Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
Vom Netzwerk:
saison ailleurs. Ce sera très dur pour
moi, mais Paragon Walk a été souillée au-delà de tout entendement.
    Charlotte fut trop surprise pour répondre, et même Grace
Dilbridge se trouva momentanément à court de mots.
    — De l’impudence, répéta Miss Lucinda en toisant Selena
qui se dirigeait au bras d’Alaric vers les portes-fenêtres ouvertes.
    Alaric souriait, mais quelque chose dans l’inclinaison de sa
tête trahissait la courtoisie plutôt que l’intérêt. Il paraissait même vaguement
amusé.
    Miss Lucinda renifla.
    Charlotte retrouva enfin sa voix.
    — C’est une remarque très méchante, Miss Horbury, et
tout à fait injuste ! Mrs. Montague a été la victime et non l’auteur du
crime.
    — Quelle ineptie !
    C’était Afton Nash, pâle, les yeux luisants.
    — J’ai du mal à croire que vous soyez réellement aussi
naïve, Mrs. Pitt. Les charmes féminins exercent un attrait incontestable… sur
certains.
    Il la détailla des pieds à la tête avec un mépris qui parut
la dépouiller de son superbe satin et l’offrir nue à la curiosité et à la
dérision générales.
    — Mais si vous imaginez qu’ils puissent pousser un
homme à forcer une femme contre son gré, vous surestimez votre sexe.
    Il eut un sourire glacial.
    — Il y en a suffisamment qui ne demandent que ça, qui
trouvent même un plaisir pervers dans la violence et la soumission. Pas besoin
de risquer sa réputation en agressant une femme qui ne veut pas de vous, quoi
qu’elles en disent par la suite.
    — C’est parfaitement révoltant !
    Algernon Burnon, qui n’était pas loin, avait tout entendu. Il
s’avança, livide ; son corps fluet était secoué d’un tremblement.
    — Je vous prie de retirer ce que vous venez de dire et
de vous excuser !
    — Sinon… quoi ?
    Le sourire d’Afton ne vacilla pas.
    — Vous me sommerez de choisir entre l’épée et le
pistolet ? Ne soyez pas ridicule, mon vieux. Cuvez votre rancœur, si ça
vous chante. Croyez ce que vous voulez à propos des femmes, mais ne cherchez
pas à m’imposer votre point de vue.
    — Un honnête homme, fit Algernon avec raideur, ne parle
pas de cette façon des morts ni n’insulte le chagrin d’un autre. Et, quelles
que soient les faiblesses ou les tares cachées de quelqu’un, il ne s’en moque
pas en public !
    À la stupeur de Charlotte, Afton ne répondit pas. Le visage
exsangue, il fixa Algernon comme s’il n’y avait personne d’autre dans la pièce.
Les secondes passaient, et même Algernon parut effrayé par l’intensité figée de
cette haine. Puis Afton pivota sur ses talons et s’éloigna.
    Charlotte reprit lentement son souffle ; elle ne savait
même pas pourquoi elle avait peur. Elle ne comprenait pas ce qui était arrivé. Pas
plus qu’Algernon lui-même, apparemment. Clignant des yeux, il se tourna vers
elle.
    — Je suis navré, Mrs. Pitt. Nous avons dû vous mettre
mal à l’aise. Ces choses-là, on n’en discute pas devant les dames. Mais…
    Il inspira profondément.
    — … je vous suis reconnaissant d’avoir défendu Selena… en
mémoire de Fanny… vous…
    Charlotte sourit.
    — C’est normal. Quiconque prétend au titre d’ami aurait
réagi de la sorte.
    Ses traits se détendirent légèrement.
    — Merci, dit-il à voix basse.
    Quelques instants plus tard, Emily se matérialisa à ses
côtés.
    — Que se passe-t-il ? s’enquit-elle anxieusement. Cela
avait l’air affreux !
    — C’était désagréable, oui. Mais je ne sais pas
vraiment ce que ça signifiait.
    — Qu’as-tu encore fait ? siffla Emily.
    — J’ai exprimé mon admiration pour le courage de Selena,
rétorqua Charlotte, la regardant droit dans les yeux.
    Elle n’avait aucune intention de revenir en arrière et entendait
bien le faire comprendre à sa sœur.
    Emily plissa le front : sa colère s’était muée en
perplexité.
    — Oui, n’est-ce pas extraordinaire ? On la dirait
presque… exaltée ! Comme si elle avait remporté une victoire secrète à l’insu
de nous tous. Elle est même gentille avec Jessamyn. Et Jessamyn avec elle. C’est
absurde !
    — Moi non plus, je n’aime pas beaucoup Selena, reconnut
Charlotte. Mais son audace force mon admiration. Braver toutes ces vieilles
bigotes qui la jugent responsable de ce qui lui est arrivé ! Quelqu’un qui
a ce cran-là mérite mon estime.
    Emily contemplait Selena qui, à l’autre bout de la pièce, parlait
avec Albertine Dilbridge et Mr.

Weitere Kostenlose Bücher