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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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extrêmement vulgaire.
    Le visage de Selena se ferma : elle avait parfaitement
saisi l’allusion.
    — Quelle franchise ! dit-elle, les yeux écarquillés,
comme si elle venait de découvrir une bête vivante dans la salade. Êtes-vous
toujours aussi… spontanée dans vos déclarations, Mrs. Pitt ?
    — Hélas, oui. C’est mon plus grand handicap en société.
    Qu’elle trouve maintenant une réponse polie à cela !
    — Ma foi… ce ne doit pas être bien grave, lâcha Selena
négligemment. Votre sœur n’a même pas l’air de s’en apercevoir.
    — Je me suis aguerrie, rétorqua Emily avec un sourire
éblouissant. Après avoir subi catastrophe sur catastrophe, je ne l’amène
désormais que chez des amis en qui je peux avoir confiance.
    Et elle planta son regard dans les yeux bruns de Selena.
    Charlotte faillit s’étrangler en essayant de garder son
sérieux. Selena était battue, et elle le savait.
    — C’est très gentil à vous, marmonna-t-elle inutilement.
    Elle prit le plateau des mains de la bonne.
    — Un sorbet ?
    Un silence naturel s’ensuivit, tandis qu’elles plongeaient
leurs cuillères dans l’entremets exquisément frais. Charlotte voulait profiter
de l’occasion pour en apprendre plus sur ces gens-là, pour découvrir quelque
chose que Pitt, en sa qualité trop ostensible de policier, n’aurait peut-être
pas remarqué, mais les questions qui lui venaient à l’esprit étaient par trop
maladroites. D’ailleurs, elle n’avait pas encore décidé ce qu’elle désirait savoir
au juste. La coupe de sorbet à la main, elle fixait les roses sur le mur du
fond. Leur vue lui rappelait la maison de ses parents à Cater Street, sauf que
ces fleurs-là étaient plus belles, plus épanouies. Un décor pareil se prêtait
difficilement à un crime aussi odieux que le viol. L’escroquerie ou le
détournement de fonds, ça oui, ou le cambriolage, bien sûr. Mais quel homme
habitant une maison pareille irait violer quelqu’un ? Aussi excentriques
que fussent leurs goûts, voire même pervers – elle avait entendu parler de ces
choses-là –, les résidents de Paragon Walk avaient certainement les moyens de
les satisfaire. Et ils n’avaient que l’embarras du choix, entre les quartiers
pauvres surpeuplés et les maisons closes de luxe, sans parler d’enfants et même
de jeunes garçons.
    Sauf si, évidemment, une femme les tourmentait, les provoquait
et s’exhibait devant eux. Mais d’après tous les échos qu’elle en avait eus, Fanny
Nash avait été tout sauf coquette… elle était même plutôt du genre godiche. D’après
Thomas, Jessamyn, frisant la méchanceté, avait insisté sur ce point-là, et
Emily avait apporté de l’eau à son moulin.
    Elle y réfléchissait encore, essayant de se convaincre qu’il
s’agissait d’un cocher soûl de la réception des Dilbridge, rien à voir avec
Emily, quand elle fut tirée de ses pensées par des voix sur la pelouse. Se
retournant, elle aperçut deux dames âgées, pareillement vêtues de mousseline
turquoise et dentelles, bien que dans un style différent, en conformité avec
leurs silhouettes à l’opposé l’une de l’autre. L’une était grande, plate et
décharnée ; l’autre, petite et replète, avec un buste proéminent, des
mains et des pieds potelés.
    — Miss Lucinda Horbury, dit Selena pour présenter cette
dernière, et Miss Laetitia Horbury.
    Elle se tourna vers la grande.
    — Je doute que vous ayez déjà rencontré la sœur de Lady
Ashworth, Mrs. Pitt.
    On échangea les salutations avec une curiosité laborieusement
dissimulée ; d’autres sorbets furent apportés. Après le départ de la bonne,
Miss Lucinda s’adressa à Charlotte.
    — Chère Mrs. Pitt, comme c’est gentil à vous d’être
venue. Je suppose que vous êtes là pour réconforter la pauvre Emily après l’horreur
qu’on vient de vivre. N’est-ce pas terrifiant ?
    Charlotte répondit par des onomatopées polies, fouillant son
esprit à la recherche d’une question utile, mais Miss Lucinda n’avait guère
besoin qu’on lui donne la réplique.
    — On se demande où l’on va, poursuivit-elle avec véhémence.
De mon temps, ces choses-là n’arrivaient pas dans la bonne société. Quoique, ajouta-t-elle
avec un coup d’œil en direction de sa sœur, j’en aie connu aussi dont les mœurs
laissaient à désirer !
    — Ah oui ? fit Miss Laetitia, haussant ses
sourcils quasi inexistants. Moi, je ne m’en souviens pas,

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