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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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mousseline pour lui donner une allure plus jeune. L’effet d’ensemble,
lorsqu’elle se tourna lentement devant la psyché, plut beaucoup à Charlotte. Et
quel bonheur que de se faire coiffer par quelqu’un d’autre ! Il était
extrêmement difficile de nouer élégamment ses propres cheveux sur sa nuque. Ses
mains semblaient toujours se tromper de direction.
    — C’est très bien, lança Emily d’un ton sec. Arrête de
t’admirer ! Tu deviens futile, et ça ne te va guère.
    Charlotte eut un large sourire.
    — Peut-être, mais c’est merveilleux !
    Elle souleva ses jupes dans un bruissement soyeux et suivit
Emily au rez-de-chaussée où George les attendait dans le couloir. Tante
Vespasia avait choisi de ne pas les accompagner, bien que, naturellement, elle
fût invitée aussi.
    Voilà longtemps que Charlotte n’était pas allée à une réception.
Dans le passé, elle n’aimait pas beaucoup ça, mais cette fois-ci, c’était
différent. Il n’était plus question d’escorter maman pour être exhibée devant
les candidats potentiels au mariage. Bien à l’abri de l’amour de Pitt, elle ne
se préoccupait pas de ce que la société allait penser d’elle et ne cherchait
pas spécialement à faire bonne impression. Elle pouvait s’y rendre tout en
restant elle-même ; il n’y avait pas d’effort à accomplir puisqu’elle y
allait essentiellement en spectatrice. Les drames de Paragon Walk ne l’affectaient
pas, du moment que la principale tragédie ne concernait pas Emily, et si Emily
avait envie de se mêler des farces mineures, c’était son problème.
    Le nombre de convives était relativement restreint, comparé
aux soirées habituelles chez les Dilbridge. Charlotte ne vit que deux ou trois
visages inconnus. Il y avait là Simeon Isaacs, avec Albertine Dilbridge, au
grand dam de Lady Tamworth. Les demoiselles Horbury s’étaient habillées en rose,
couleur qui s’avéra remarquablement flatteuse pour Miss Laetitia.
    Auréolée de gris argenté, Jessamyn Nash resplendissait. Elle
seule était capable d’insuffler la vie à cette teinte-là tout en préservant son
aspect fantomatique. L’espace d’un instant, Charlotte se surprit à l’envier.
    Soudain, elle aperçut Paul Alaric, debout à côté de Selena, la
tête légèrement penchée pour l’écouter, élégant et vaguement ironique.
    Relevant le menton, Charlotte se dirigea vers eux avec un
sourire éblouissant.
    — Mrs. Montague, fit-elle avec entrain, je suis ravie
de vous trouver en aussi bonne forme.
    Elle ne voulait pas insister trop lourdement, surtout devant
Alaric. Même si elle l’amusait, la rosserie ne devait pas lui plaire beaucoup.
    Selena parut surprise. Visiblement, elle s’était attendue à
autre chose.
    — Ma santé est excellente, je vous remercie, répondit-elle,
les sourcils arqués.
    Pendant qu’elles échangeaient des banalités polies, Charlotte,
en la regardant de plus près, constata que les apparences ne l’avaient pas
trompée. Selena semblait se porter comme un charme. Elle n’avait rien d’une
femme qui aurait récemment subi une agression et l’outrage d’un viol. Ses yeux
brillaient ; le rose de ses joues était si intense et en même temps si
délicat que – Charlotte en était convaincue – il ne devait rien à l’artifice. Ses
gestes étaient un peu rapides et saccadés ; son regard faisait le tour de
la salle. Si c’était là une preuve de courage, un défi au consensus tacite
selon lequel une femme outragée avait mérité son sort et devait s’en souvenir
sa vie entière, alors, malgré toute son antipathie, Charlotte ne pouvait que l’admirer.
    Elle ne fit plus allusion à l’incident, et la conversation
roula sur d’autres sujets, les bagatelles, les dernières nouveautés de la mode.
Finalement, elle s’éloigna, laissant Selena seule avec Alaric.
    — Elle a une mine splendide, ne trouvez-vous pas ?
fit Grace Dilbridge en secouant la tête. Je me demande comment elle peut
supporter ça, la pauvre.
    — Je pense qu’il faut avoir beaucoup de courage, répliqua
Charlotte.
    Il ne lui était pas facile de complimenter Selena, mais elle
le fit par honnêteté.
    — On ne peut que l’admirer pour ça.
    — L’admirer !
    Rouge de colère, Miss Lucinda pivota sur elle-même.
    — Admirez qui vous voulez, Mrs. Pitt, mais moi, j’appelle
cela de l’impudence. Elle déshonore les femmes dans leur ensemble. Franchement,
je crois que j’irai passer la prochaine

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