fit Emily d’un ton réservé.
    —    Qui plus est, poursuivit Miss Lucinda, ça m’a l’air parfaitement scandaleux, et il est de notre devoir d’y mettre fin!
    —    Oui...
    Emily pataugeait complètement.
    —    ... Sûrement.
    —    A mon avis, ça a un rapport avec ce Français, décréta Miss Lucinda avec conviction.
    Miss Laetitia secoua la tête.
    —    Lady Tamworth dit que c’est le Juif.
    Emily cligna des yeux.
    —    Quel Juif?
    —    Mais Mr. Isaacs, voyons !
    Miss Lucinda commençait à perdre patience.
    —    C’est stupide, personne ne le reçoit, sauf pour affaires. Non, ce sont ces soirées chez Lord Dil-bridge. Je me demande comment la pauvre Grâce peut supporter tout ça.
    —    Quoi donc ? dit Emily.
    Elle ne savait même pas si elle devait prêter l’oreille à ce galimatias.
    —    Tout ce qui se passe ! Franchement, ma chère Emily, vous devriez vous intéresser aux événements dans votre voisinage immédiat. Sinon, comment les enrayer? Car c’est à nous de veiller au respect des valeurs.
    —    Elle est très attachée aux valeurs, glissa Miss Laetitia.
    —    Heureusement, siffla Miss Lucinda. Il faut bien que quelqu’un s’en préoccupe, et c’est loin d’être le cas de tout le monde !
    —    Je n’ai aucune idée de ce qui se passe.
    Emily était un peu gênée par les sous-entendus
    qu’elles se renvoyaient au visage.
    —    Je ne vais pas aux soirées chez les Dilbridge et, très honnêtement, j’ignorais qu’ils en donnaient plus que la moyenne des gens en période estivale.
    —    Moi non plus, ma chère, je n’y « vais » pas. Et je ne pense pas qu’ils en donnent plus que d’autres. Ce n’est pas le nombre qui compte, c’est le contenu. Je vous le dis, chère Emily, il se passe quelque chose de bizarre, et j’ai bien l’intention de découvrir quoi !
    —    A votre place, je serais prudente.
    Emily se sentit obligée de la mettre en garde.
    —    Rappelez-vous les drames qui se sont produits ici. Ne vous exposez pas à un danger.
    Elle songeait davantage aux susceptibilités que Miss Lucinda risquait de froisser par sa curiosité qu’à un quelconque péril pour Lucinda elle-même.
    Miss Lucinda se leva, le buste en avant.
    —    Je suis d’un courage inébranlable quand j’ai une vision claire de mon devoir. Et je compte sur votre aide, si vous apprenez quelque chose d’important !
    —    Mais tout à fait, acquiesça Emily.
    Rien de ce qui touchait au royaume du « devoir » de Miss Lucinda ne pouvait avoir d’importance pour elle.
    —    Parfait ! Et maintenant, il faut que j’aille voir la pauvre Grâce.
    Avant qu’Emily ne trouve ses mots pour faire remarquer poliment l’heure tardive, elle sortit, entraînant Miss Laetitia dans son sillage.
    Debout dans le jardin au crépuscule, Emily offrait son visage à la brise du soir. Une fragrance douce, délicate, de roses et de réséda flottait au-dessus de l’herbe sèche. Une étoile brillait déjà dans le ciel, bien qu’il fût encore bleu-gris et teinté de couleur à l’horizon.
    Elle pensait à Charlotte qui n’avait pas de jardin, pas de place pour les fleurs : elle éprouvait une vague culpabilité d’avoir été tant gâtée par la

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