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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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partis pour me mener aux restes fumants de la forge d’Ealdwulf.
Là, elle me désigna l’énorme morceau d’orme brûlé où était naguère posée
l’enclume.
    — Nous devons le déplacer, dit-elle.
    Il fallut nos efforts conjugués pour ébranler l’énorme
morceau de tronc. Il n’y avait dessous rien d’autre que de la terre, mais Brida
me poussa à creuser. Faute de mieux, je me servis de Dard-de-Guêpe et j’avais à
peine creusé que je touchai du métal. De l’or. Véritable. Des pièces et de
petits lingots. Les pièces étaient étranges, gravées de lettres comme je n’en
avais jamais vues, ni runes ni lettres angles. J’appris plus tard qu’elles
provenaient de ces peuples lointains qui vivent dans le désert et adorent un
dieu nommé Allah, qui doit être un dieu du feu, car al, dans notre
langue, signifie brûler. Ces peuples qui adoraient Allah faisaient de la bonne
monnaie, et cette nuit-là nous en déterrâmes quarante-huit et maints autres
lingots, pièces d’argent, et quatre morceaux de jais. Brida m’apprit qu’elle
avait vu Ealdwulf et Ragnar les y placer une nuit. Tous les hommes dissimulent
une réserve pour le jour où surviendra un désastre. J’en ai moi-même enfoui,
j’ai même oublié l’emplacement de l’une d’elles et peut-être, dans de
nombreuses années, quelque chanceux la trouvera. Ce butin, le trésor de Ragnar,
revenait à son aîné, mais Ragnar – et c’était étrange de penser qu’il n’y en
avait plus qu’un et qu’il n’était plus Ragnar le Jeune – se trouvait en
Irlande. Je doutais qu’il soit encore en vie, car Kjartan avait sûrement envoyé
des hommes le tuer. Mais, mort ou vif, il n’était point là. Nous nous emparâmes
donc du trésor.
    — Que faire ? demanda Brida lorsque nous fûmes
retournés dans les bois.
    Je le savais déjà : peut-être l’avais-je toujours su.
J’ai été un Dane du temps que Ragnar avait vécu, car Ragnar m’aimait et
m’appelait son fils. Désormais il était mort et je n’avais plus d’ami parmi les
Danes. Je n’en avais point parmi les Angles non plus, en dehors de Brida, bien
sûr, et peut-être aussi Beocca qui avait de l’affection pour moi à sa manière.
Mais les Angles étaient mon peuple. La destinée est tout, et les Nornes
m’avaient lancé un signe ce jour-là. À présent, enfin, j’allais y répondre.
    — Nous partons au sud.
    — Dans un couvent ? demanda Brida, en repensant à
Ælswith et au piètre sort qu’elle lui réservait.
    — Non.
    Je ne voulais pas retrouver Alfred et apprendre à lire en
meurtrissant mes genoux dans la prière.
    — J’ai des parents en Mercie, dis-je.
    Je ne les avais jamais vus, je ne savais rien d’eux, mais
ils étaient ma famille et la famille a ses obligations. La poigne des Danes
était moins lourde sur la Mercie qu’ailleurs et peut-être pourrais-je y trouver
un foyer sans représenter une charge, car je possédais de l’or.
    J’étais plongé dans un abîme d’infortune, guetté par le
désespoir, et des larmes me montaient aux yeux. Je voulais que la vie continue
comme par le passé, avoir Ragnar comme père, festoyer et rire. Mais la destinée
nous tient dans sa main et, le lendemain matin, sous une petite pluie
hivernale, nous enterrâmes les morts et payâmes en pièces d’argent, puis nous
partîmes vers le sud.

DEUXIÈME PARTIE

Le Dernier Royaume

Chapitre 7
    Je m’établis au sud de la Mercie. J’y trouvai un autre
oncle, l’ealdorman Æthelred, fils d’Æthelred et frère d’Æthelwulf, père
d’Æthelred et frère d’un autre Æthelred, lui-même père d’Ælswith, l’épouse
d’Alfred. L’ealdorman Æthelred me reconnut à contrecœur comme son neveu, et
m’offrit un accueil un peu plus chaleureux lorsque je lui offris deux pièces
d’or et jurai sur la croix que c’était là tout l’argent que je possédais.
    Le voyage dans le Sud fut épuisant, comme tous les voyages
en hiver. Pendant un moment, nous trouvâmes refuge près de Meslach chez des
gens qui nous prirent pour des hors-la-loi. Nous arrivâmes à leur masure un
soir sous la neige et le vent, tous deux à demi gelés, et nous payâmes notre
écot de quelques maillons de la chaîne du crucifix d’argent que m’avait donné
Ælswith. Dans la nuit, les deux fils aînés vinrent pour voler le reste de notre
argent, mais Brida et moi ne dormions pas, nous attendant à leur forfait. Moi
armé de Souffle-de-Serpent et Brida de

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