Le dernier templier
l’expression confuse qu’il surprit sur le visage de Tess, il comprit qu’elle était aux prises avec les mêmes interrogations.
— Je me suis toujours demandé ce qu’Howard Carter avait ressenti en découvrant la tombe du pharaon Toutankhamon, dit-elle avec une mine sombre.
— Je pense que les choses se sont mieux passées pour lui que pour nous.
— Pas sûr. Il a dû faire face à une malédiction, souviens-toi.
Un sourire passa sur les traits de l’archéologue qui parvenait enfin à se détendre un peu. Reilly sentit son humeur s’améliorer, mais il avait toujours ce poids au creux de l’estomac qui ne paraissait pas près de s’en aller. Il ne pouvait pas l’ignorer davantage ; il lui fallait comprendre dans quoi ils s’étaient fourrés.
S’armant de courage, il se dirigea vers Vance. Tess lui emboîta le pas. L’agent fédéral s’agenouilla près de l’homme attaché et vérifia la corde autour de ses poignets. Le professeur se contentait de le fixer. Malgré sa situation, il semblait en paix. Reilly maugréa intérieurement. Il se demandait encore s’il devait se lancer ou non. Il conclut qu’il lui était impossible d’éluder le sujet.
— Je dois savoir quelque chose, commença-t-il. Quand vous avez parlé de la « vérité qu’ils avaient découverte sur cette fable », à quoi faisiez-vous allusion ? Selon vous, qu’ont-ils caché sur le Faucon-du-Temple ?
Vance leva la tête. Ses yeux gris, d’une clarté fulgurante, le transperçaient.
— Je n’en suis pas sûr. Mais je pressens que c’est quelque chose que vous pourriez avoir du mal à accepter.
— Laissez-moi me débrouiller avec ça, rétorqua Reilly.
— Le problème, c’est que, comme la plupart des croyants, vous n’avez jamais pris le temps de réfléchir à la différence entre la foi et les faits, entre le Jésus-Christ de la religion et le vrai Jésus de l’histoire, entre la vérité... et la fiction.
— Je ne pense pas en avoir eu besoin.
— Et, naturellement, vous êtes heureux de croire tout ce qui se trouve dans la Bible, n’est-ce pas ? Je veux dire que vous croyez en tout ça, je me trompe ? Les miracles, le fait qu’il ait marché sur l’eau, qu’il ait guéri un aveugle... qu’il soit revenu d’entre les morts ?
— Bien sûr que je crois en tout ça.
— D’accord. Alors, laissez-moi vous poser une question : que connaissez-vous de l’origine de ce que vous lisez ? Savez-vous qui a réellement écrit la Bible, et notamment la partie qui doit vous être la plus familière, le Nouveau Testament ?
Reilly était loin d’être certain de la réponse.
— Vous voulez parler des Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean ?
— Oui. Comment sont-ils nés ? Commençons par le plus simple. Quand ont-ils été écrits, par exemple ?
Reilly sentit un poids invisible s’abattre sur lui.
— Je... je ne sais pas... leurs auteurs étaient ses disciples, donc je pense qu’ils les ont écrits peu après sa mort.
Vance jeta un regard vers Tess et laissa échapper un ricanement méprisant. Ses yeux perçants se reposèrent sur Reilly, qui se sentit mal à l’aise.
— Je ne devrais pas être surpris, continua le prisonnier, mais c’est quand même fascinant, non ? Plus d’un milliard d’individus vénèrent ces écrits, acceptent le moindre mot de ces textes comme la sagesse de Dieu, sont capables de s’entre-tuer à cause d’eux, et tout cela sans avoir la plus vague notion de leur origine ni de leur histoire. D’où viennent-ils ? Quand ont-ils été rédigés ?
Reilly sentit la colère sourdre en lui. Le ton hautain de Vance ne contribuait pas à l’apaiser.
— C’est la Bible, s’offusqua-t-il. Elle existe depuis assez longtemps...
Le professeur plissa les lèvres et secoua doucement la tête pour exprimer son désaccord.
— Et je suppose que ça la rend vraie ?
Il appuya son dos contre le pick-up tout en laissant ses yeux se perdre au loin.
— J’étais comme vous, jadis. Je ne remettais pas les choses en cause. Je les considérais comme des questions de... foi. Je peux pourtant vous dire... que dès que vous commencez à creuser pour trouver la vérité...
Son regard se posa de nouveau sur Reilly, dont le visage s’était assombri.
— ... l’image n’est pas belle.
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— Ce que vous devez comprendre, continua Vance, c’est que, scientifiquement parlant, les premiers jours du christianisme ne sont qu’un grand
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