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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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   Dites-le-moi.
    Elle se figea. Puis elle porta les mains à son cou, au volumineux crucifix qui l’ornait et qu’elle serra entre ses doigts, enfonçant ses ongles dans ses paumes.
    —    Le mal est à l’œuvre, Mr. Pitt. Il se passe des choses terribles ici, des choses effrayantes.
    Était-ce son imagination débridée, frisant l’hystérie? Que savait-elle au juste? Ou bien éprouvait-elle seulement de vagues craintes qui enfiévraient sa tête de linotte? Il regarda son visage, ses mains.
    —    Quelle sorte de mal, Mrs. Nash ? demanda-t-il avec calme.
    Que la cause fût réelle ou imaginaire, sa peur — il l’aurait juré — n’était pas feinte.
    —    Auriez-vous vu quelque chose?
    Elle fit un signe de croix.
    —    Oh, doux Jésus !
    —    Qu’avez-vous vu? persista-t-il.
    Était-ce Afton Nash, et elle le savait, mais comme il était son mari, elle ne se décidait pas à le trahir? Ou bien était-ce Fulbert, coupable de viol, d’inceste et de suicide, et elle le savait aussi?
    Se levant, il tendit la main vers elle, non pas pour la toucher, mais dans un geste de soutien.
    —    Qu’avez-vous vu? répéta-t-il.
    Elle se mit à trembler, d’abord la tête, animée de petites secousses de gauche à droite, puis les épaules, et finalement le corps tout entier. Et elle geignait légèrement, comme un enfant.
    —    Quelle sottise ! lâcha-t-elle furieusement entre ses dents. Mais quelle sottise ! Et maintenant, c’est devenu réalité, que Dieu nous protège !
    —    Qu’est-ce qui est devenu réalité, Mrs. Nash? questionna-t-il d’un ton pressant. Que savez-vous?
    —    Oh!
    Elle leva la tête et le contempla fixement.
    —    Rien ! Je dois divaguer. Jamais on n’en sortira vainqueurs. On est tous perdus, par notre faute. Allez-vous-en et laissez-nous tranquilles. Vous êtes quelqu’un d’honnête dans votre genre. Allez-vous-en. Priez, si vous le souhaitez, mais partez avant que ça ne vous gagne à votre tour. Et ne me dites pas que je ne vous aurai pas prévenu !
    —    Vous ne m’avez pas prévenu. J’ignore d’où vient le danger, fit-il, désemparé. Qu’est-ce que c’est? De quoi s’agit-il?
    —    Le mal !
    Son visage se ferma; elle avait le regard dur et sombre.
    —    L’abomination règne dans Paragon Walk. Fuyez-la alors qu’il est encore temps.
    Il ne voyait pas ce qu’il pouvait faire d’autre. Pendant qu’il cherchait quelque chose à dire, la bonne apporta le plateau de thé.
    Phoebe l’ignora.
    —    Je ne puis m’en aller, madame. Je dois rester jusqu’à ce que je trouve le coupable. Mais je ferai attention. Merci de votre sollicitude. Au revoir.
    Elle ne répondit pas et se contenta de fixer le plateau.
    Pauvre femme, pensa-t-il dehors, dans la canicule. Tout l’épisode, d’abord sa belle-sœur, et maintenant son beau-frère, avait été trop pour elle. Elle avait sombré dans l’hystérie. Et il ne fallait pas qu’elle compte sur la compassion d’Afton. Dommage qu’elle n’eût pas une occupation, des enfants pour lui accaparer l’esprit et l’empêcher de déraisonner. Il y avait des moments, surprenants et déconcertants, où il plaignait les riches autant que les traîne-misère. Certains d’entre eux étaient tout aussi pathétiques, prisonniers de la hiérarchie... enchaînés à leur fonction, ou à l’absence de celle-ci.
    Tard dans l’après-midi, Emily reçut la visite des demoiselles Horbury, bien plus tard en fait que la bienséance ne l’autorisait. Quand la bonne vint les annoncer, Emily ne cacha pas son irritation. Elle envisagea même de faire dire qu’elle n’était pas disponible, mais comme elles habitaient tout près et qu’elle les croisait régulièrement, mieux valait ne pas les froisser, malgré la singularité de leur conduite.
    Elles parurent dans un nuage de jaune, qui leur seyait très mal à l’une et à l’autre, bien que pour des raisons tout à fait différentes. A Miss Laetitia, il conférait un teint cireux : on eût dit qu’elle avait la jaunisse. Chez Miss Lucinda, il jurait avec ses cheveux filasse, lui donnant l’allure d’un petit oiseau belliqueux qui serait allé trop loin dans le processus de la mue. Ses petites mèches tressautaient quand elle fit irruption dans la pièce, les yeux rivés sur Emily.
    —    Bonjour, Emily, ma chère !
    Son ton, inhabituellement désinvolte, frisait la familiarité.
    —    Bonjour, Miss Horbury,

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