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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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d’un air incrédule.
    — Assieds-toi, ordonna Emily. Et fais-moi du thé. Je
meurs de soif. Miss Lucinda a vu une apparition ! Hier soir. Depuis, elle
est affalée sur une chaise longue au salon, complètement prostrée, et tout le
monde se bouscule autour d’elle pour en savoir plus. Elle est en train de se
constituer une cour. J’aurais adoré aller là-bas, mais il fallait que je te
raconte. N’est-ce pas grotesque ?
    Charlotte mit l’eau à chauffer ; le service à thé était
déjà prêt car elle avait l’intention de boire une tasse elle-même d’ici une
heure ou deux. Elle s’assit en face d’Emily et regarda son visage empourpré.
    — Une apparition ? Que veux-tu dire par là ? Le
fantôme de Fanny, c’est ça ? Elle est folle. Crois-tu qu’elle boive, hein ?
    — Miss Lucinda ? Bonté gracieuse, non ! Si tu
savais ce qu’elle pense des gens qui boivent !
    — Cela ne veut rien dire.
    — Eh bien, non. Et ce n’était pas un fantôme, mais
quelque chose de hideux, d’effrayant, qui la fixait par la fenêtre, la figure
collée à la vitre. D’après elle, c’était vert pâle, avec des yeux rouges et des
cornes au-dessus de la tête.
    — Oh, Emily !
    Charlotte éclata de rire.
    — Ce n’est pas possible. Ça n’existe pas !
    Emily se pencha en avant.
    — Ce n’est pas tout, fit-elle d’un ton pressant. Une
bonne a vu quelqu’un s’enfuir à grands bonds : il a carrément sauté
par-dessus la haie. Et le chien de Hallam Cayley a hurlé la moitié de la nuit !
    — C’était peut-être justement le chien de Hallam Cayley ?
Et il hurlait parce qu’il a été enfermé ou battu pour s’être sauvé.
    — Sottises ! C’est un tout petit chien, et il n’est
pas vert !
    — Elle aurait pu prendre ses oreilles pour des cornes.
    Charlotte ne désarmait pas. Soudain, elle eut un accès de
fou rire.
    — J’aurais adoré voir la tête de Miss Lucinda. Elle
devait être aussi verte que cette chose à la fenêtre.
    Emily s’esclaffa aussi. La vapeur qui sortait de la
bouilloire envahissait toute la cuisine, mais ni l’une ni l’autre n’y prêtèrent
attention.
    — Ce n’est vraiment pas drôle, dit Emily finalement en
essuyant ses larmes.
    Charlotte aperçut la bouilloire et se leva pour préparer le
thé. Elle reniflait, se frottant les joues avec un bout de son tablier.
    — Je sais, acquiesça-t-elle. Je suis désolée, mais c’est
tellement bête que je n’arrive pas à garder mon sérieux. J’imagine que la
pauvre Phœbe sera encore plus terrorisée maintenant.
    — On ne m’a rien dit, mais ça ne m’étonnerait pas qu’elle
s’alite également. Elle porte en permanence un crucifix de la taille d’une
petite cuillère. Je vois mal comment cela peut dissuader un homme qui vous
agresse dans le noir !
    — Pauvre femme !
    Charlotte posa la théière sur la table et se rassit.
    — Je me demande s’ils vont faire venir Thomas.
    — Pour une apparition ? Plutôt un pasteur, oui.
    — Un exorcisme ? s’exclama Charlotte, ravie. J’aurais
bien aimé voir ça. Tu le crois vraiment ?
    Haussant les sourcils, Emily pouffa de rire.
    — Comment se débarrasser autrement d’un monstre vert et
cornu ?
    — Un peu plus d’eau et un peu moins d’imagination, déclara
Charlotte sans aménité.
    Puis son visage se radoucit.
    — La pauvre ! Elle n’a pas grand-chose d’autre à
faire. Les seuls événements importants de sa vie sont ceux qu’elle échafaudé
dans ses rêves. Personne n’a réellement besoin d’elle. Au moins, ça va la
rendre célèbre pendant quelques jours.
    Emily versa le thé en silence. Le constat était pathétique, et
elle n’avait plus envie de rire.
     
    Fin août, les Dilbridge organisèrent un dîner auquel ils convièrent
George et Emily, avec le reste du voisinage. Étonnamment, l’invitation incluait
aussi Charlotte, si elle souhaitait se joindre à eux.
    C’était dix jours après la vision de Miss Lucinda, et la
curiosité de Charlotte était intacte. Elle ne se souciait même plus de son
apparence : puisque Emily lui avait transmis l’invitation, elle devait
avoir en tête une tenue convenable pour elle. Comme toujours, l’intérêt l’emporta
sur l’amour-propre, et elle accepta sans sourciller une autre robe de tante
Vespasia, largement retouchée par la femme de chambre d’Emily. Elle était en
satin gris perle bordé de dentelle, dont la majeure partie avait été remplacée
par de la

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