Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
une chambre dans la taverne et faisait venir le chaland.) Dieu,
qu’elle est jolie ! dit-il. Il s’est fait prendre un jour qu’il troussait
une nonne.
    — Alfred ? Une nonne ?
    — C’est ce qu’on m’a dit. Et qu’il courait toujours
après les filles. Incapable de garder ses braies ! Ce que je devrais
faire, ajouta-t-il d’un ton sombre, c’est lui fendre la rate.
    — Répète-le à quiconque et tu seras pendu.
    — Je pourrais m’enfuir et rejoindre les Danes.
    — Tu le pourrais, et tu serais bien accueilli.
    — Ils se serviraient de moi ? demanda-t-il,
prouvant là qu’il n’était pas sans jugeote.
    — Oui, tu serais comme Egbert ou Burghred, ou leur
nouvel homme en Mercie.
    — Un roi selon leur bon plaisir.
    — Alors c’est ce que tu veux ?
    — Non, dit-il en dessinant pensivement sur la table
dans les éclaboussures d’ale. Mieux vaut ne rien faire.
    — Rien ?
    — Si je ne fais rien, dit-il gravement, ce crétin
mourra peut-être. Il est sans cesse malade ! Il ne peut vivre bien
longtemps, n’est-ce pas ? Et son fils n’est qu’un bébé. Donc, s’il meurt,
je serai roi ! Oh, par le Christ !
     
    Beocca n’approuvait point mon amitié avec Æthelwold.
    — C’est un insensé, m’avertit-il.
    — Et moi aussi, selon vous.
    — En ce cas, tu n’as pas besoin d’encouragements,
n’est-ce pas ? Lisons maintenant comment le saint Swithun a construit la
Porte Est de la ville.
    À la fête de l’Epiphanie, je savais lire comme un gamin de
douze ans, du moins d’après Beocca, et c’était bien suffisant pour Alfred qui,
après tout, ne me demandait point de lire des textes théologiques, mais
simplement de déchiffrer ses ordres, s’il décidait de m’en donner. Et c’était
bien là le cœur de l’affaire. Leofric et moi voulions commander des troupes, et
c’était dans ce but que j’avais enduré les leçons de Beocca et les récits du
saint Swithun avec les truites, mouettes et œufs cassés. Mais le reste
dépendait du bon vouloir du roi et, en vérité, il n’y avait guère de troupes à
commander.
    L’armée saxonne était divisée en deux parties. La première
se composait des hommes du roi, de ses courtisans et de sa famille. Ni Leofric
ni moi ne voulions avoir affaire à eux, car rejoindre la garde du palais nous
aurait obligés à rester auprès d’Alfred, donc à assister aux messes.
    La seconde partie, de loin la plus importante, était la
fyrd, et elle était dispersée dans les comtés. Cependant, en dehors des troupes
qui servaient les ealdormen, la fyrd se composait surtout de paysans. Certains
possédaient un bouclier de fortune, des lances et des haches en bon nombre,
mais épées et armures étaient rares et, pire encore, la fyrd rechignait
toujours à servir lorsque les travaux des champs exigeaient des bras.
    À la colline d’Æsc, l’unique bataille que les Saxons avaient
remportée sur les Danes, c’étaient les troupes royales qui avaient combattu.
Réparties entre Alfred et son frère, elles avaient conduit l’assaut, tandis que
la fyrd, comme à son habitude, ne s’était engagée dans la bataille que lorsque
les vrais soldats avaient déjà remporté la victoire. En un mot, la fyrd était à
peu près aussi utile qu’un trou dans la cale d’un navire.
    Sauf qu’il y avait des équipages de navires qui se
saoulaient l’hiver dans les tavernes d’Hamtun. Et c’était eux que voulait
Leofric. Pour cela, il devait convaincre Alfred d’en retirer le commandement à
Hacca. Par chance, celui-ci vint à Cippanhamm supplier le roi de l’en
décharger.
    — J’ai le mal de mer, mon seigneur.
    Alfred avait compris qu’Hacca n’était pas un commandant bien
choisi pour sa flotte, mais il ne savait par qui le remplacer. Afin d’en
décider, il manda quatre évêques, deux abbés et un prêtre en conseil et
j’appris de Beocca qu’ils priaient tous pour la prochaine nomination.
    — Fais quelque chose ! gronda Leofric.
    — Et que diable veux-tu que je fasse ?
    — Tu as des amis parmi les prêtres ! Parle-leur !
Parle à Alfred, Bout-de-Cul.
    Il ne me donnait plus ce surnom que rarement, seulement
lorsqu’il était en colère.
    — Il ne m’aime point, dis-je. Si je lui demande de nous
confier la flotte, il nommera n’importe qui d’autre. Un évêque, probablement.
    — Par l’enfer !
    Finalement, ce fut Eanflæd qui nous sauva. La rousse était
une gentille fille qui avait le béguin pour

Weitere Kostenlose Bücher