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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Dard-de-Guêpe, nous menaçâmes de les
étriper. Tout le monde se montra dès lors plus aimable par la force des choses,
et ils me crurent lorsque je prétendis que Brida était sorcière. C’étaient des
païens, comme nombre des Angles habitant les régions des collines isolées, et
ils ignoraient que les Danes avaient envahi le pays. Ils vivaient loin de tout
village, marmonnaient des prières à Thor et Odin et nous abritèrent pendant six
semaines. En échange, nous coupions du bois, aidions les brebis à agneler et
montions la garde pour éloigner les loups.
    Nous poursuivîmes notre route au début du printemps. Nous
évitâmes Hreapandune, où Burghred tenait sa cour, et autour de laquelle étaient
établies de nombreuses colonies danes. Je ne craignais point les Danes, je
savais leur langue et leurs tours, je les appréciais même ; mais si l’on
apprenait qu’Uhtred de Bebbanburg était encore en vie, je craignais que Kjartan
ne mît ma tête à prix. Aussi m’enquis-je de l’ealdorman Æthelwulf mort à
Readingum en combattant les Danes. J’appris qu’il avait vécu en un lieu nommé
Deoraby, mais que son frère était parti à Cirrenceastre, tout près de la
frontière du Wessex. Nous nous rendîmes donc à Cirrenceastre, découvrîmes que
c’était une ancienne ville romaine, bien fortifiée de pierre et de bois, et que
le frère d’Æthelwulf, Æthelred, était désormais ealdorman et seigneur de ces
lieux.
    Nous arrivâmes alors qu’il rendait la justice et nous
attendîmes parmi requérants et témoins. Nous vîmes deux hommes se faire
flageller et un troisième marqué au fer à la face avant d’être banni pour vol
de bétail, puis un huissier nous introduisit, pensant que nous étions venus
demander réparation pour quelque tort. Il nous ordonna de nous incliner et je
refusai. Il essaya de m’y forcer, mais je le frappai, ce qui attira l’attention
d’Æthelred. C’était un homme de grande taille, la quarantaine bien passée,
chauve et fort barbu, et aussi lugubre que Guthrum. Il fit signe à ses gardes
qui fainéantaient aux abords de la salle.
    — Qui es-tu ? gronda-t-il.
    — Je suis l’ealdorman Uhtred, dis-je. (Le titre figea
les gardes et l’huissier recula d’un pas.) Je suis le fils d’Uhtred de
Bebbanburg et d’Æthelgifu, son épouse. Je suis ton neveu.
    Je devais avoir piètre allure, car j’étais sale, hirsute et
déguenillé après notre voyage, mais j’arborais deux épées et un orgueil
farouche.
    — Tu es le fils d’Æthelgifu ? demanda-t-il.
    — Le fils de ta sœur, dis-je.
    L’ealdorman Æthelred fit le signe de croix en souvenir de sa
jeune sœur, qu’il avait presque oubliée, renvoya les gardes et me demanda ce
que je voulais.
    — Refuge, dis-je.
    Il hocha la tête à contrecœur. Je lui racontai que j’avais
été prisonnier des Danes depuis la mort de mon père et il me crut volontiers,
mais en vérité je l’intéressais fort peu. Pour tout dire, mon arrivée ne
signifiait que désagrément, car nous représentions deux bouches de plus à
nourrir, mais la famille impose des obligations et l’ealdorman Æthelred se plia
aux siennes. Il essaya pourtant de me faire assassiner.
    Ses terres, qui s’étendaient jusqu’à la rivière Sæfern, à
l’ouest, étaient pillées par les Bretons de Galles. Les Gallois étaient de
vieux ennemis, qui passaient leur temps à lancer des expéditions, songer à en
lancer ou chanter qu’ils allaient en lancer. Ils vénéraient un héros appelé
Arthur, censé dormir dans sa tombe et se réveiller un jour pour emmener les
Gallois à la victoire sur les Angles, mais pour l’heure il ne s’était encore
rien passé.
    Environ un mois après mon arrivée, Æthelred apprit qu’une
troupe armée de Gallois volait du bétail sur ses terres près de Fromtum, et il
partit les en chasser. Il descendit dans le Sud avec cinquante hommes, mais
ordonna au chef de sa garde, un guerrier nommé Tatwine, de barrer leur retraite
près de l’ancienne ville romaine de Gleawecestre. Il lui confia vingt hommes,
dont moi-même.
    — Tu es un grand garçon, me dit-il avant de partir.
As-tu déjà combattu dans un mur de boucliers ?
    — Non, mon seigneur, répondis-je.
    — Il est temps d’apprendre. Cette épée doit bien servir
à quelque chose. Où l’as-tu eue ?
    — Elle était à mon père, mon seigneur, mentis-je. (Je
ne voulais pas expliquer que l’épée me venait des Danes, car Æthelred aurait
voulu

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