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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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toujours su que c’était de l’inconscience, mais la curiosité l’avait emporté sur le sens du danger, faisant taire les avertissements de la raison. En regardant Alaric, elle chercha à tâtons la main d’Emily. Était-ce lui, le chef, le grand sorcier? Cela expliquait pourquoi Selena avait jugé crédible qu’il eût pu l’attaquer... ou pourquoi Jessamyn savait que ce n’était pas lui. Peut-être que le maître des cérémonies était une femme... Jessamyn elle-même? Les hypothèses les plus effarantes se bousculaient dans sa tête.
    Alaric venait vers elles, toujours souriant, mais avec un léger pli entre les sourcils.
    —    On ferait mieux de partir, dit-il avec douceur. C’est un lieu infiniment déplaisant et, pour ma part, je ne tiens pas à être surpris ici par l’un de ses habitués.
    —    S-ses habitués? bégaya-t-elle.
    Il eut un rire rauque.
    —    Bonté divine, vous me prenez pour l’un d’entre eux ! Vous me décevez, Charlotte.
    L’espace d’un instant insensé, elle se sentit rougir.
    —    Si ce n’est pas vous, qui est-ce? demanda-t-elle avec défi. Afton Nash?
    La prenant par le bras, il la conduisit à l’air libre, Emily sur leurs talons. Il tira la porte et s’engagea sur le sentier parmi les plantes aromatiques.
    —    Non, Afton est trop frigide pour ce genre de choses. Son hypocrisie à lui est bien plus subtile que ça.
    —    Qui alors?
    Persuadée que ce ne pouvait pas être George, elle ne craignait pas la réponse.
    —    Oh, Freddie Dilbridge, fit-il avec assurance. La pauvre Grâce ferme laborieusement les yeux, prétendant que ce sont là de simples excès charnels.
    —    Et qui d’autre?
    Charlotte marchait à côté de lui, laissant Emily derrière sur le sentier.
    —    Selena, certainement. Et Algernon, dirais-je. La pauvre petite Fanny, avant qu’elle ne meure... du moins, je le pense. Phoebe est au courant, bien sûr
    — elle n’est pas aussi naïve qu’elle en a l’air—, et Hallam l’était aussi. Fulbert savait également, d’après ce qu’il disait, même si on ne l’avait jamais invité à participer.
    Tout concordait.
    —    Et que font-ils ? interrogea-t-elle.
    Il esquissa une moue, triste et un peu méprisante.
    —    Pas grand-chose, ils jouent à se faire peur et s’imaginent qu’ils conjurent des démons.
    —    A votre avis, ce n’est pas... réel?
    Elle hésitait à poser cette question dans le jardin ensoleillé, sous la haie dont le feuillage bruissait au-dessus de leurs têtes. La chaleur devenait de plus en plus oppresante; le ciel s’était légèrement voilé. Les moucherons étaient partout.
    —    Non, ma chère, répondit-il, la regardant droit dans les yeux. Non, je ne le pense pas.
    —    Phoebe, si.
    —    Oui, je sais. Elle se figure qu’un jeu puéril et quelque peu pervers a soudain fait surgir de véritables esprits qui se déchaînent sur Paragon Walk, semant la folie et la mort venues du royaume des ténèbres.
    Son expression placide, désabusée, semblait reléguer ces phénomènes-là au chapitre de l’hystérie.
    Elle fronça les sourcils.
    —    La magie noire, ça n’existe donc pas?
    —    Ah, mais si.
    Il poussa la porte dans la haie et s’effaça pour les laisser passer.
    —    Bien sûr que ça existe. Mais pas ici.
    Ils réémergèrent dans l’atmosphère paisible et colorée de la garden-party. Personne ne les avait vus se détacher de la haie et longer le chemin herbacé. Miss Laetitia écoutait dûment Lady Tamworth pérorer sur les effets pernicieux d’une mésalliance, pendant que Selena échangeait des propos enflammés avec Grâce Dilbridge. Tout était calme : on eût dit qu’elles s’étaient absentées pour quelques instants seulement. Charlotte dut se secouer pour se rappeler ce qu’elle venait de voir. Freddie Dilbridge, debout nonchalamment avec un verre à la main, tout près des rosiers... vêtu d’une robe noire, une cagoule sur la tête, présidant à une cérémonie nocturne au centre du pentacle : il faisait mine d’évoquer les démons, célébrait peut-être une messe noire, dénudait la virginale Fanny pour marquer son corps d’une croix tordue. Comme il était difficile de deviner les pensées qui grouillaient derrière le masque ! Désormais, elle aurait le plus grand mal à être polie avec lui.
    —    Ne dis rien ! l’avertit Emily.
    —    Je n’en avais pas l’intention,

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