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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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giflé.
    Miss Lucinda s’empourpra. Elle ne l’estimait pas et donc ne
l’aimait pas, mais un compliment, cela ne se refusait pas.
    — C’était mon devoir, répliqua-t-elle avec retenue. Et
je ne rentrerai pas seule.
    Elle le fixa ostensiblement de son œil bleu pâle.
    — Je ne commettrais pas la sottise de sortir non accompagnée.
    Voyant Alaric hausser imperceptiblement ses sourcils fins, Charlotte
devina ce qu’il pensait. Elle réprima avec peine un accès de fou rire. L’idée
qu’un homme, surtout Paul Alaric, accoste par force Miss Lucinda était absurde.
    — Voilà qui est très sage, acquiesça-t-il, soutenant
son regard direct sans ciller. À vous trois, vous n’avez aucune crainte à avoir :
rien ni personne n’osera s’attaquer à vous.
    Une expression vaguement suspicieuse se peignit sur les
traits de Miss Lucinda à la pensée que peut-être il se moquait d’elle, mais
comme elle-même n’y voyait rien de drôle, elle décida que c’était de l’humour
étranger, indigne d’attention.
    — Ça, c’est certain, confirma Lady Tamworth avec véhémence.
On peut accomplir de grandes choses si l’on se serre les coudes. Et il y a tant
à faire, si l’on veut sauver la société.
    Elle regarda d’un œil torve Simeon Isaacs qui, l’air animé, se
penchait vers Albertine Dilbridge.
    — Pour réussir, il faut agir vite. Au moins, cet
abominable Mr. Darwin est mort : il n’est donc plus en état de nuire.
    — Une fois qu’une idée est rendue publique, Lady Tamworth,
peu importe si son auteur est vivant ou non, observa Alaric. Pas plus qu’une
graine n’a besoin du semeur pour germer.
    Elle le considéra avec aversion.
    — Evidemment, vous n’êtes pas anglais, monsieur Alaric.
Il est normal que vous ne compreniez pas les Anglais. Nous n’accordons pas foi
à de tels blasphèmes.
    Alaric feignit l’innocence.
    — Mr. Darwin n’était donc pas anglais ?
    Lady Tamworth haussa une épaule avec brusquerie.
    — Je ne sais rien de lui et je ne veux rien savoir. Les
gens comme il faut ne s’intéressent pas à ce genre d’individus.
    Alaric suivit sa ligne de mire.
    — Je suis sûr que Mr. Isaacs serait d’accord avec vous,
dit-il avec l’ombre d’un sourire.
    Charlotte dut faire mine d’éternuer pour se retenir de
pouffer.
    — Étant juif, poursuivit Alaric en évitant de la
regarder, il ne saurait approuver les théories révolutionnaires de Mr. Darwin.
    Hallam Cayley passait par là, la figure bouffie, un autre
verre à la main.
    — Sûrement pas, fit-il avec un coup d’œil hostile en
direction d’Alaric. Il croit, le pauvre crétin, que l’homme a été créé à l’image
de Dieu. Moi, je penche davantage pour le singe.
    — Vous n’allez pas me dire que Mr. Isaacs est chrétien ?
se rebiffa Lady Tamworth.
    — Il est juif, rétorqua Hallam distinctement, avec soin,
avant de boire une gorgée. La Création fait partie de l’Ancien Testament. Ne l’avez-vous
pas lu ?
    — J’appartiens à l’Église d’Angleterre, répliqua-t-elle
d’un ton guindé. Je ne lis pas les doctrines étrangères. Voilà ce qui ne va pas
de nos jours : il y a trop de nouveau sang étranger. Des noms dont je n’ai
jamais entendu parler quand j’étais jeune fille. Il n’y a plus de lignées. Dieu
seul sait d’où ils viennent, tous ces gens-là !
    — Ils ne sont pas franchement nouveaux, madame.
    Alaric se tenait si près de Charlotte qu’elle eut l’impression
de sentir la chaleur de son corps à travers l’épais satin de sa robe.
    — L’ascendance de Mr. Isaacs remonte à Abraham, qui
lui-même descend de Noé, et ainsi de suite jusqu’à Adam.
    — Et donc jusqu’à Dieu !
    Hallam vida son verre et le laissa tomber sur le parquet.
    — Impeccable !
    Il toisa Lady Tamworth d’un air triomphant.
    — À côté, on a tous l’air de bâtards tombés de la
dernière pluie.
    Il les gratifia d’un large sourire et les laissa.
    Lady Tamworth tremblait de rage. On entendait distinctement
ses dents s’entrechoquer. Charlotte eut pitié d’elle : son univers était
en train de changer, et elle ne s’y retrouvait plus ; elle n’y avait pas
sa place. Dangereuse et ridicule comme les dinosaures de Mr. Darwin, elle avait
fait son temps.
    — Je crois qu’il a trop bu, lui dit-elle. Il faut l’excuser.
Il ne cherchait pas à vous offenser.
    Mais Lady Tamworth refusa de mollir. Elle n’était pas prête
à passer l’éponge.
    — Quel

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