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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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un
rien l’affectait, et elle allait parfois jusqu’à fondre en larmes, à son
extrême consternation. Les pleurnicheries l’agaçaient, tout comme la manie de
certaines femmes de tomber en pâmoison… or, ce mois-ci, elle avait été sujette
aux deux.
    Elle s’excusa et alla se coucher de bonne heure, mais bien
qu’elle s’endormît sur-le-champ, elle se réveilla plusieurs fois dans la nuit
et, le matin, souffrit de nausées pendant plus d’une heure.
    Elle savait qu’elle avait été injuste avec Charlotte. Sa
sœur voulait connaître son environnement justement pour la protéger de ce qui
la tourmentait en ce moment même. D’un côté, Emily éprouvait une immense
tendresse envers elle, pour cette raison et pour cent autres ; mais par
ailleurs, une voix stridente lui criait sa haine pour Charlotte car, même dans
sa robe de mousseline grise, terne et démodée, elle paraissait à l’aise et sûre
d’elle, et aucune crainte sordide ne semblait la miner de l’intérieur. Elle
savait pertinemment que Thomas ne s’intéressait pas aux autres femmes. Jamais
le comportement de Charlotte en société ne le pousserait à se demander s’il
avait bien fait de contracter une mésalliance, ou si Charlotte était capable de
tenir son rang et de se montrer digne de lui. Et elle n’était pas dans l’obligation
de donner naissance à un fils pour assurer la pérennité du titre.
    Soit, Thomas était policier, et des plus bizarres par-dessus
le marché : un physique tout ce qu’il y avait de banal, mais incroyablement
débraillé. Toutefois, il aimait rire et, au fond d’elle-même, Emily le savait
plus intelligent que George. Suffisamment intelligent peut-être pour découvrir
qui avait tué Fanny Nash avant que les soupçons ne dévoilent toutes sortes d’anciennes
culpabilités et blessures, et afin qu’ils puissent garder les masques qu’ils s’étaient
choisis et que personne n’avait vraiment envie d’arracher.
    Incapable de supporter l’idée même du petit déjeuner, ce fut
seulement au déjeuner qu’elle vit tante Vespasia.
    — Vous avez une petite mine, Emily, dit Vespasia en
fronçant les sourcils. J’espère que vous vous nourrissez correctement. C’est
très important, dans votre état.
    — Oui, merci, tante Vespasia.
    De fait, elle avait faim à présent ; elle se servit
donc copieusement.
    — Hmph !
    S’emparant de la pince, Vespasia prit une portion deux fois
plus petite.
    — Alors vous vous faites du souci. Ne vous préoccupez
donc pas de Selena Montague.
    Emily leva vivement les yeux.
    — Selena ? Pourquoi me soucierais-je d’elle ?
    — Parce que c’est une femme oisive qui n’a ni mari ni
enfants pour lui occuper l’esprit, répondit Vespasia sans ménagement. Elle a
jeté son dévolu, jusque-là sans succès, sur le Français. Selena a horreur de l’échec.
C’était la préférée de son père, voyez-vous, et cela lui est resté.
    — En ce qui me concerne, elle a le champ libre
vis-à-vis de M. Alaric. Moi, il ne m’intéresse pas.
    Vespasia lui lança un regard perçant.
    — Sottises, ma fille, une femme en bonne santé s’intéresse
forcément aux hommes comme lui. Quand je le regarde, même moi, ça me rappelle
ma jeunesse. Et, croyez-moi, en ce temps-là j’étais belle. Je me serais
arrangée pour attirer son attention.
    Emily fut prise d’envie de rire.
    — Je n’en doute pas, tante Vespasia. Même maintenant, ça
ne m’étonnerait pas qu’il recherche votre compagnie !
    — Ne me flattez pas, mon enfant. J’ai beau être vieille,
je n’ai pas perdu l’esprit.
    Emily continuait à sourire.
    — Pourquoi ne m’avez-vous pas parlé de votre sœur plus
tôt ? questionna Vespasia.
    — Je l’ai fait. Le lendemain de votre arrivée. Plus
tard, je vous ai dit qu’elle était mariée à un policier.
    — Vous avez dit qu’elle n’était pas quelqu’un de
conventionnel, je vous l’accorde. Sa langue est un désastre, et elle se tient
comme si elle se prenait pour une duchesse. Mais vous n’avez pas précisé qu’elle
était aussi jolie.
    Emily se retint de pouffer. Il eût été tout à fait déloyal
de mentionner les épingles ou le corset.
    — C’est vrai, acquiesça-t-elle. Charlotte n’est jamais
passée inaperçue, pour le meilleur ou pour le pire. La plupart du temps, d’ailleurs,
elle dérange. Les gens sont plutôt attirés par la beauté classique, vous savez.
Qui plus est, elle n’est pas coquette pour un

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