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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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Isaacs. À quelques pas d’eux, une coupe de
champagne à la main, Jessamyn observait Hallam Cayley qui en était à son
troisième ou quatrième punch depuis son arrivée. Son expression était
indéchiffrable. Pitié ou mépris, cela n’avait peut-être rien à voir avec Hallam.
Mais quand son regard se posa sur Selena, il pétillait purement, délicieusement,
de rire.
    Emily secoua la tête.
    — J’aimerais comprendre, dit-elle lentement. C’est
peut-être mesquin de ma part, mais à mon avis, ce n’est pas seulement une
question de courage. Je n’ai jamais vu Selena dans cet état-là. Ou alors, c’est
ma faute, je n’en sais rien. Ce n’est pas de la bravade ; elle est
contente d’elle. Je te le jure. Elle a jeté son dévolu sur M. Alaric, tu
es au courant ?
    Charlotte la considéra d’un œil noir.
    — Evidemment ! Crois-tu que je sois sourde et
aveugle, par-dessus le marché ?
    Emily ne releva pas la pique.
    — Promets-moi de ne pas en parler à Thomas, ou je ne te
dirai rien.
    Charlotte promit sur-le-champ. Elle ne pouvait vraiment pas
passer à côté d’un secret, quitte à en subir les conséquences par la suite.
    Emily esquissa une moue.
    — Le soir où c’est arrivé, j’étais la première sur les
lieux, comme tu le sais déjà…
    Charlotte hocha la tête.
    — Eh bien, je lui ai carrément demandé qui c’était. Et
sais-tu ce qu’elle m’a répondu ?
    — Bien sûr que non, voyons !
    — Elle m’a fait jurer de ne pas proférer d’accusations
contre lui, mais d’après elle, c’était Paul Alaric.
    Et, s’écartant, elle guetta la stupéfaction sur le visage de
Charlotte.
    La première réaction de Charlotte fut le dégoût, non pas envers
Selena, mais vis-à-vis d’Alaric. Puis elle rejeta cette idée, la chassa de sa
tête.
    — C’est ridicule ! Allons, pourquoi l’aurait-il agressée ?
Elle le poursuit avec tant d’assiduité qu’il lui suffirait de cesser de fuir
pour la cueillir !
    Elle se montrait délibérément cruelle.
    — Exactement, acquiesça Emily. Du coup, le mystère s’épaissit.
Et pourquoi Jessamyn ne s’en formalise-t-elle pas ? Si M. Alaric
était fou de Selena au point de se précipiter sur elle dans la rue, elle aurait
dû écumer de rage… non ? Mais pas du tout : elle en rit. Je le vois
dans ses yeux chaque fois qu’elle regarde Selena.
    — Elle n’est donc pas au courant, fit Charlotte, logique.
    Puis, après avoir réfléchi plus sérieusement :
    — Le viol n’a rien à voir avec l’amour, Emily. Ce n’est
que violence, possession. Un homme fort, capable d’aimer, ne forcera pas une
femme. Il prendra l’amour qu’on lui donne, sachant que celui qu’on exige n’a
pas de sens. L’essence de la force n’est pas de dominer les autres, mais de se
maîtriser soi-même. Aimer, c’est savoir donner, ainsi que recevoir : une
fois qu’on a connu l’amour, le besoin de conquérir apparaît comme une preuve de
faiblesse et d’égoïsme, la satisfaction éphémère d’un désir. Ce n’est plus
attrayant du tout, alors ; c’est simplement triste.
    Emily fronça les sourcils ; son regard s’était voilé.
    — Tu parles d’amour, Charlotte. Moi, je ne pensais qu’à
l’aspect physique. C’est tout à fait différent : l’amour n’a rien à voir
là-dedans. La haine, en revanche, si. Peut-être que Selena s’en est secrètement
réjouie. Coucher de son plein gré avec M. Alaric serait un péché. Même si
ses relations mondaines s’en moquaient, ses amis et sa famille réagiraient tout
autrement. Mais être la victime, voilà la bonne excuse, du moins à ses propres
yeux. Si ce n’était pas désagréable et qu’elle en a profité au lieu de se
révolter, alors elle a gagné sur les deux tableaux. Elle est innocente et, en
même temps, elle a pris son plaisir.
    Charlotte réfléchit un instant et décida que c’était
impossible, peut-être pas avec raison, mais parce qu’elle se refusait à y
croire.
    — Je doute que ce soit un plaisir. Et qu’est-ce qui
amuse tant Jessamyn ?
    — Je n’en sais rien, fit Emily, vaincue. Mais ce n’est
pas aussi simple que ça en a l’air.
    Elle s’éloigna pour rejoindre George qui essayait en vain de
rassurer Phœbe : extrêmement embarrassé, il lui marmonnait des paroles
apaisantes. Phœbe qui avait un nouveau dada – la religion – et qui ne se
séparait jamais de son crucifix. Ne sachant que lui dire, il fut infiniment
soulagé de passer

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