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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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dire ça?
    —    Non.
    Il ne voulait pas qu’elle le surprenne à la dévisager trop ouvertement; néanmoins, son sens du devoir et une fascination instinctive le contraignirent à ne pas la quitter des yeux. Elle l’attirait comme une lumière solitaire dans une pièce. Bon gré mal gré, il était impossible de s’en détacher.
    Elle leva les yeux. Son visage était lisse; son regard, clair et brillamment direct.
    —    Que vous dire d’autre ? Vous avez parlé à tout le monde. Vous connaissez assurément tout ce que nous savons de ses derniers jours ici. Si vous n’avez pas retrouvé sa trace en ville, ou bien il a fui sur le continent, ou bien il est mort. Aussi pénible que soit cette hypothèse, je ne puis m’y soustraire.
    Avant de sortir, il avait mis de l’ordre dans les questions qu’il entendait poser. A présent, elles lui semblaient beaucoup moins ordonnées, voire moins utiles. Il ne fallait pas non plus paraître impertinent. Elle pouvait facilement s’emporter et refuser de répondre ; or le silence ne lui apprendrait pas grandchose. Attention aussi à la flagornerie : elle avait l’habitude des compliments, et il la jugeait trop intelligente, trop cynique même, pour s’y laisser prendre. Il commença donc avec la plus grande prudence :
    —    S’il est mort, madame, il est fort probable qu’on l’a assassiné parce qu’il savait quelque chose que son meurtrier ne pouvait se permettre de le voir divulguer.
    —    C’est une conclusion évidente, acquiesça-t-elle.
    —    La seule chose à ce point monstrueuse que nous puissions envisager, c’est l’identité du violeur et de l’assassin de Fanny.
    Il fallait prendre garde à ne pas lui parler avec condescendance ni lui donner l’impression qu’il cherchait à l’influencer.
    Elle esquissa une moue ironiquement amère.
    —    Nous tenons tous à préserver notre vie privée, Mr. Pitt, mais pas au point d’aller jusqu’à tuer nos voisins. Faute de preuves, il serait grotesque de croire qu’il existe deux secrets aussi dangereux à Paragon Walk.
    —    Tout à fait.
    Elle poussa un soupir à peine audible.
    —    Ce qui revient à nous demander qui a violé la pauvre Fanny, dit-elle lentement. Évidemment, on s’est tous posé la question. C’eût été difficile d’y échapper.
    —    Certes, surtout lorsqu’on a été aussi proches qu’elle et vous.
    Ses yeux s’agrandirent.
    —    Bien sûr, poursuivit-il un peu trop précipitamment peut-être, si vous saviez quelque chose, vous nous l’auriez dit. Cela ne vous empêche pas toutefois d’avoir une opinion, pas un soupçon à proprement parler, mais, comme vous l’avez fait remarquer...
    Il l’observait de près pour juger jusqu’où il pouvait aller entre le discours clair et la suggestion.
    —    ... il est difficile de ne pas y penser.
    —    Vous voulez savoir si je suspecte l’un de mes voisins ?
    Son regard bleu était presque hypnotique. Il se sentait incapable de s’y arracher.
    —    Eh bien?
    Longtemps, elle garda le silence. Ses mains remuaient doucement, dénouant un nœud invisible.
    Il attendit.
    Finalement, elle leva les yeux.
    —    Oui. Mais comprenez-moi bien, ce n’est qu’un sentiment, un ensemble d’impressions.
    —    Bien entendu.
    Il ne voulait pas l’interrompre. A défaut d’apprendre quelque chose, il en saurait davantage sur elle.
    —    J’ai peine à croire que quelqu’un de normalement constitué, en pleine possession de ses facultés, puisse commettre un acte pareil.
    Elle semblait peser chaque mot, comme si le devoir seul la poussait à vaincre sa réticence.
    —    Je connais tout le monde ici depuis des années. J’ai tourné et retourné le problème dans ma tête, et je n’arrive pas à m’imaginer qu’un tel tempérament soit passé inaperçu.
    II éprouva une brusque déception. Voilà qu’elle allait lui servir quelque couplet invraisemblable sur les étrangers.
    Ses doigts rigides reposaient sur ses genoux, blancs sur le fond vert de sa robe.
    —    En effet, fit-il d’une voix atone.
    Elle se redressa. Le sang lui monta aux joues; elle inspira profondément et se reprit.
    —    J’entends par là, Mr. Pitt, qu’on agit de la sorte seulement sous l’empire d’un sentiment tout à fait anormal, ou alors en état d’ébriété. Quelqu’un qui a trop bu commet parfois des actes qui ne lui viendraient même pas à l’esprit en temps

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