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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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cet homme aussi savait rire.
    — Bien, si tu es en état de le faire, lis-nous tes notes, Farag.
    — Un instant, dit-il en me regardant affectueusement.
    Il sortit un carnet d’une des énormes poches de sa veste, toussa, repoussa des mèches de cheveux de son front, remonta ses lunettes sur son nez, prit une inspiration, trouva ce qu’il cherchait et commença à lire :
    — « Tenez pour une joie suprême, mes frères, d’être en butte à toutes sortes d’épreuves. Vous le savez, bien éprouvée votre foi produit de la constance ; mais que la constance s’accompagne d’une œuvre parfaite, afin que vous soyez parfaits, irréprochables, ne laissant rien à désirer. Si l’un de vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, Il donne à tous généreusement sans récriminer – et elle lui sera donnée. Mais qu’il demande avec foi, sans hésitation. Car celui qui hésite ressemble au flot de la mer que le vent soulève et agite, qu’il ne s’imagine pas, un tel homme, recevoir quoi que ce soit du Seigneur, homme à l’âme partagée, inconstant dans toutes ses voies. »
    — Ce n’est pas tout à fait ma traduction, protestai-je.
    — C’est la mienne, en fait. Comme c’est moi qui prenais les notes…, indiqua-t-il d’un ton satisfait. « Que le frère d’humble condition se glorifie de son exaltation et le riche de son humiliation. Heureux homme celui qui supporte l’épreuve. Sa valeur une fois reconnue, il recevra la couronne. » Il y a ensuite la phrase sur Rome, qui, comme l’a dit le capitaine, est la piste qui indique la ville de la première épreuve du Purgatoire, et une autre sur le temple de Marie.
    — Qui est bellement orné, dis-je. Il s’agit donc d’une très belle église consacrée à la Vierge. C’est la seule clé dont nous disposions pour localiser l’endroit, et une clé assez pauvre. À mon avis, la solution n’est pas la phrase, mais se trouve dans la phrase.
    — À Rome, toutes les églises consacrées à Marie sont belles, n’est-ce pas ?
    — Seulement celles-là, professeur ? dit le capitaine d’un ton ironique. Voyons, à Rome toutes les églises sont belles.
    Sans m’en apercevoir, et sans motif apparent, je m’étais mise debout, la main droite levée. Mon esprit vagabondait sur le texte de l’épître.
    — Que disait exactement le texte grec, Farag ? Tu l’as recopié ?
    Il me regarda, les sourcils froncés, remarquant ma main qui semblait mystérieusement suspendue à un câble invisible.
    — Tu as une crampe au bras ?
    — Tu as copié le texte, Farag ? L’original, tu l’as ?
    — Non, Ottavia, mais je m’en souviens de manière approximative.
    — Cela ne me sert à rien ! m’exclamai-je en baissant la main vers la poche de ma blouse blanche que je continuais à porter par habitude – elle était si liée à mon travail. Je dois savoir la façon précise dont étaient écrits les mots « admirablement ornée ». Était-ce kal ó s kek ó smetai ?
    — Voyons… Laisse-moi réfléchir. Oui, j’en suis sûr, c’était : « Le temple de la très sainte est bellement orné. » Panagias, la toute sainte ou très sainte, est la dénomination grecque utilisée pour désigner la Vierge.
    — Naturellement ! proclamai-je, enthousiaste. Kek ó smetai  ! Sainte-Marie in Cosmedin !
    Le capitaine me regardait d’un air abasourdi. Farag sourit.
    — C’est incroyable, il existe un temple à Rome qui porte un nom grec ? Sainte-Marie la Belle… Je croyais que tout était en italien ou en latin.
    — Incroyable, c’est peu dire, murmurai-je en marchant de long en large. Parce qu’il se trouve que c’est une de mes églises préférées. Je n’y vais pas aussi souvent que je le voudrais, mais c’est le seul endroit dans tout Rome où l’on célèbre les offices religieux en grec.
    — Je ne crois pas y être jamais allé, dit le Roc.
    — Vous n’avez jamais mis votre main dans la « Bouche de la Vérité », capitaine ? lui demandai-je. Vous savez, cette horrible effigie qui, selon la légende, mord les doigts des menteurs.
    — Ah ! oui, bien sûr. C’est vraiment un lieu à visiter.
    — Cette bouche est incluse dans le porche de Sainte-Marie in Cosmedin. Des touristes venus de partout dans le monde arrivent en autocar, font la queue, se placent devant la statue, glissent leur main dans sa bouche, prennent la photo de rigueur, et repartent sans entrer dans l’église. Personne ne la

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