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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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un calice d’argent, bien qu’Ivar ait exigé que les jumeaux de
l’évêque soient gardés en otages au cas où le dieu chrétien changerait d’avis
sur les Danes.
    Ragnar, comme les autres chefs danes, sillonnait constamment
le pays en quête de vivres et aimait que je l’accompagne, car je pouvais lui
servir d’interprète. À mesure que passaient les jours, nous entendions parler
d’une grande armée mercienne se rassemblant à Ledecestre, la plus grande
forteresse de Mercie selon Ragnar. Elle avait été édifiée par les Romains, les
plus grands bâtisseurs qui fussent, et Burghred, le roi de Mercie, y
rassemblait ses forces. C’est pourquoi Ragnar tenait tant à amasser des vivres.
    — Ils vont nous assiéger, mais nous vaincrons. Puis
Ledecestre sera nôtre comme toute la Mercie.
    Il disait cela d’un ton calme, comme s’il n’y avait nulle
possibilité de défaite.
    Rorik était de nouveau souffrant, en proie à des crampes au
ventre si douloureuses qu’il en pleurait parfois. Il vomissait la nuit, avait
le teint blême, et seul le soulageait un breuvage de simples que lui préparait
une vieille servante de l’évêque. Ragnar s’inquiétait pour son fils, mais il
était heureux que Rorik et moi soyons si bons amis. Ragnar me ramènerait un
jour à Bebbanburg pour recouvrer mon héritage. Je serais le jarl Uhtred
cependant que Rorik et son aîné tiendraient d’autres places fortes, Ragnar
devenant un puissant seigneur soutenu par ses fils et Bebbanburg. Nous serions
tous danes, Odin nous sourirait, et le monde durerait ainsi jusqu’au grand
conflit final au cours duquel les dieux combattraient les monstres. En d’autres
termes, tout resterait ainsi jusqu’à ce que tout disparaisse. C’était la
conviction de Rorik, et sans doute Ragnar le croyait-il aussi. La destinée, disait
Ravn, était tout.
    Au cœur de l’été, nous apprîmes que l’armée mercienne
s’était enfin ébranlée et que le roi Æthelred de Wessex soutenait Burghred.
Nous étions donc confrontés à deux des trois derniers royaumes angles restants.
Nous préparâmes Snotengaham pour l’inévitable siège. La palissade du mur
oriental fut renforcée, et le fossé creusé plus encore. On tira les navires à
sec, loin des remparts, afin qu’ils ne soient pas réduits en cendres par les
flèches enflammées tirées depuis nos défenses. Enfin le chaume des demeures les
plus proches des murs fut ôté afin qu’elles ne puissent être incendiées.
    Ivar et Ubba avaient décidé de soutenir le siège : ils
se jugeaient assez puissants pour conserver ce qu’ils avaient pris ; mais
si nous nous appropriions un plus vaste territoire, les forces danes,
dispersées, pourraient être défaites l’une après l’autre. Selon eux, il valait
mieux laisser l’ennemi venir et se briser contre les défenses de Snotengaham.
Celui-ci arriva lorsque les coquelicots fleurirent. Les premiers furent les
éclaireurs merciens, des petits groupes de cavaliers qui contournèrent
prudemment la ville. Puis les fantassins de Burghred apparurent, rang après
rang, armés de lances, haches, épées, serpes et faux. Ils établirent leur
campement dans les collines. Snotengaham se trouvait sur la rive de la Trente,
qui séparait la ville du reste de la Mercie. L’armée mercienne arriva par
l’ouest, après avoir franchi la rivière quelque part vers le sud. Leur présence
signifiait que l’ennemi nous encerclait, mais nul ne nous attaqua.
    Durant la première semaine, une poignée d’archers de
Burghred s’approchèrent discrètement de la ville et décochèrent quelques
flèches sur nous. Les projectiles se fichèrent dans les palissades et servirent
de perchoirs pour les oiseaux. Voilà à quoi se borna leur action belliqueuse.
Après quoi, ils fortifièrent leur campement en l’entourant d’une barricade de
troncs et d’épineux.
    — Ils craignent que nous tentions une sortie pour tous
les massacrer, dit Ragnar. Ils vont rester là et essayer de nous affamer.
    — Vraiment ? demandai-je.
    — Ils ne sauraient affamer une souris enfermée dans un
pot ! tonna-t-il.
    Il avait accroché son bouclier sur le flanc de la palissade
avec les mille autres, tous ornés de vives couleurs. Les Danes possédaient
plusieurs boucliers et les suspendirent tous afin d’abuser l’ennemi quant à
l’importance de leur garnison. Les grands seigneurs danes déployèrent leurs
bannières sur les remparts : celle au corbeau d’Ubba et celle

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