Le dernier templier

considère que ce n’est pas le cas et que ce n’est qu’une étrange formation rocheuse.
    — Mais vous, qu’en pensez-vous ?
    — Je n’en sais rien. Personne ne l’a atteinte ou touchée. Tout ce que nous savons, c’est que l’histoire d’un déluge et d’un homme avec un bateau chargé d’animaux se retrouve dans de nombreux écrits jusqu’en Mésopotamie. Des écrits antérieurs à la Bible de plusieurs milliers d’années. Cela m’incite à croire qu’un événement de ce type s’est peut-être produit. Non pas que le monde entier ait été réellement englouti par un déluge, mais une grande zone quelque part, dans cette partie du monde, certainement. Un homme y aurait survécu et son histoire serait passée dans la légende.
    Il y avait quelque chose dans sa façon de s’exprimer qui semblait affirmatif, définitif. Reilly ne croyait pas nécessairement en l’arche de Noé, mais...
    — C’est drôle, dit-il.
    — Quoi ?
    — J’aurais imaginé que les archéologues étaient attirés par les mystères du passé avec un esprit plus ouvert que les autres et un sens du merveilleux qui leur permettait d’aborder ce qui a pu survenir à une époque si lointaine et si opposée à tout ce que nous vivons aujourd’hui... Pourtant, votre approche est rationnelle et analytique. Est-ce que ça ne vous éloigne pas, je ne sais pas... de la magie de tout cela ?
    — Je suis une scientifique, Sean. Je suis comme vous. Je travaille sur des faits, des éléments tangibles. Quand je pars fouiller, je cherche des preuves sur la vie et la mort des hommes du passé, leur art de la guerre et de la construction. Les mythes et les légendes, je les laisse à d’autres.
    — Donc, si ça ne peut être scientifiquement expliqué... ?
    — Alors cela n’est probablement jamais arrivé.
    Elle reposa la boîte de lokmas et s’essuya la bouche avec un mouchoir avant de s’étirer et de se retourner vers lui.
    — J’ai besoin de vous demander quelque chose.
    — Allez-y !
    — À l’aéroport...
    — Oui...
    — Comment se fait-il que vous ne m’ayez pas fait descendre de l’avion ? Vous auriez pu m’arrêter, n’est-ce pas ? Alors pourquoi ?
    Au soupçon de sourire qui effleurait les lèvres de la jeune femme et au pétillement de ses yeux, Reilly sut où elle voulait en venir. Elle était en train de prendre l’initiative, ce qui était aussi bien étant donné sa propre hésitation à aller dans cette direction. Pour le moment, il choisit quand même de botter en touche avec un peu compromettant :
    — Je ne sais pas.
    Puis il s’empressa d’ajouter :
    — Je savais que vous auriez été insupportable et que vous auriez hurlé à en faire exploser l’avion si je vous avais emmenée.
    Elle se rapprocha davantage de lui.
    — Et comment !
    Il ressentit une palpitation dans la poitrine et changea de position. Insensiblement, il se laissa glisser vers elle en lui faisant face.
    — En outre, je me suis dit : « Allons vérifier si elle est aussi intelligente qu’elle le pense. »
    Elle se pencha un peu plus encore. Son visage n’était maintenant qu’à quelques centimètres. Le fameux petit sourire mutin s’épanouit.
    — Comme c’est magnanime de votre part !
    Le ciel, la forêt, le feu de camp... tout était parfait. Il sentait la chaleur qui se dégageait des lèvres de Tess, attirant les siennes comme un aimant, et, pendant un bref moment, il eut l’impression que tout avait disparu autour d’eux. Le reste du monde avait cessé d’exister.
    — Que puis-je vous dire ? Je suis un homme magnanime. Particulièrement quand quelqu’un se met en route pour accomplir son propre... pèlerinage.
    Tess ne s’éloigna pas.
    — Donc, puisque vous êtes ici pour me protéger, murmura-t-elle, je pense que cela fait de vous mon chevalier personnel ?
    — Quelque chose comme ça.
    — Vous savez, réfléchit-elle en le regardant d’un air espiègle, d’après le manuel officiel des Templiers, vous êtes censé monter la garde toute la nuit pendant que les pèlerins dorment.
    — Vous êtes sûre de ça ?
    — Chapitre six, section quatre. Allez vérifier.
    Ils avaient l’impression d’être dans un rêve.
    — Vous pensez pouvoir supporter ça ? demanda-t-elle.
    — Pas de problème. C’est ce que nous, les Templiers, faisons.
    Elle sourit. Sur ce, il se pencha et l’embrassa.
    Il se rapprocha et le baiser se fit plus langoureux. Ils se fondirent l’un