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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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tordait les mains. J’appris plus tard
qu’il n’avait que dix-neuf ans, mais il en paraissait dix de plus. Son frère,
le roi Æthelred, en comptait plus de trente mais semblait encore plus inquiet,
tandis que Burghred, roi de Mercie, était un petit homme rond au crâne dégarni,
à grande barbe et grosse bedaine.
    Alfred parla à Beocca qui sortit un parchemin et une plume
et les lui donna. Puis il lui tendit un petit flacon d’encre, afin qu’il y
trempe sa plume et puisse écrire.
    — Que fait-il ? demanda Ivar.
    — Il consigne notre discussion pour en conserver trace,
répondit l’interprète angle.
    — A-t-il perdu la mémoire ? demanda Ivar.
    Pendant ce temps, Ubba sortit un canif et se cura les
ongles. Ragnar fit semblant d’écrire dans sa main, ce qui amusa les Danes.
    — Vous êtes Ivar et Ubba ? demanda Alfred, par le
biais de son interprète.
    — Ce sont eux, répondit notre traducteur.
    Alfred griffonna sur son parchemin.
    — Vous êtes les fils de Lothbrok ? continua-t-il.
    — En vérité, répondit l’interprète.
    — Et vous avez un frère, Halfdan ?
    — Dis à ce crétin de se fourrer son parchemin dans le
cul, gronda Ivar, et d’y mettre après sa plume et son encre, comme cela il
chiera plumes noires.
    — Mon seigneur déclare que nous ne sommes pas là pour
discuter de notre famille, transmit suavement l’interprète, mais pour décider
de votre sort.
    — Et du vôtre, intervint Burghred qui n’avait encore
rien dit.
    — Le nôtre ? rétorqua Ivar, faisant frémir le roi
mercien sous la seule force de son regard. Il est d’abreuver les champs de
Mercie de votre sang, d’engraisser la terre de votre chair, de la paver de vos
ossements et de nous débarrasser de votre immonde puanteur.
    La discussion se poursuivit ainsi fort longtemps, mais
c’étaient les Angles qui avaient demandé l’entrevue et comme ils voulaient
faire la paix, il finit par en être question. Cela nécessita deux jours et
presque tous les témoins, lassés, s’étaient allongés au soleil dans l’herbe.
Les deux parties prenaient leurs repas sur place. C’est en l’une de ces
occasions que Beocca vint prudemment du côté dane me saluer.
    — Tu grandis, Uhtred, dit-il.
    — Je suis heureux de vous voir, mon père, répondis-je
docilement.
    — Tu es toujours prisonnier, alors ?
    — Je le suis, mentis-je.
    Il regarda mes deux bracelets d’argent qui, trop grands,
s’entrechoquaient à mon poignet.
    — Un prisonnier privilégié, ironisa-t-il.
    — Ils savent que je suis un ealdorman.
    — Ce que tu es, Dieu le sait, même si ton oncle le nie.
    — Je n’ai point eu de nouvelles de lui, remarquai-je.
    — Il reste à Bebbanburg, répondit Beocca d’un ton
vague. Il a épousé la veuve de ton père et elle est grosse d’un enfant.
    — D’un enfant ? m’étonnai-je. Gytha ?
    — Ils veulent un fils, et s’ils en ont un…
    Il ne termina pas sa phrase et c’était inutile. C’était moi
l’ealdorman, et Ælfric avait usurpé mon trône, mais j’étais encore son héritier
et je le demeurerais jusqu’à ce qu’il ait un fils.
    — L’enfant doit naître d’un jour à l’autre, reprit
Beocca, mais tu n’as nulle raison de t’inquiéter. (Il sourit et se pencha vers
moi pour chuchoter :) J’ai apporté les parchemins.
    — Vous avez apporté les parchemins ? répétai-je
sans comprendre.
    — Le testament de ton père ! Les chartes des
terres ! s’exclama-t-il, choqué que je n’aie aussitôt compris son geste.
Je détiens la preuve que c’est toi l’ealdorman !
    — Je suis l’ealdorman, répondis-je, comme si je n’avais
nul besoin de preuve. Et le serai toujours.
    — Pas si Ælfric parvient à ses fins. S’il a un fils, il
voudra qu’il soit son héritier.
    — Les enfants de Gytha meurent toujours, répliquai-je.
    — Tu dois prier pour que tout enfant vive, se fâcha
Beocca, mais tu es toujours l’ealdorman. Tu le dois à ton père, Dieu ait son
âme.
    — Vous avez abandonné mon oncle ? demandai-je.
    — Si fait ! s’empressa-t-il de répondre,
clairement fier d’avoir déserté Bebbanburg. Je suis un Angle, continua-t-il,
ses yeux louches clignant dans le soleil. Je suis donc venu trouver des Angles
déterminés à combattre les païens, des Angles capables d’accomplir la volonté
de Dieu, et je les ai trouvés en Wessex. Ce sont hommes de bien, hommes de
Dieu, et hommes résolus !
    — Ælfric ne se bat

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