Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
retourner contre eux,
et c’est alors que l’armée de Guthrum arriverait d’Exanceaster et prendrait
l’ost de Wessex entre deux feux.
    Nous partîmes à l’est, en restant sur les hauteurs pour ne
pas nous faire repérer. Cette nuit-là, je vis les vaisseaux d’Ubba aborder et
des feux s’embraser dans le camp dane. Nous reprîmes notre route à l’aube, si
bien qu’à midi nous apercevions déjà les premières forces saxonnes. C’étaient
des cavaliers, probablement envoyés épier l’ennemi, qui se repliaient devant
l’avance des Danes. Nous continuâmes jusqu’aux collines qui surplombaient une
rivière se jetant dans la mer de Sæfern, et de là nous découvrîmes que Odda
avait pris position dans un fort nommé Cynuit. Il était vieux, ce fort. Le père
Willibald déclara qu’il était plus ancien que les Romains et déjà vieux quand
le monde était jeune. Il était constitué de talus de terre érigés sur une
colline, au pied de laquelle était creusé un fossé. Le temps avait fait son
œuvre, comblant le fossé et rabotant les talus, l’herbe avait poussé sur les
remparts et d’un côté, le mur était presque réduit à rien. Mais c’était une
forteresse.
    Je ne me dirigeai pas immédiatement vers le fort. Je
m’arrêtai sous le couvert des arbres et m’équipai pour la bataille, devenant
l’ealdorman Uhtred dans toute sa splendeur guerrière. Par-dessus la cotte de
mailles que les serfs d’Oxton avaient polie avec du sable, je ceignis mon
harnais pour Souffle-de-Serpent et Dard-de-Guêpe. J’enfilai de hautes bottes,
me coiffai de mon casque resplendissant, pris mon bouclier à bosse d’acier.
Quand tout fut bien fixé, j’eus l’impression d’être un dieu prêt à la guerre.
Mes hommes s’équipèrent, lacèrent leurs bottes, éprouvèrent le tranchant de
leurs épées, et même le père Willibald se coupa un bâton dans un bon morceau de
frêne assez solide pour briser le crâne d’un homme.
    — Nous n’aurons pas besoin de nous battre, lui dis-je.
    — Nous le devons, désormais, mon seigneur. (Il recula
d’un pas et me toisa avec un sourire.) Tu as grandi.
    — Comme tout le monde, mon père.
    — Je me rappelle la première fois où je t’ai vu. Un
enfant. Maintenant, tu m’effraies.
    — Espérons que l’ennemi aussi aura peur, répliquai-je,
ne sachant pas moi-même si je voulais parler d’Odda ou d’Ubba.
    Je regrettais de ne pas avoir ma bannière de Bebbanburg, la
tête de loup aux babines retroussées, mais j’avais mes épées et mon bouclier et
je sortis du bois à la tête de mes hommes pour traverser les champs et
rejoindre le campement de la fyrd du Defnascir.
    À environ un mille sur notre gauche, les Danes quittaient la
route côtière et se précipitaient pour encercler la colline de Cynuit, mais ils
arriveraient trop tard pour croiser notre chemin. À droite, d’autres Danes, sur
leurs navires à proues de dragon, remontaient la Pedredan.
    — Ils nous dépassent en nombre, dit Willibald.
    — Oui, opinai-je.
    Des cygnes nageaient sur la rivière, des râles des genêts
caquetaient dans les haies et la prairie était jonchée de fleurs pourpres.
C’était l’époque de l’année où nous aurions dû faucher les foins et tondre les
moutons. Je n’ai pas besoin d’être ici, pensai-je. Je n’ai pas à
gravir cette colline où les Danes viendront nous tuer. Je considérai mes
hommes en me demandant s’ils pensaient comme moi, mais ceux qui croisèrent mon
regard se contentèrent de sourire ou de hocher la tête, et je me rendis
brusquement compte qu’ils me faisaient confiance. Mais Leofric comprit le
danger et arriva à ma hauteur.
    — Il n’y a qu’un chemin pour gagner le sommet de cette
colline, dit-il à mi-voix.
    — Je sais.
    — Si nous ne pouvons nous en sortir, nous resterons
ici. Nous y finirons enterrés.
    — Je sais, répétai-je.
    Je songeai aux Nornes et je sus qu’elles tiraient sur les
fils. Je contemplai le flanc de Cynuit, et je vis des femmes tout en haut.
Mildrith devait être parmi elles et si je gravissais cette colline, c’était
parce que je ne savais pas où la chercher en dehors d’ici.
    Mais les fileuses m’envoyaient à cette vieille forteresse
pour une tout autre raison. Je n’avais pas encore combattu dans le grand mur de
boucliers, avec les guerriers, dans le tumulte et l’horreur d’une vraie
bataille. La colline de Cynuit était la route menant à l’homme accompli et je
la pris

Weitere Kostenlose Bücher