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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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apeurée. Et il aimait cela.
    — Il aimait cela ? interrogea sèchement Ælswith.
Pourquoi ?
    — Parce que… commença Brida.
    J’ignore comment elle fit, mais elle rougit, baissa les
yeux, s’empourpra plus encore et sembla sur le point de fondre en larmes.
    — Ah ! fit de nouveau Ælswith, comprenant et
rougissant à son tour. Ainsi donc, c’était ton…
    Elle n’acheva pas, répugnant à accuser le défunt saint roi
Edmond d’avoir engendré une bâtarde avec une femme de peu nommée Hild.
    — Oui, dit Brida qui se mit à pleurer tandis que je
fixais les solives noircies de suie pour ne pas éclater de rire. Il était si
bon avec moi, sanglota-t-elle. Et ces méchants Danes l’ont tué !
    Ælswith croyait manifestement Brida. Les gens imaginent
toujours le pire chez autrui et le saint roi Edmond était à présent révélé
comme un coureur de jupons. Cela ne l’empêcha pas de devenir un saint, mais ce
fut la condamnation de Brida. Brida était peut-être de sang royal, mais il
était d’évidence souillé par le péché, et Ælswith voulait qu’elle soit enfermée
à vie dans un couvent.
    — Oui, accepta humblement Brida.
    Je fus contraint de faire semblant de suffoquer à cause de
la fumée. Puis Ælswith nous offrit à chacun un crucifix. Elle en tenait deux
tout prêts, en argent, mais elle chuchota quelques mots à l’une des nonnes qui
remplaça celui destiné à Brida par un autre, en bois, tandis que je mettais
docilement le mien à mon cou. Je le baisai, ce qui impressionna Ælswith, et
Brida se hâta d’en faire autant. Rien ne pouvait plus fléchir l’épouse
d’Alfred. Brida était une bâtarde qui s’était condamnée.
    Alfred revint de Baðum après la tombée de la nuit et je dus
l’accompagner à l’église où se succédèrent d’interminables oraisons et laudes.
Quatre moines psalmodiaient d’une voix monocorde qui m’assoupissait. Lorsque ce
fut enfin terminé, Alfred me convia à partager son repas. Beocca souligna que
le roi concédait cet honneur à peu de personnes, mais cela ne me flatta guère,
car j’avais pris mon repas avec des chefs danes qui n’avaient jamais l’air de
se soucier que je partage leur table, du moment que je ne crachais pas dans la
soupe. J’avais si faim que j’aurais pu manger un bœuf entier. Je trépignais
d’impatience tandis que nous lavions cérémonieusement nos mains dans des
aiguières que nous tendaient des serviteurs, puis en attendant auprès de nos
sièges qu’Alfred et Ælswith soient conduits à la table. Les plats refroidirent
à cause d’un évêque qui récitait d’interminables grâces pour remercier Dieu de
ce repas et nous nous assîmes enfin. Mais quelle déception fut ce souper !
Ni porc, ni bœuf, ni mouton : ce ne furent que bouillies, poireaux, œufs
mollets, pain, ale coupée d’eau et orge bouilli en une gelée aussi savoureuse
qu’œufs de grenouille. Alfred répétait à l’envi que c’était délicieux, mais il
finit par avouer qu’il souffrait d’affreuses douleurs au ventre que seul ce
régime de bouillies apaisait.
    — Le roi est un martyr de la viande, m’expliqua Beocca.
    Il siégeait à la haute table avec deux autres clercs, dont
l’évêque édenté qui écrasait son pain dans sa soupe avec une bougie. Il y avait
aussi deux ealdormen et, bien entendu, Ælswith, qui fit les frais de presque
toute la conversation. Elle pestait contre le fait que les Danes restent à
Readingum, mais Alfred finit par admettre qu’il n’avait pas le choix, que
c’était une petite concession pour obtenir la paix, et cela mit fin à la
discussion. Ælswith se réjouissait que son époux ait négocié la libération de
tous les jeunes otages détenus par l’armée d’Halfdan ; Alfred y tenait
beaucoup, de crainte que ces jeunes gens soient détournés de la vraie foi. Il
me regardait en disant cela, mais je l’ignorai, étant beaucoup plus intéressé
par l’une des jeunes servantes, de quatre ou cinq ans mon aînée. Elle était
fort jolie avec ses abondantes boucles noires et je me demandai si c’était
celle qu’Alfred gardait à son service pour résister à la tentation. J’en eus la
confirmation bien plus tard. Elle s’appelait Merewenna et je remerciai un jour
Dieu de ne pas m’avoir aidé à lui résister, mais cette histoire sera pour plus
tard. Pour l’heure, j’étais à la disposition d’Alfred, ou plutôt d’Ælswith.
    — Uhtred doit apprendre à lire,

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