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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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la
Mercie.
    D’abord la Northumbrie, puis la Mercie. En deux ans la
moitié de l’Angleterre avait cédé, et les Danes n’en étaient qu’à leurs débuts.
     
    Des hordes de Danes sillonnèrent la Mercie, massacrèrent
quiconque résistait, prirent ce qui leur plaisait et postèrent des hommes dans
les principales forteresses avant de réclamer au Danemark l’envoi d’autres
navires : il fallait davantage d’hommes, de familles, de guerriers pour
occuper les vastes terres qu’ils avaient accaparées.
    J’acquis la conviction que je ne me battrais jamais pour
l’Anglie : lorsque je serais en âge, il ne resterait plus rien de ce pays.
Aussi décidai-je de devenir un Dane à part entière. Comme j’approchais des
douze ans, je commençai mon éducation. On me fit tenir à bout de bras une épée
et un bouclier durant des heures, jusqu’à en avoir mal aux épaules, on
m’enseigna les coups d’épée, le lancer du javelot et je dus abattre un cochon
avec une lance. J’appris à parer avec un bouclier, à l’abaisser pour dévier un
choc porté, et à frapper de sa bosse l’ennemi au visage afin de lui fracasser
le nez et l’aveugler de larmes. J’appris à ramer. Je grandis, pris des muscles,
commençai à parler avec une voix d’homme et reçus ma première gifle d’une
fille. J’avais l’allure d’un Dane. Ceux qui ne me connaissaient pas me
prenaient pour le fils de Ragnar, car j’avais les mêmes cheveux blonds que je
portais longs et noués sur la nuque avec un lien de cuir ; Ragnar en fut
enchanté, bien qu’il soulignât que jamais je ne remplacerais Ragnar le Jeune ou
Rorik.
    — Si Rorik vit, dit-il avec tristesse, car Rorik était
toujours souffreteux, tu devras te battre pour ton héritage.
    C’est ainsi que j’appris à me battre et, cet hiver-là, à
tuer.
    Nous retournâmes en Northumbrie. Ragnar s’y plaisait et,
bien qu’il eût pu cultiver meilleures terres en Mercie, il aimait les collines
du Nord, ses profondes vallées et ses sombres forêts. Un matin, alors
qu’apparaissaient les premières gelées, il m’emmena chasser. Une troupe
d’hommes et deux fois autant de chiens battirent la forêt pour tenter de
rabattre un sanglier. Je restai aux côtés de Ragnar, armé comme lui d’une
lourde lance de chasse.
    — Un sanglier est capable de tuer, Uhtred,
m’avertit-il. Si tu ne portes point correctement le coup de lance, il peut te
déchirer du ventre au col.
    Le coup, je le savais, devait être donné au poitrail de la
bête ou, si l’on avait de la chance, en pleine gorge. Je savais que je ne pouvais
tuer un sanglier, mais s’il s’en présentait un je devais essayer. Un sanglier
adulte peut peser le double d’un homme et je n’avais pas la force d’en
repousser un, mais Ragnar était déterminé à me laisser frapper le premier, tout
en restant derrière moi pour me porter secours. Et c’est ce qui arriva. J’ai
tué des centaines de sangliers depuis, mais je me rappellerai toujours le
premier, ses petits yeux, sa rage, sa détermination, la puanteur, les soies
hérissées et souillées de boue, et le bruit sourd de la lance plongeant dans
son poitrail. Je fus projeté en arrière comme si j’avais reçu une ruade du
cheval à huit jambes d’Odin et Ragnar plongea sa lance dans le cuir épais de la
bête. Elle couina et rugit, agita les pattes, et les chiens se mirent à hurler.
Je me relevai, serrai les dents, appuyai de tout mon poids sur la lance et
sentis la vie de l’animal vibrer dans la tige. Ragnar m’offrit une des défenses
de la dépouille. Je l’accrochai à mon cou avec le marteau de Thor. Les jours
suivants, je voulais chasser encore, bien que je n’en eusse le droit
qu’accompagné de Ragnar ; lorsque Rorik voyait sa santé s’améliorer, nous
prenions nos arcs et partions chasser le cerf.
    C’est lors de l’une de ces expéditions, sur des landes
parsemées de plaques de neige, qu’une flèche faillit m’ôter la vie. Rorik et
moi rampions sous les buissons et le dard me manqua de quelques pouces,
sifflant à mes oreilles avant de se ficher dans le tronc d’un frêne. Je me
retournai en bandant mon arc, mais ne vis personne. Puis j’entendis des pas
sous le couvert des arbres. Nous les suivîmes aussitôt, mais celui qui avait
tiré cette flèche courait plus vite que nous.
    — Un accident, dit Ragnar. Quelqu’un aura vu les
feuillages bouger, pensé à un cerf et tiré. Cela arrive. (Il examina la flèche
que nous

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