Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
Vom Netzwerk:
d’amplitude, attira son attention, comme si quelque chose bougeait entre les balustres en bois.
    II leva la tête.
    C’était Hallam Cayley. Pendu par le cou, il se balançait très doucement au bout de la ceinture de sa robe de chambre, fixée à la rampe de la balustrade du premier étage.
    La surprise de Pitt ne dura qu’une fraction de seconde. Puis toute la situation lui apparut dans son effarante, tragique évidence.
    Il gravit lentement l’escalier. De plus près, il ne faisait pas l’ombre d’un doute que Hallam était mort. Il avait le visage marbré, mais sans cette teinte violacée que provoque la suffocation. Il avait dû se rompre le cou en sautant dans le vide. Il avait eu de la chance. Vu sa corpulence, il aurait pu facilement casser la corde et atterrir un étage plus bas, les os brisés, mais vivant.
    Incapable de le remonter seul, Pitt devait envoyer un domestique chercher Forbes, le médecin légiste, toute l’équipe. Il redescendit pesamment. Quelle triste et prévisible fin d’une histoire malheureuse ! Il n’en tirait nulle satisfaction, nul sentiment d’avoir résolu une affaire. Il repassa par la porte matelassée, dit simplement à la cuisinière et à la fille de salle que Mr. Cayley était mort et qu’elles devaient aller à côté et demander à l’un des serviteurs de faire venir la police, un médecin et le fourgon mortuaire.
    Il y eut moins d’affolement qu’il ne s’y attendait. Peut-être, après la découverte du corps de Fulbert, n’était-ce pas vraiment une surprise pour elles. Peut-être n’étaient-elles plus en état de s’émouvoir.
    Il remonta ensuite pour jeter un autre coup d’œil sur Hallam et voir s’il n’y avait pas une lettre d’explication ou d’aveux. Ce ne fut pas long : il la trouva dans la chambre, sur le bonheur-du-jour. A côté, il y avait encore l’encrier et le porte-plume. Elle était ouverte et ne portait aucune mention du destinataire :
    C’est moi qui ai agressé Fanny. J’avais quitté la soirée de Freddie pour aller dans le jardin, puis dans la rue. Là, tout à fait par hasard, je suis tombé sur Fanny.
    Cela avait commencé comme un flirt il y a quelques semaines. C’est elle qui l’entretenait. Je l’ai compris depuis : elle n ’était pas consciente de ce qu’elle faisait, mais, à ce moment-là, je n’étais pas apte à réfléchir.
    Je jure cependant que je ne l'ai pas tuée.
    Du moins, je l’aurais juré le lendemain. Car le lendemain, j’étais aussi abasourdi que les autres.
    Je n ’ai pas non plus touché Selena. Ça, je l’aurais juré. Je ne sais même plus ce que j’ai fait ce soir-là. J’ai passé mon temps à boire. Mais je n’ai jamais aimé Selena : même ivre, je ne l’aurais pas prise par force.
    J’ai pensé à tout ça jusqu’à en avoir le vertige. Je me suis réveillé en pleine nuit, glacé de terreur. Suis-je en train de perdre la raison ? Aurais-je poignardé Fanny sans même m’en rendre compte ?
    Je n ’ai pas vu Fulbert vivant le jour de son assassinat. Je n ’étais pas là quand il est venu chez moi, et à mon retour, le valet m’a dit qu’il l’avait fait monter. Je l’ai trouvé dans la chambre verte, mais il était déjà mort, couché sur le ventre avec la blessure dans le dos. Dieu m’est témoin, je ne me souviens pas avoir fait ça.
    Je l’ai caché, oui. J’étais terrorisé. Je ne l’ai pas tué, mais je savais qu’on allait m’accuser. Je l’ai fourré dans la cheminée. Le conduit est large, et je suis beaucoup plus grand que Fulbert. Bien que poids mort, il s’est révélé étonnamment léger quand je l’ai soulevé. Il n’a pas été commode de l’enfourner là-dedans, mais comme il y a des niches pour les ramoneurs, j’y suis enfin arrivé. Je l’ai enfoncé. Je croyais que si je fermais cette pièce, il pourrait y rester indéfiniment. Je n’avais pas songé au nettoyage de printemps, ni au fait que Mrs. Heath avait un passe-partout.
    Peut-être que je suis fou. Peut-être que je les ai tués tous les deux, mais les ténèbres ou le mal qui me brouillent le cerveau m’empêchent de le savoir. Il y a deux êtres en moi : l’un tourmenté, solitaire, plein de regrets, ne connaissant pas l’autre moitié et hanté par cet autre cauchemardesque Dieu... ou plutôt le diable sait quoi. Un sauvage, un dément, tuant sans discernement.
    La mort est la meilleure solution pour moi. La vie n’est rien que l’oubli dans la boisson des horreurs de

Weitere Kostenlose Bücher