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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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après et, comme Emily n’avait
manifestement pas envie de poursuivre les visites, elles rentrèrent à la maison.
    — Quel homme étonnant, ce Fulbert Nash, observa
Charlotte tandis qu’elles gravissaient les marches. Qu’entendait-il donc par « sépulcres
blanchis » ?
    — Comment le saurais-je ? rétorqua Emily avec
humeur. Peut-être qu’il a mauvaise conscience.
    — Pourquoi ? À cause de Fanny ?
    — Aucune idée. C’est un individu détestable. Ils le
sont tous chez les Nash, sauf Diggory. Afton est proprement infect. Et, quand
on est horrible soi-même, on a tendance à penser que tout le monde l’est aussi.
    Mais Charlotte n’avait pas l’intention d’en rester là.
    — Crois-tu qu’il sait réellement des choses sur les
gens du quartier ? Miss Lucinda n’a-t-elle pas dit que les Nash habitent
ici depuis des générations ?
    — Ce n’est qu’une stupide vieille commère !
    Emily traversa le palier et pénétra dans son dressing. Elle
ôta la vieille robe de mousseline de Charlotte de son cintre.
    — Tu devrais avoir le bon sens de ne pas l’écouter.
    Charlotte entreprit la chasse aux épingles dans la soie
parme, les retirant une à une.
    — Mais si les Nash vivent là depuis des années, Mr. Nash
en sait peut-être beaucoup sur les uns et les autres. C’est ce qui arrive entre
voisins et, en général, les gens n’oublient pas.
    — Eh bien, il ne sait rien sur moi ! Parce qu’il n’y
a rien à savoir !
    Charlotte se tut enfin. La véritable peur n’était plus un
secret. Bien sûr que Mr. Nash ne savait rien sur Emily, mais qui irait
suspecter Emily de viol et de meurtre ? En revanche, que savait-il sur
George ? Car George avait passé ici tous les étés de sa vie.
    — Ce n’est pas à toi que je pense.
    Elle fit glisser la robe parme sur le parquet.
    — Évidemment.
    Emily la ramassa et lui tendit la robe de mousseline grise.
    — Tu penses à George ! Simplement parce que j’attends
un enfant et que George est un gentleman, qu’il n’a donc pas besoin de
travailler comme Thomas, tu t’imagines qu’il passe son temps à boire, à jouer
et à collectionner les conquêtes, qu’il a pu s’amouracher de Fanny Nash et
refuser de se laisser éconduire !
    — Je n’imagine rien de tel !
    Charlotte prit sa robe et l’enfila lentement. Elle était
plus confortable que l’autre, et elle put desserrer son corset d’un bon pouce, mais
le tissu avait l’air indiciblement terne.
    — J’ai juste l’impression que c’est ce que tu crains.
    Emily fit volte-face, la figure empourprée.
    — Balivernes ! Je connais George et j’ai confiance
en lui !
    Charlotte ne chercha pas à discuter ; l’angoisse était
trop présente dans la voix d’Emily, rongée par le poison violent, corrosif, de
la peur. Dans quelques semaines, quelques jours peut-être, celle-ci allait se
muer en incertitude, en doute, voire en suspicion pure et simple. Et George
avait bien commis une erreur à un moment ou à un autre, fait ou dit une sottise,
quelque chose qu’il aurait mieux valu oublier.
    — Mais bien sûr, dit-elle avec douceur. Espérons que Thomas
découvrira bientôt le coupable et que nous finirons par ne plus penser à cette
histoire. Merci de m’avoir prêté ta robe.

4
    Emily passa une soirée déplorable. George était à la maison,
mais elle ne savait pas quoi lui dire. Elle avait toutes sortes de questions à
lui poser ; cependant, c’eût été trahir ses doutes si ouvertement qu’elle
n’osa le faire. Et elle redoutait ses réponses, même s’il se montrait patient
avec elle et ne manifestait ni peine ni colère. S’il lui disait la vérité, y
aurait-il quelque chose qu’elle aurait souhaité de tout cœur ne pas savoir ?
    Elle ne s’illusionnait pas sur George : il était loin d’être
parfait. Elle avait accepté, dès l’instant où elle avait résolu de l’épouser, le
fait qu’il jouait et buvait quelquefois plus que de raison. Elle avait même
accepté qu’il flirte de temps en temps avec d’autres femmes ; normalement,
elle n’y voyait aucun mal : c’était un jeu auquel elle se livrait
elle-même, une sorte d’exercice, histoire de peaufiner sa technique pour ne pas
s’encroûter et se laisser réduire à l’état d’objet. C’était dur par moments, déroutant
même, mais elle s’était adaptée à son mode de vie avec beaucoup d’habileté.
    Hélas, dernièrement, elle n’était plus elle-même :

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