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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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mais tu devais avoir
un cercle de fréquentations plus large que le mien.
    Le visage rond de Miss Lucinda se crispa, mais elle ignora
cette remarque et, haussant légèrement une épaule, regarda Charlotte.
    — J’imagine que vous êtes au courant, Mrs. Pitt ? Cette
pauvre chère Fanny Nash a été ignoblement agressée, puis poignardée à mort. Nous
en sommes toutes retournées. Les Nash habitent le quartier depuis des lustres, des
générations même, dirais-je ; c’est une excellente famille. Tenez, hier
encore, j’ai parlé à Mr. Afton, le frère aîné. Il est d’une dignité, ne
trouvez-vous pas ?
    Elle s’empourpra, regarda Selena, ensuite Emily et revint
vers Charlotte.
    — Un homme aussi tempérant, qui aurait cru que sa sœur
finirait de la sorte ? Certes, Mr. Diggory est beaucoup plus… plus libéral…
    Elle avait prononcé ce mot avec soin.
    — … dans ses goûts. Mais comme je le dis toujours, un
homme peut se permettre des choses, pas forcément agréables, qui seraient
impensables chez une femme… même la plus immorale.
    À nouveau, elle leva l’épaule et jeta un bref coup d’œil à
sa sœur.
    — D’après vous donc, Fanny aurait mérité de se faire
agresser ? demanda Charlotte sans détour.
    Elle sentit un mouvement de stupeur chez les autres, mais n’y
fit pas attention, les yeux rivés sur la figure rose de Miss Lucinda.
    Celle-ci renifla.
    — Franchement, Mrs. Pitt, ces choses-là arrivent
rarement aux femmes… chastes ! Elles évitent de se trouver dans ce genre
de situation. Je suis sûre que vous n’avez jamais été attaquée ! Pas plus
que l’une d’entre nous, d’ailleurs.
    — Ce n’est peut-être qu’une question de chance.
    Puis, pour ne pas mettre Emily dans l’embarras, Charlotte
ajouta :
    — S’il s’agit d’un fou, il aurait pu s’imaginer des tas
de choses entièrement fausses, n’est-ce pas, et totalement dépourvues de
fondement ?
    — Je ne fréquente pas les fous, déclara Miss Lucinda, farouche.
    Charlotte sourit.
    — Ni moi les violeurs, Miss Horbury. Ce ne sont que de
simples suppositions.
    Miss Laetitia lui adressa un sourire, si fugace qu’il
disparut presque aussitôt.
    Miss Lucinda renifla de plus belle.
    — Mais certainement, Mrs. Pitt. Vous n’avez pas cru, j’espère,
que je parlais par expérience ! Je vous assure, je ne faisais que compatir
à la douleur du pauvre Mr. Nash… vous pensez, une disgrâce pareille dans sa
famille !
    — Une disgrâce !
    Charlotte était trop en colère pour tenir sa langue.
    — Moi, j’appelle ça une tragédie, Miss Horbury, l’horreur
si vous préférez, mais sûrement pas une disgrâce.
    — Eh bien ! se rebiffa Miss Lucinda. Eh bien, franchement…
    — C’est Mr. Nash qui l’a dit ? persista Charlotte,
ignorant le coup de pied d’Emily. Est-ce lui qui a parlé de disgrâce ?
    — Honnêtement, je ne me souviens pas de ses paroles, mais
il était tout à fait conscient du caractère… scabreux de la situation !
    Elle frissonna et aspira bruyamment l’air par les narines.
    — Moi-même, je suis terrifiée rien que d’y penser. Si
vous habitiez ici, Mrs. Pitt, vous ressentiriez la même chose. Voyons, notre
bonne, la pauvre enfant, s’est évanouie ce matin quand le groom d’à côté lui a
adressé la parole. Ça nous fait trois de nos belles tasses en moins !
    — Vous pourriez peut-être la rassurer en lui disant que
l’individu en question a pris la poudre d’escampette ? suggéra Charlotte. Maintenant
que la police enquête et que tout le monde le recherche, je doute qu’il soit
resté dans le coin.
    — Ah, mais il ne faut pas mentir, Mrs. Pitt, même aux
domestiques, riposta Miss Lucinda, catégorique.
    — Je ne vois pas pourquoi, intervint Miss Laetitia, placide.
Si c’est pour leur bien.
    — J’ai toujours dit que tu n’avais aucun sens moral !
    Miss Lucinda foudroya sa sœur du regard.
    — Qui sait où est ce misérable aujourd’hui ? Pas
Mrs. Pitt, en tout cas. Il est visiblement animé de passions incontrôlables, d’appétits
anormaux qu’une honnête femme répugnerait à imaginer.
    Charlotte fut tentée d’observer que Miss Lucinda n’avait
rien fait d’autre depuis son arrivée, et seule la pensée d’Emily l’en empêcha.
    Selena frémit.
    — C’est peut-être un dépravé issu des bas-fonds, attiré
par les femmes de qualité, satins et dentelles, la propreté ? lança-t-elle
à la cantonade.
    — Ou

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