Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
Vom Netzwerk:
Nash, précisément, qui offrît un abri précaire à certaines d’entre
elles ! Un vieux remords, peut-être ? Ou bien simple pitié ?
    D’une manière ou d’une autre, ce fut avec embarras que Pitt
franchit la porte du petit salon de Jessamyn. Elle ne se doutait pas des
pensées qu’il avait entretenues, mais lui les connaissait, et cela suffisait à
le rendre inhabituellement gauche et timide. L’idée que Jessamyn n’était
probablement pas au courant des activités de Diggory ne le consolait guère.
    Lorsqu’elle parut, il fut à nouveau frappé par l’impact émotionnel
de sa beauté. C’était bien plus qu’une question de carnation ou de symétrie des
pommettes et du front. C’était dans la courbe de ses lèvres, l’éclat quasi
insoutenable de ses yeux bleus, son cou gracile. Pas étonnant qu’elle s’empare
de ce qu’elle désirait : tout lui était accordé d’avance. Et pas étonnant
que Selena n’accepte pas de capituler devant cette créature sublime. Il se
demanda fugitivement, avant qu’elle ne lui adresse la parole, comment Charlotte
aurait réagi face à une telle rivale, si par exemple elle aussi avait jeté son
dévolu sur le Français ? L’une ou l’autre aimaient-elles réellement Alaric,
ou représentait-il simplement un prix, l’enjeu symbolique de la victoire ?
    — Bonjour, inspecteur, dit Jessamyn tranquillement.
    Vêtue de soie vert pâle, elle avait l’air aussi fraîche et
ferme qu’une jonquille.
    — Je ne vois pas ce que je peux faire de plus, mais si
vous avez encore des questions, je tâcherai naturellement d’y répondre.
    — Merci, madame.
    Il attendit qu’elle se fût assise et prit place à son tour, comme
d’habitude, laissant ses basques retomber au petit bonheur.
    — Nous n’avons toujours pas, hélas, retrouvé la trace
de Mr. Fulbert.
    Le visage de Jessamyn se crispa imperceptiblement. Elle contempla
ses mains.
    — Je m’en doute, sinon vous nous auriez prévenus. Vous
n’êtes pas venu uniquement pour me dire ça ?
    — Non.
    Il ne voulait pas qu’elle le surprenne à la dévisager trop ouvertement ;
néanmoins, son sens du devoir et une fascination instinctive le contraignirent
à ne pas la quitter des yeux. Elle l’attirait comme une lumière solitaire dans
une pièce. Bon gré mal gré, il était impossible de s’en détacher.
    Elle leva les yeux. Son visage était lisse ; son regard,
clair et brillamment direct.
    — Que vous dire d’autre ? Vous avez parlé à tout
le monde. Vous connaissez assurément tout ce que nous savons de ses derniers
jours ici. Si vous n’avez pas retrouvé sa trace en ville, ou bien il a fui sur
le continent, ou bien il est mort. Aussi pénible que soit cette hypothèse, je
ne puis m’y soustraire.
    Avant de sortir, il avait mis de l’ordre dans les questions
qu’il entendait poser. À présent, elles lui semblaient beaucoup moins ordonnées,
voire moins utiles. Il ne fallait pas non plus paraître impertinent. Elle
pouvait facilement s’emporter et refuser de répondre ; or le silence ne
lui apprendrait pas grand-chose. Attention aussi à la flagornerie : elle
avait l’habitude des compliments, et il la jugeait trop intelligente, trop
cynique même, pour s’y laisser prendre. Il commença donc avec la plus grande prudence :
    — S’il est mort, madame, il est fort probable qu’on l’a
assassiné parce qu’il savait quelque chose que son meurtrier ne pouvait se
permettre de le voir divulguer.
    — C’est une conclusion évidente, acquiesça-t-elle.
    — La seule chose à ce point monstrueuse que nous
puissions envisager, c’est l’identité du violeur et de l’assassin de Fanny.
    Il fallait prendre garde à ne pas lui parler avec condescendance
ni lui donner l’impression qu’il cherchait à l’influencer.
    Elle esquissa une moue ironiquement amère.
    — Nous tenons tous à préserver notre vie privée, Mr. Pitt,
mais pas au point d’aller jusqu’à tuer nos voisins. Faute de preuves, il serait
grotesque de croire qu’il existe deux secrets aussi dangereux à Paragon Walk.
    — Tout à fait.
    Elle poussa un soupir à peine audible.
    — Ce qui revient à nous demander qui a violé la pauvre
Fanny, dit-elle lentement. Évidemment, on s’est tous posé la question. C’eût
été difficile d’y échapper.
    — Certes, surtout lorsqu’on a été aussi proches qu’elle
et vous.
    Ses yeux s’agrandirent.
    — Bien sûr, poursuivit-il un peu trop

Weitere Kostenlose Bücher