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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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goujat ! C’est la fréquentation d’hommes
comme lui qui a dû inspirer ses idées à Mr. Darwin. S’il ne part pas, c’est moi
qui m’en irai.
    — Voulez-vous que je vous raccompagne ? proposa
Alaric instantanément. Car je doute que Mr. Cayley quitte la soirée.
    Elle le considéra avec répulsion, mais se força à décliner poliment
son offre.
    Prise de fou rire, Charlotte se cacha le visage dans les
mains.
    — Vous avez été atroce ! lui reprocha-t-elle, furieuse
contre elle-même.
    Elle savait que c’était un rire nerveux, engendré par l’anxiété
et la tension autant que par le burlesque de la situation, et elle en avait
honte.
    — Vous n’avez pas le monopole de l’outrecuidance, Charlotte,
répondit-il tout bas. Laissez-moi m’amuser un peu, moi aussi.
     
    Quelques jours plus tard, Charlotte reçut un billet d’Emily,
rédigé à la hâte et avec une certaine effervescence. À la suite d’une remarque
de Phœbe, Emily était convaincue maintenant qu’en dépit de sa curiosité drapée
de vertu, Miss Lucinda avait raison : il se passait quelque chose à
Paragon Walk. Elle-même avait trouvé un moyen plus pratique de lever le voile
sur le mystère, surtout s’il était lié à la mort de Fanny et à la disparition
de Fulbert. Le contraire, d’ailleurs, eût été surprenant.
    Naturellement, Charlotte s’arrangea aussitôt pour faire garder
Jemima et, à onze heures du matin, elle frappait à la porte d’Emily. Cette
dernière accourut presque en même temps que la bonne et propulsa Charlotte en
direction du petit salon.
    — Lucinda a raison, fit-elle d’un ton pressant. Elle
est horrible, bien sûr : tout ce qu’elle veut, c’est déterrer un scandale
pour aller crier sa propre supériorité sur les toits. Elle en ferait ses choux
gras pour le reste de la saison. Mais elle ne trouvera rien, parce qu’elle ne
cherche pas là où il faut.
    — Emily !
    Hantée par la pensée de Fulbert, Charlotte lui agrippa le
bras.
    — Pour l’amour du ciel, ne fais pas ça ! Songe à
ce qui est arrivé à Fulbert !
    — Nous ignorons ce qui est arrivé à Fulbert, répondit
Emily avec raison, se dégageant impatiemment. Mais j’aimerais bien le savoir… pas
toi ?
    Charlotte hésita.
    — Comment ?
    Flairant la victoire, Emily n’insista pas, mais opta pour
une flatterie justifiée.
    — Ton idée… j’ai compris que c’était la bonne. Thomas
ne pourra pas le faire. Il faudrait n’avoir l’air de rien…
    — Quoi ? Explique-toi, Emily, avant que j’explose !
    — Les domestiques !
    Rayonnante, Emily se pencha vers elle.
    — Les servantes remarquent tout, entre elles. Elles ne
se rendent pas forcément compte de la signification de tel ou tel détail, mais
nous, si !
    — Et Thomas… commença Charlotte, sachant pertinemment
qu’Emily avait raison.
    — Sottises ! Aucune servante n’acceptera de parler
à un policier.
    — Mais on ne peut pas aller interroger les domestiques
des autres !
    — Bonté divine, s’écria Emily, exaspérée, je n’ai pas l’intention
de mettre les pieds dans le plat ! J’inventerai un prétexte : une
recette que je convoite, ou alors une ou deux vieilles robes que je pourrais
porter à la femme de chambre de Jessamyn…
    — Tu n’y penses pas ! fit Charlotte, horrifiée. Jessamyn
doit lui donner ses propres habits usagés. Elle en a sûrement des dizaines. Tu
n’auras aucune explication plausible…
    — Bien sûr que si. Jessamyn ne donne pas ses vieux
habits. Elle ne donne jamais rien. Quand quelque chose lui a appartenu, elle le
garde ou elle le brûle. Elle ne laisse ses affaires à personne. Qui plus est, sa
femme de chambre est à peu près de ma taille. J’ai une robe de mousseline de l’année
dernière qui lui ira parfaitement. Elle pourra la mettre pendant ses après-midi
de congé. On ira un jour que Jessamyn sera sortie.
    Dubitative quant au projet lui-même, Charlotte craignait qu’il
ne leur cause de l’embarras, mais puisque Emily était résolue à y aller coûte
que coûte, la curiosité l’incita à venir aussi.
    Elle avait mal jugé Emily. Même si elles n’apprirent rien d’intéressant
chez Jessamyn, la femme de chambre fut enchantée du cadeau, et tout l’entretien
se déroula sous le signe d’une spontanéité amicale.
    Elles se rendirent ensuite chez Phœbe, au seul moment de la
journée où elle était absente, pour obtenir la composition d’un excellent
encaustique très

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