Le dernier templier

surveillance thermique infrarouge Raytheon. Installée sur un trépied, celle-ci avait une vue plongeante sur le paysage devant elle. Un microphone directionnel parabolique était posé sur un second trépied. L’autre écran était celui d’un petit PDA. Le clignotement indiquait la position du traqueur GPS collé sous le sac de voyage de Tess.
    L’ecclésiastique se tourna et regarda la vallée sombre qui s’étendait au-dessous de lui. Il se sentait serein. Les choses restaient sous contrôle et c’était ainsi qu’il aimait que cela se passe. Ils étaient tout proches et, avec un peu de chance, ils allaient même battre Vance et arriver sur place avant lui. Il ne savait toujours pas exactement vers où ils se dirigeaient.
    De Angelis aurait préféré disposer d’un capteur audio à l’intérieur de leur voiture, mais l’occasion d’installer un micro ne s’était pas présentée. Enfin, cela n’avait guère d’importance. Où qu’ils aillent, quoi qu’ils trouvent, il serait juste derrière eux, attendant de bondir et de récupérer la chose.
    C’était la partie facile de la mission. La question de savoir ce qu’il allait faire d’eux après avoir atteint son but était beaucoup plus délicate.
    De Angelis regarda une dernière fois l’écran quelques instants avant de jeter le reste de son café dans les broussailles. Dans tous les cas, cela ne l’empêcherait pas de dormir.

55
    Quand Tess se réveilla, la lumière du jour filtrait de l’extérieur. Encore à moitié endormie, elle tendit la main, mais elle ne rencontra que le vide. Elle était seule dans les sacs de couchage qui avaient été attachés ensemble à l’aide de leurs fermetures à glissière. En se redressant, elle se rappela qu’elle était nue et chercha ses vêtements.
    Dehors, le soleil était plus haut qu’elle ne s’y attendait et, en consultant sa montre, elle comprit pourquoi. Il était presque neuf heures et l’astre était déjà à mi-chemin de sa course vers son zénith dans un ciel très clair. Elle cligna des yeux pour regarder autour d’elle et aperçut enfin Reilly. Debout près du 4 x 4, torse nu, il se rasait en utilisant de l’eau chauffée à l’aide d’une résistance électrique branchée sur l’allume-cigare.
    Alors qu’elle se dirigeait vers lui, il se retourna.
    — Le café est prêt.
    — J’adore ton ami Ertugrul, s’extasia-t-elle en apercevant un thermos fumant.
    Le riche parfum d’un café noir velouté réveilla ses sens.
    — Tu pensais que l’argent de tes impôts était gaspillé ?
    Il essuya sa mousse à raser et embrassa sa compagne. Celle-ci revit le petit crucifix d’argent discret pendant au bout d’une chaîne fine qu’elle avait remarqué pendant la nuit. La petite croix avait un charme désuet qui l’étonna elle-même. Elle n’aurait jamais imaginé pouvoir trouver un tel objet attirant, pourtant, sur lui, c’était différent. Cette croix semblait faire corps avec lui.
    Quelques minutes après, ils avaient repris la route et s’aventuraient à l’intérieur des terres. Le Pajero absorbait les bosses et nids-de-poule du revêtement crevassé. Ils dépassèrent quelques maisons désertes et une ferme avant de quitter la route étroite pour emprunter une piste forestière encore moins large.
    Ils traversèrent un taillis d’aliboufïers. Un jeune villageois était en train d’entailler les troncs pour récupérer le storax odorant. Droit devant eux, un ensemble de hautes collines se découpa. Une vague d’exaltation envahit Tess.
    — Tu vois ça, là-bas ?
    Son pouls s’accélérait alors qu’elle montrait du doigt un promontoire à la forme singulière. Son sommet avait un profil remarquablement symétrique.
    — C’est ça, exulta-t-elle. C’est la double bosse de la chaîne du Kenjik.
    Ses yeux parcoururent les notes et la carte qu’elle tenait. Elle essayait de les concilier avec le paysage qu’elle avait sous les yeux.
    — Voilà, nous sommes ici. Le village devrait être dans la vallée, juste de l’autre côté de cette montagne.
    La piste coupait à travers un épais bouquet de pins. Lorsqu’ils ressortirent à la lumière, ils contournèrent une colline. Le 4 x 4 utilisait toute la puissance de ses quatre roues motrices. Ils continuèrent de monter jusqu’à atteindre la crête.
    Quand ils arrivèrent en haut, Tess eut l’impression de recevoir un gigantesque coup de massue en plein visage. La vue ne correspondait pas à ce