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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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colimaçon.
    — S’il ne reste rien du temple, comment savez-vous tout cela ? demanda le capitaine d’une voix soupçonneuse.
    Je lui sus gré de remettre ainsi en cause les connaissances de Doria. À cet instant, une photocopie en noir et blanc d’un dessin représentant une reconstruction virtuelle du temple me parvint entre les mains.
    — Mais enfin, capitaine, lui répondit Doria avec un air malicieux, vous ne voulez tout de même pas que je vous livre toutes mes sources ?
    — Si.
    — Bien. Sachez donc qu’il existe encore dans le monde deux églises construites sur le même modèle, Saint-Marc à Venise et Saint-Front à Périgueux. Nous disposons aussi des descriptions faites par Eusèbe, Philostorge, Procope et Theodoros Anagnostes. Ainsi que d’un long poème du X e siècle intitulé Description de l’édifice des Apôtres , composé par un certain Constantin de Rhodes en honneur de l’empereur Constantin VII.
    — D’ailleurs, dis-je en la coupant, cet empereur écrivit un magnifique traité sur les règles de la courtoisie que toutes les cours européennes adoptèrent à la fin du Moyen Âge. Tu l’as lu, Doria ?
    — Non, dit-elle d’une voix mielleuse. Je n’en ai pas eu l’occasion.
    — Fais-le quand tu pourras. C’est vraiment très intéressant.
    Comme je le supposais, ses connaissances sur Byzance se résumaient à l’architecture. Sa culture n’était pas aussi développée qu’elle voulait le laisser entendre.
    — Bien sûr, Ottavia, répondit-elle. Mais, pour en revenir à ce qui nous intéresse… (Elle m’ignora complètement à partir de cet instant.) Je dois dire, capitaine, que je dispose d’autres sources encore, mais la liste serait fastidieuse, je le crains. Si vous le souhaitez, je serais enchantée de vous donner mes notes.
    Le capitaine repoussa l’offre d’une brusque monosyllabe et s’enfonça dans son fauteuil.
    — Quelle est l’adresse, Doria ? demanda Farag en souriant et en se penchant en avant, les mains croisées, comme un écolier sage.
    — Vous voulez mon adresse ? dit l’idiote avec un petit sourire, sans le quitter des yeux.
    Farag rit de bon cœur.
    — Non, je ne me permettrais pas. Celle de l’ Apostoleion.
    — Bien sûr.
    J’eus envie de me lever et de la tuer, mais je sus me retenir.
    — D’après ce que nous savons, Constantin le Grand fit édifier son mausolée sur la plus haute colline de la ville. On érigea la première église des Saints-Apôtres autour de cette construction. Par la suite, au fil des siècles, le temple fut agrandi jusqu’à atteindre les mêmes dimensions que Sainte-Sophie, et à partir de là commence sa décadence. Mehmet II ne laissa aucun vestige quand il édifia sa mosquée.
    — Elle se visite ? demanda Glauser-Röist.
    — Naturellement, répondit le patriarche. Mais vous ne devez pas déranger les fidèles, car vous seriez expulsés sur-le-champ.
    — Les femmes sont-elles autorisées à entrer ? demandai-je avec curiosité, peu versée dans les rites musulmans.
    — Oui, me répondit rapidement Doria. Mais seulement dans certains endroits autorisés. Je t’accompagnerai, Ottavia.
    Je jetai un coup d’œil au capitaine, qui haussa les épaules comme pour dire que nous ne pourrions pas l’éviter. Si elle voulait venir, elle viendrait.
    Le second dessin arriva alors entre mes mains, et je vis une superbe reproduction de miniature byzantine. L’on distinguait parfaitement les couleurs des coupoles et des murs rouges et dorés, tels qu’ils avaient dû l’être au temps de leur splendeur. À l’intérieur de l’église, dominant les colonnes et les murs, Marie et les douze apôtres contemplaient l’ascension de Jésus au Ciel. Je ne pus retenir une exclamation d’admiration.
    — Quelle ravissante miniature !
    — Tu peux la garder, dit Doria. Elle provient d’un manuscrit de 1162 qui se trouve à la Bibliothèque vaticane.
    Il était inutile de lui répondre. Si elle croyait que j’allais me sentir coupable des rapines historiques de l’Église catholique, elle était mal tombée.
    — Récapitulons, dit Glauser-Röist en ajustant son élégant veston. Nous avons une ville connue dans l’Antiquité pour ses richesses et sa splendeur, recelant d’innombrables trésors. C’est là que nous devons nous purifier du péché d’avarice, et ce, dans une église consacrée aux Apôtres qui n’existe plus. C’est bien ça ?
    — Exactement, Kaspar, approuva Farag

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