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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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jais et l’argent. Le trésor de
ton père. Kjartan ne l’a jamais découvert, mais nous si. Nous en avons dépensé
un peu, mais cela t’appartient.
    Je lui tendis la bourse, faisant aussitôt de moi un pauvre
hère.
    Ragnar la repoussa sans hésiter, me rendant de nouveau
riche.
    — Mon père t’aimait lui aussi. Et j’ai bien assez de
trésors.
    Nous bûmes et mangeâmes, puis nous nous endormîmes. À
l’aube, alors qu’un léger brouillard nimbait les roseaux, la Vipère s’en
fut. Les derniers mots de Ragnar furent une question :
    — Crois-tu que Thyra soit encore vivante ?
    — Elle a survécu, répondis-je. Je pense donc qu’elle
l’est encore.
    Nous nous étreignîmes, il partit et je me retrouvai seul.
    Je pleurai Brida. J’avais de la peine. J’étais trop jeune
pour savoir encore comment supporter qu’on m’abandonne. Durant la nuit, j’avais
tenté de la convaincre de rester, mais elle avait la tête aussi dure que
l’acier d’Ealdwulf, et elle était partie dans la brume avec Ragnar. À cet
instant, je détestai les trois Nornes, car elles jouaient des tours cruels avec
leurs fils fragiles. Puis je rentrai.
     
    Les tempêtes d’automne s’abattirent sur la côte, et la
flotte d’Alfred fut tirée à sec pour l’hiver. Leofric et moi partîmes à cheval
à Wintanceaster.
    — Alors, que vas-tu faire, bout de cul ? me
demanda Leofric. Renouveler ton serment à Alfred ?
    — Je ne sais.
    — Je ne sais, répéta-t-il, sarcastique. Tu ne sais plus
décider depuis que tu as perdu la fille ?
    — Je pourrais retourner auprès des Danes.
    — Comme cela, je pourrais te tuer, dit-il, jovial.
    — Ou rester avec Alfred.
    — Pourquoi pas ?
    — Parce que je ne l’aime point.
    — Tu n’as pas à l’aimer. Il est ton roi.
    — Il ne l’est point. Je suis northumbrien.
    — Alors c’est ce que tu es, bout de cul, un ealdorman
northumbrien, hein ?
    J’opinai, pris un peu d’ale, rompis le pain et lui en donnai
la moitié.
    — Je désire retourner en Northumbrie. Il y a là-bas un
homme que je dois tuer.
    — Ce que je sais des dettes de sang, dit Leofric, c’est
qu’elles durent le temps d’une vie. Tu auras des années pour accomplir ta
vengeance, mais seulement si tu vis.
    — Je vivrai, répliquai-je, fâché.
    — Pas si les Danes prennent le Wessex. Ou bien tu
vivras, oui, bout de cul, mais sous leur loi, leur domination et celle de leurs
épées. Si tu veux vivre en homme libre, reste ici et bats-toi pour le Wessex.
    — Pour Alfred ?
    Leofric se radossa, s’étira et rota, puis il but une longue
goulée.
    — Je ne l’aime point non plus, avoua-t-il, et je
n’aimais pas ses frères, pas plus que son père lorsqu’il était roi, mais Alfred
est différent.
    — Comment cela ?
    Il frappa son front couturé de cicatrices.
    — Ce maraud réfléchit, bout de cul, bien plus que toi
et moi ne le pourrons jamais. Ne le sous-estime pas. Il est capable de se
montrer impitoyable.
    — Il est roi, dis-je. C’est son devoir de l’être.
    — Impitoyable, généreux, pieux, ennuyeux : voilà
ce qu’il est, dit Leofric d’un ton lugubre. Quand il était enfant, son père lui
a offert des petits soldats en bois sculpté. Il n’y en avait pas un qui ne fût
à sa place, et sans un grain de poussière dessus ! Et vers ses quinze ans,
il a jeté sa gourme. Troussé toutes les servantes du palais, et je parie qu’il
les a mises en rang, elles aussi, et qu’il a vérifié qu’il n’y avait pas le
moindre grain de poussière sur elles avant de les besogner !
    — Il a eu un bâtard, paraît-il.
    — Osferth. On le cache à Winburnan. Le pauvre petit
diable doit avoir six ou sept ans, à présent. Tu n’es point censé connaître son
existence.
    — Pas plus que toi.
    — C’est ma sœur qu’Alfred a engrossée, dit Leofric.
(Puis, voyant mon étonnement :) Il n’y a pas que moi qui sois beau dans ma
famille, bout de cul, ajouta-t-il en nous resservant de l’ale. Alfred veille
sur elle. Il lui donne de l’argent, lui envoie des prêtres. Son épouse est au
fait de l’existence du petit bâtard, mais elle lui interdit de le voir.
    — Je déteste Ælswith, dis-je.
    — Une chienne féroce vomie par l’enfer, renchérit-il de
bon cœur, et il éclata de rire. Alors que feras-tu, bout de cul, demanda-t-il,
si tu retournes avec les païens ? Hormis poursuivre ta vengeance ?
    C’était une bonne question et j’y répondis comme je

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