Le dernier templier
jardins de deux maisons voisines avant de revenir dans la rue pour prendre le taxi qui l’attendait à quelques mètres de l’endroit où lui-même était garé.
Il avait aussitôt alerté De Angelis et l’avait suivie jusqu’à l’aéroport. De son siège dans le salon des départs, il avait pu à loisir observer Tess et Reilly sans risque d’être repéré. Aucun des deux ne connaissait son existence. Deux fois, il avait appelé De Angelis depuis son portable. La première fois pour lui faire savoir que Tess avait finalement été autorisée à prendre l’avion. La seconde, peu après, dans l’appareil, pour l’informer de l’apparition de Reilly. Cette dernière conversation avait été abrégée par un steward qui lui avait fait éteindre son téléphone.
En se penchant dans l’allée, il étudia ses deux cibles tout en faisant tourner entre ses doigts un disque pas plus gros qu’une pièce de vingt-cinq cents. Il avait noté que Reilly n’avait pas de bagage à main. Cela n’avait pas grande importance. Tess avait un sac de voyage rangé dans le compartiment au-dessus de sa tête, et elle restait sa proie principale. Au demeurant, il savait qu’il n’avait pas besoin de précipiter les choses. Le vol allait être long et la plupart des passagers, y compris ses cibles et l’équipage de cabine, dormiraient à un moment ou un autre. Il devait être patient et attendre l’occasion pour fixer son traqueur, le minuscule mouchard émetteur qui permettrait de savoir en permanence où se trouvait la fille. Au moins, songea-t-il, cette activité lui fournirait un peu de distraction au cours de ce voyage qui, sans cela, promettait d’être pénible.
Il se tortillait sur son siège. Le steward remontait l’allée pour s’assurer que tout le monde avait bien attaché sa ceinture. Plunkett détestait la rigidité de ces procédures. Il avait l’impression de retourner à l’école primaire. Ne fumez pas, ne téléphonez pas. Et quoi encore ?
Quand le type passa près de lui, il grimaça, puis regarda par le hublot et fourra deux Nicorette dans sa bouche.
De Angelis arrivait à l’aéroport de Teterboro, dans le New Jersey, quand Plunkett l’avait appelé. Cet aéroport était discret et efficace pour un voyage organisé à la hâte. À une dizaine de kilomètres de Manhattan, c’était un endroit où les célébrités et les hommes d’affaires avaient leurs jets privés.
Assis à l’arrière de la Lincoln Town Car, l’ecclésiastique était presque méconnaissable. Il avait troqué son habit contre le beau costume Zegna noir auquel il était habitué. Et bien qu’il eût quelque scrupule à enlever son col romain, il l’avait volontiers fait, optant pour une chemise bleue. Il s’était aussi débarrassé des lunettes démodées qu’il avait portées pendant son séjour à New York, pour remettre sa paire sans monture coutumière. Même son porte-documents de cuir loqueteux avait disparu. Une petite mallette en aluminium l’avait remplacé, couchée sur la banquette de la limousine sombre qui s’apprêtait à le déposer à la porte de l’avion.
En grimpant à bord du Gulfstream IV, il jeta un coup d’oeil sur sa montre et fit un rapide calcul. Les choses ne se présentaient pas mal. Il allait atterrir à Rome un peu avant que Tess et Reilly n’atteignent Istanbul. Le G-IV n’était pas seulement l’un des rares jets privés ayant un rayon d’action suffisant pour gagner Rome sans se ravitailler en carburant ; il était en outre plus rapide que le gros Airbus à quadriréacteurs. Cette vélocité allait lui donner le temps de récupérer l’équipement dont il avait besoin pour réaliser sa mission, après quoi il serait encore en mesure de les retrouver, où qu’ils aillent.
Prenant place dans l’avion, il réfléchit de nouveau au problème que posait Tess Chaykin. Tout ce qui importait au FBI, c’était de boucler Vance pour le hold-up du Met. En revanche, elle, elle cherchait autre chose. Même après l’emprisonnement de l’universitaire, elle continuerait de chercher, de retourner des pierres et de courir après l’objet de sa quête. C’était dans sa nature.
Il n’avait aucun doute à ce propos. À un moment donné, quand elle serait devenue inutile, il devrait s’occuper de ce problème. Un problème qui venait d’être exacerbé par Reilly, avec sa décision de l’accompagner.
Il ferma les yeux et s’adossa à l’appuie-tête de son luxueux fauteuil
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