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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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dans un petit
salon, au fond. Une haute fenêtre donnait sur la pelouse.
    — Mr. Pitt !
    Légèrement essoufflée, elle semblait presque surprise.
    — Comme c’est gentil d’être venu ! Hobson, envoyez-nous
Nellie avec un plateau. Vous prendrez bien une tasse de thé ? Mais oui, bien
sûr. Je vous en prie, asseyez-vous.
    Le majordome disparut, et Pitt s’assit docilement, après l’avoir
remerciée.
    — La chaleur est toujours aussi épouvantable, fit-elle
en gesticulant. Je n’aime pas beaucoup l’hiver, mais en ce moment, j’en
viendrais presque à le regretter !
    — Il va bientôt pleuvoir, et le temps se rafraîchira
sûrement.
    Il ne savait pas comment la mettre à l’aise. Elle ne l’écoutait
pas vraiment et ne l’avait pas regardé une seule fois.
    — Ah, je l’espère de tout cœur.
    Elle s’assit et se releva aussitôt.
    — Tout cela est très éprouvant. Ne trouvez-vous pas ?
    — Vous désiriez me voir, Mrs. Nash ?
    Visiblement, elle n’allait pas en venir au fait d’elle-même.
    — Moi ? Eh bien…
    Elle toussota pour gagner quelques secondes supplémentaires.
    — Vous n’avez toujours pas retrouvé la trace du pauvre
Fulbert ?
    — Non, madame.
    — Oh, mon Dieu !
    — Vous savez quelque chose ?
    À l’évidence, il fallait lui tirer les vers du nez.
    — Oh non ! Bien sûr que non. Sinon je vous l’aurais
dit.
    — Mais vous m’avez fait venir pour me parler, observa-t-il.
    Elle s’agita.
    — Oui, oui, je le reconnais… seulement, ça ne concerne
pas le pauvre Fulbert, je le jure.
    — Alors de quoi s’agit-il, Mrs. Nash ?
    Il voulait bien employer la douceur, mais le temps pressait.
Si elle détenait des informations, il avait besoin de les connaître. Il
tâtonnait dans le noir, autant que le premier jour quand il avait vu le corps
de Fanny à la morgue.
    — Dites-le-moi.
    Elle se figea. Puis elle porta les mains à son cou, au volumineux
crucifix qui l’ornait et qu’elle serra entre ses doigts, enfonçant ses ongles
dans ses paumes.
    — Le mal est à l’œuvre, Mr. Pitt. Il se passe des
choses terribles ici, des choses effrayantes.
    Était-ce son imagination débridée, frisant l’hystérie ?
Que savait-elle au juste ? Ou bien éprouvait-elle seulement de vagues
craintes qui enfiévraient sa tête de linotte ? Il regarda son visage, ses
mains.
    — Quelle sorte de mal, Mrs. Nash ? demanda-t-il
avec calme.
    Que la cause fût réelle ou imaginaire, sa peur – il l’aurait
juré – n’était pas feinte.
    — Auriez-vous vu quelque chose ?
    Elle fit un signe de croix.
    — Oh, doux Jésus !
    — Qu’avez-vous vu ? persista-t-il.
    Était-ce Afton Nash, et elle le savait, mais comme il était
son mari, elle ne se décidait pas à le trahir ? Ou bien était-ce Fulbert, coupable
de viol, d’inceste et de suicide, et elle le savait aussi ?
    Se levant, il tendit la main vers elle, non pas pour la
toucher, mais dans un geste de soutien.
    — Qu’avez-vous vu ? répéta-t-il.
    Elle se mit à trembler, d’abord la tête, animée de petites secousses
de gauche à droite, puis les épaules, et finalement le corps tout entier. Et
elle geignait légèrement, comme un enfant.
    — Quelle sottise ! lâcha-t-elle furieusement entre
ses dents. Mais quelle sottise ! Et maintenant, c’est devenu réalité, que
Dieu nous protège !
    — Qu’est-ce qui est devenu réalité, Mrs. Nash ? questionna-t-il
d’un ton pressant. Que savez-vous ?
    — Oh !
    Elle leva la tête et le contempla fixement.
    — Rien ! Je dois divaguer. Jamais on n’en sortira
vainqueurs. On est tous perdus, par notre faute. Allez-vous-en et laissez-nous
tranquilles. Vous êtes quelqu’un d’honnête dans votre genre. Allez-vous-en. Priez,
si vous le souhaitez, mais partez avant que ça ne vous gagne à votre tour. Et
ne me dites pas que je ne vous aurai pas prévenu !
    — Vous ne m’avez pas prévenu. J’ignore d’où vient le danger,
fit-il, désemparé. Qu’est-ce que c’est ? De quoi s’agit-il ?
    — Le mal !
    Son visage se ferma ; elle avait le regard dur et
sombre.
    — L’abomination règne dans Paragon Walk. Fuyez-la alors
qu’il est encore temps.
    Il ne voyait pas ce qu’il pouvait faire d’autre. Pendant qu’il
cherchait quelque chose à dire, la bonne apporta le plateau de thé.
    Phœbe l’ignora.
    — Je ne puis m’en aller, madame. Je dois rester jusqu’à
ce que je trouve le coupable. Mais je ferai attention.

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