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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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différence d’une
soirée à l’autre. À vrai dire, je ne suis pas sûr qu’ils font réellement la
différence d’un individu à l’autre. Pour moi, ils ont tous sensiblement la même
allure.
    Il sourit lentement.
    — C’est bête, hein… je suppose que, pour eux aussi, nous
nous ressemblons tous.
    Charlotte garda le silence. C’était le seul vœu qu’elle eût
formulé, que George fût blanchi, vite et définitivement.
    — Je suis désolé.
    Il lui effleura la main, et elle referma ses doigts sur les
siens.
    — Vous avez fait de votre mieux. Avez-vous réussi à
mettre quelqu’un hors de cause ?
    — Pas vraiment. Tout le monde a un alibi, mais il nous
manque les preuves.
    — Ça se trouve sûrement !
    — On ne les a pas.
    Il leva les yeux, le regard troublé.
    — Afton et Fulbert Nash étaient chez eux, ensemble, mais
pas tout le temps…
    — Ce sont ses frères, fît-elle avec un frisson. Vous ne
les croyez tout de même pas dépravés à ce point-là ?
    — Non, mais ce ne doit pas être impossible. Diggory
Nash était allé jouer, mais ses amis répugnent à révéler qui était là
exactement, et à quel moment. Algernon Burnon évoque une question d’honneur qu’il
ne peut pas divulguer. À mon avis, il était avec une autre femme et, compte
tenu des circonstances, il n’ose pas l’avouer. Hallam Cayley était chez les
Dilbridge où il s’est disputé avec l’un des convives. Il est sorti faire un
tour pour se calmer. Là encore, il est peu probable qu’il ait quitté le jardin
et soit tombé sur Fanny, mais c’est du domaine du possible. Le Français, Paul
Alaric, affirme qu’il était chez lui, seul. C’est sans doute vrai, mais une
fois de plus, nous ne sommes pas en mesure de le prouver.
    — Et les domestiques ? Après tout, il y a plus de
chances que ce soit l’un d’eux.
    Elle devait garder son sens des proportions, ne pas laisser
les paroles de Fulbert fausser son jugement.
    — Ou les valets, les cochers de la réception ?
    Il sourit légèrement, devinant ses pensées.
    — On s’en occupe. Mais ils sont presque tous restés en
bande, à bavarder ou à fanfaronner, ou alors ils étaient à l’intérieur pour se
procurer à manger. Du reste, les domestiques ont trop à faire pour avoir des
trous dans leur emploi du temps.
    Il avait raison. Elle se souvint qu’à l’époque où elle
habitait Cater Street, valets et majordomes n’avaient guère le loisir d’aller
se promener le soir. On pouvait les sonner à tout moment pour ouvrir la porte, apporter
une carafe de porto sur un plateau ou accomplir mille autres tâches.
    — Mais il doit bien y avoir quelque chose ! protesta-t-elle.
Tout cela est tellement… nébuleux ! Personne n’est coupable, personne n’est
réellement innocent. Il y a bien des choses qu’on peut prouver, non ?
    — Pas encore, sauf pour les domestiques. La plupart ont
un alibi.
    Elle ne discuta pas davantage. Se levant, elle lui servit
son dîner, disposant les plats avec soin pour créer une impression de
raffinement et de fraîcheur. Cela n’avait rien à voir avec ce qu’elle avait
mangé chez Emily, mais ce repas-là lui avait coûté vingt fois moins cher, à l’exception
des fruits… une folie qu’elle s’était permise à titre d’exception.
     
    L’enterrement fut la cérémonie la plus lugubrement grandiose
à laquelle Charlotte eût jamais assisté. Le temps était couvert ; la
chaleur, suffocante. L’équipage d’Emily vint la quérir peu avant neuf heures du
matin et la conduisit directement à Paragon Walk. L’accueil fut rapide ; le
regard d’Emily s’illumina de soulagement à sa vue et à l’idée que l’éclat de l’autre
jour était déjà oublié.
    Le moment n’était pas aux rafraîchissements ni aux potins. Emily
l’entraîna en haut et exhiba une magnifique robe d’un bleu lavande profond, d’une
élégance princière, que Charlotte n’avait jamais vue à sa sœur. Cette robe-là
faisait très grande dame, image qui ne correspondait pas à l’Emily qu’elle
connaissait. Charlotte la leva et contempla le décolleté royal.
    — Oh ! soupira Emily en souriant faiblement. Elle
est à tante Vespasia. Mais je pense qu’elle t’ira à merveille : tu auras
une allure de reine.
    Son sourire s’élargit, puis elle se rappela la circonstance
et rougit de remords.
    — En un sens, tu ressembles beaucoup à tante Vespasia… ou
tu lui ressembleras, dans cinquante

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