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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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ans.
    Charlotte, se souvenant que Pitt avait dit la même chose, en
fut plutôt flattée.
    — Merci.
    Elle posa la robe et se tourna vers Emily pour déboutonner
la sienne de sorte à pouvoir se changer. Elle s’apprêtait déjà à piocher dans
les épingles ; aussi quelle ne fut pas sa stupeur quand elle découvrit que
ce n’était pas nécessaire. La robe lui allait presque comme si elle avait été
faite pour elle ; un pouce de plus à l’épaule n’eût pas été de trop, mais
autrement, tout était parfait. Elle s’examina dans la psyché. L’effet était spectaculaire
et franchement superbe.
    — Voyons ! s’exclama Emily impatiemment. Ce n’est
pas le moment de t’admirer. Il faudra mettre du noir par-dessus, sinon ce ne
sera pas décent. Je sais, le lavande est aussi couleur de deuil, mais tu as l’air
d’une duchesse qui se prépare à recevoir. Tiens, voilà le châle noir. Ne gigote
pas ! Il n’est absolument pas chaud et il assombrit l’ensemble. Les gants
noirs, bien sûr. Ah, je t’ai aussi trouvé un chapeau.
    Charlotte n’osa pas demander où elle l’avait « trouvé ».
Il valait peut-être mieux ne pas le savoir. De toute façon, on était bien
obligée de porter un chapeau à l’église, outre les exigences de la mode.
    Le chapeau s’avéra extravagant, à large bord, avec voile et
aigrette. Elle le percha sur sa tête en l’inclinant de manière coquine, et
Emily pouffa de rire.
    — Oh, c’est affreux ! S’il te plaît, Charlotte, surveille
tes paroles. J’ai les nerfs tellement à vif que tu me fais rire malgré moi. Je
m’efforce de mon mieux de ne pas penser à cette pauvre fille. Je m’occupe l’esprit,
même avec des bêtises, simplement pour oublier.
    Charlotte l’entoura d’un bras.
    — Je sais. Je sais que tu n’as pas un cœur de pierre. Il
nous arrive à tous parfois de rire alors qu’en vérité on a envie de pleurer. Dis-moi,
ai-je l’air ridicule avec ce chapeau ?
    Emily tendit les deux mains pour rectifier un peu l’angle.
    — Non, non, ça va très bien. Jessamyn sera furieuse, car
tout le monde te regardera et se demandera qui tu es. Baisse un peu le voile, comme
ça ils seront obligés de se rapprocher pour mieux voir. Là, c’est parfait !
Arrête de le triturer !
    Le cortège, tout en noir, était impressionnant : chevaux
noirs tirant un corbillard noir, cochers enrubannés de crêpe noir et panaches
noirs sur les harnais. Venait ensuite la famille proche, dans une calèche à
ressorts noire également, suivie du reste de l’assistance. Le tout avançait à
une allure majestueuse.
    Assise aux côtés d’Emily, de George et de tante Vespasia
dans leur voiture, Charlotte se demandait pourquoi les gens qui professaient
une foi absolue en la résurrection faisaient de la mort un tel mélodrame. On
aurait dit du mauvais théâtre. Cette question, elle se l’était souvent posée, sans
toutefois pouvoir en discuter avec quelqu’un de compétent. Autrefois, elle
avait espéré rencontrer un évêque, bien que maintenant cette perspective lui
parût peu probable. Un jour, elle en avait parlé à papa et avait reçu une
réponse très sèche qui la réduisit au silence, mais ne lui fournit aucune
explication… sinon que papa n’en avait pas non plus et trouvait le sujet
profondément scabreux.
    Elle descendit de voiture, prenant la main de George pour poser
gracieusement pied à terre sans que le chapeau noir glisse de manière plus
polissonne encore ; puis, côte à côte avec tante Vespasia, suivit Emily et
George à travers le portail et le long de l’allée vers l’entrée de l’église. À l’intérieur,
l’orgue jouait la marche funèbre, avec plus d’entrain que ne le voulait la bienséance
et quelques notes si fausses que même Charlotte grimaça en les entendant. Elle
se demanda si l’organiste était un professionnel ou bien un amateur
enthousiaste recruté au hasard.
    Le service lui-même fut extrêmement ennuyeux, mais, fort
heureusement, bref. L’officiant ne souhaitait peut-être pas évoquer les
circonstances de la mort, dans toute leur réalité matérielle, en un lieu aussi
immatériel. Elles s’accordaient mal avec les vitraux, la musique d’orgue et les
délicats reniflements dans les mouchoirs en dentelle. La mort était douleur et
maladie, terreur devant le pas ultime, long et aveugle. Et Fanny n’en avait
connu ni la résignation ni la dignité. Non pas que Charlotte ne crût pas en
Dieu ou en la

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