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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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dit-elle.
    J’ignore en quoi cela la concernait, mais personne ne
discuta sa suggestion.
    — Amen, répondit Beocca.
    — Les moines de Winburnan pourront le lui enseigner,
proposa-t-elle.
    — C’est une fort bonne idée, ma dame, dit Beocca,
tandis que l’évêque édenté opinait en bavant.
    — L’abbé Hewald est un fort diligent maître, dit
Ælswith.
    En vérité, l’abbé préférait fouetter les jeunes gens, mais
c’était sans doute ce que voulait dire Ælswith.
    — Je pense plutôt, intervint Alfred, que l’ambition du
jeune Uhtred est d’être un guerrier.
    — Il le sera le jour venu, si telle est la volonté de
Dieu, énonça Ælswith, mais que vaut un soldat incapable de lire la parole
divine ?
    — Il ne vaut rien, convint Alfred. (Je pensais, moi,
qu’apprendre à lire à un soldat était aussi utile qu’apprendre à danser à un
chien, mais je me tus. Alfred perçut mon scepticisme.) Pourquoi est-il bon
qu’un soldat sache lire, Uhtred ? me demanda-t-il.
    — Lire est bon pour tous, répondis-je docilement, ce
qui me valut un sourire de Beocca.
    — Un tel soldat, continua patiemment Alfred, peut lire
les ordres et saura ce que veut le roi. Imagine que tu sois en Northumbrie,
Uhtred, et moi en Wessex. Comment pourrais-tu connaître ma volonté ?
    C’était fascinant, mais j’étais trop jeune à l’époque pour
m’en rendre compte. Si j’étais en Northumbrie et lui en Wessex, il n’avait
point à se préoccuper de moi, mais bien sûr Alfred pensait déjà à l’avenir, un
avenir lointain où il n’y aurait qu’un royaume angle et un seul roi. Je me
contentai de le regarder bouche bée et il me sourit.
    — Tu iras donc à Winburnan, jeune homme, dit-il. Et le
plus tôt sera le mieux.
    — Le plus tôt ? demanda Ælswith, qui n’appréciait
guère cette hâte soudaine.
    — Les Danes, ma bien-aimée, expliqua Alfred, vont
rechercher ces deux enfants. S’ils les découvrent ici, ils pourront fort bien
exiger leur retour.
    — Mais tous les otages doivent être libérés,
objecta-t-elle. Tu l’as dit toi-même.
    — Uhtred, étais-tu otage ? demanda doucement Alfred
en me fixant. Ou bien en danger de devenir un Dane ? (Il laissa la
question en suspens et je ne tentai pas d’y répondre.) Nous devons faire de toi
un véritable Angle. Tu dois donc partir dans le Sud demain matin, avec la
fille.
    — Elle n’a pas d’importance, dit Ælswith d’un ton
méprisant.
    Elle avait envoyé Brida manger avec les filles de cuisine.
    — Si les Danes découvrent qu’elle est la bâtarde
d’Edmond, observa l’un des ealdormen, ils en useront pour ruiner sa réputation.
    — Elle ne le leur a jamais dit, intervins-je
timidement, car elle pensait qu’ils se moqueraient d’elle.
    — Il y a donc un peu de bonté en eux, dit Ælswith à
contrecœur en prenant un œuf. Mais que feras-tu, demanda-t-elle à son époux, si
les Danes t’accusent d’avoir sauvé ces enfants ?
    — Je mentirai, bien sûr, dit Alfred.
    Ælswith s’offusqua, mais l’évêque marmonna qu’un tel
mensonge, commis au nom de Dieu, était pardonnable.
    Je n’avais nulle intention de partir à Winburnan et n’avais
nulle envie d’échanger ma vie avec Ragnar pour les misérables joies d’un
monastère et d’un tuteur. Je savais que Brida voulait retourner parmi les
Danes, et le désir d’Alfred de nous faire quitter au plus vite Baðum nous en
donna l’occasion.
    On nous fit partir le lendemain matin, avant l’aube,
escortés par une douzaine de soldats qui n’appréciaient guère de devoir emmener
deux enfants au cœur du Wessex. On me donna un cheval, Brida eut droit à une
mule, et un jeune prêtre nommé Willibald fut officiellement chargé de mener
Brida dans un couvent et moi à l’abbé Hewald. Le père Willibald était un homme
aimable, souriant et doux. Il savait imiter le chant des oiseaux et nous fit
rire en inventant une conversation entre une grive belliqueuse et caquetante et
une alouette. Puis il nous demanda de deviner quels oiseaux il imitait et ce
divertissement, mêlé d’inoffensives énigmes, nous amena jusqu’à une demeure
située au-dessus d’une rivière, au cœur d’une région de forêts. Les soldats
demandèrent d’y faire halte, car les chevaux avaient besoin de repos.
    — Ce sont eux qui ont envie d’ale, nous dit Willibald
en haussant les épaules, comme si c’était compréhensible.
    C’était une chaude journée. Les chevaux furent

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