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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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lieu.
    — Mais cela ne me dit pas pourquoi je dois le craindre.
    Mon frère était lancé :
    — Une maison d’édition italienne publie un livre scandaleux sur la corruption du Vatican ? Glauser-Röist repère rapidement les cardinaux qui ont trahi la loi du silence, leur ferme la bouche par on ne sait quelles pressions, et obtient que la presse, après le scandale initial, oublie complètement l’affaire. Qui, à ton avis, élabore les fiches de renseignements sur les membres de la Curie, avec les détails les plus scabreux de leur vie privée, pour qu’ensuite ils n’aient pas d’autre choix que de transiger en silence ? Qui, à ton avis, est entré le premier dans l’appartement du garde suisse Aloïs Estermann le soir où ce dernier, son épouse et le caporal Cédric Tornau moururent assassinés ? Ton cher capitaine. Il s’est débrouillé pour effacer toutes les preuves de ce qui s’est réellement passé et a monté de toutes pièces la version officielle sur l’acte de folie du caporal, que l’Église parvint à faire passer, à force de rumeurs propagées savamment dans la presse, pour un drogué et un déséquilibré. Le capitaine est le seul à savoir vraiment ce qui s’est passé cette nuit-là. Un prélat du Vatican organise une petite fête un peu olé olé et un journaliste s’apprête à en parler, photos scandaleuses à l’appui ? Qu’à cela ne tienne. L’article ne paraîtra jamais et le journaliste se taira à vie après avoir reçu la visite de Glauser-Röist. C’est simple, non ? À cet instant même, un prélat important de l’Église, l’archevêque de Naples, fait l’objet d’une enquête, les services financiers de la police du Basilicate l’accusent d’usure, d’association de malfaiteurs et d’appropriation indue de biens. Je te parie ce que tu veux qu’il recevra l’absolution. D’après ce que je sais, ton ami a déjà commencé à s’occuper de cette affaire.
    Une pensée sinistre surgit dans mon esprit, une pensée qui ne me plaisait pas du tout et me causa une grande frayeur.
    — Et toi, Pierantonio, qu’as-tu à cacher ? Tu ne parlerais pas ainsi du capitaine si tu n’avais pas eu directement affaire à lui.
    — Moi… ?
    Il parut surpris. Soudain toute sa colère avait disparu et il était l’image vivante de l’agneau pascal. Mais, moi, il ne pouvait pas me tromper.
    — Oui, toi. Et n’essaie pas de me faire croire que tu es au courant de tout cela parce que l’Église est une grande famille où l’on ne se cache rien.
    — Mais c’est vrai, pourtant ! Quand tu occupes certains postes, tu partages souvent l’information.
    — Peut-être, murmurai-je, mais il y a autre chose. Tu as eu des démêlés avec Glauser-Röist et tu vas me les raconter tout de suite.
    Mon frère lâcha un grand éclat de rire. Un rayon de soleil qui passait entre deux nuages éclaira son visage.
    — Et pourquoi devrais-je te raconter quoi que ce soit, petite Ottavia ? Qu’est-ce qui pourrait me pousser à te confesser des péchés qui ne peuvent se révéler, et encore moins à une jeune sœur ?
    Je le regardai froidement avec un rictus.
    — Parce que, si tu ne le fais pas, j’irai voir le capitaine, je lui répéterai tout ce que tu m’as dit, et je lui demanderai de m’expliquer, lui.
    — Tu ne feras jamais une chose pareille, dit-il d’un ton très hautain. (Vraiment, cet habit de moine franciscain ne lui allait pas du tout.) Et puis, cet homme ne parlera jamais de ce genre d’affaires.
    — Ah non ?
    Il bluffait mais je pouvais être meilleure que lui à ce jeu.
    — Capitaine ! Capitaine !
    Glauser-Röist et Farag se retournèrent vers moi.
    — Capitaine, vous pouvez venir une minute ?
    Pierantonio était devenu livide.
    — Je te le raconterai, marmonna-t-il en voyant Kaspar s’approcher de nous. C’est promis, mais dis-lui de partir.
    — Oh ! excusez-moi, je me suis trompée. Continuez, lui dis-je avec un geste de la main.
    Le Roc s’arrêta et m’observa quelques instants avant de faire demi-tour pour rejoindre les autres. Un étrange groupe de femmes, habillées de noir des pieds à la tête, nous bouscula légèrement et nous dépassa. Elles étaient couvertes d’un long châle et portaient sur la tête un minuscule chapeau rond tenu par un foulard attaché autour de la tête. J’en conclus qu’il devait s’agir de religieuses orthodoxes, sans pouvoir deviner à quelle Église elles appartenaient.

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