Le dernier templier
formèrent.
— Où suis-je ? Comment suis-je arrivée ici ?
L’homme se pencha et lui palpa le front tout en lui parlant.
— Mon nom est Costa Mavromaras. Je suis médecin et voici mon épouse, Eleni. Des pêcheurs vous ont trouvée sur la plage à Marathounda et vous ont amenée ici.
Les noms et l’accent troublèrent Tess.
— Ici... C’est où ?
La formulation fit sourire Mavromaras.
— Chez nous. Dans notre maison. À Yialos.
Le visage de Tess dut refléter son trouble.
— Yialos, à Symi, expliqua-t-il.
Puis il fit une pause en la fixant.
— Où pensiez-vous être ?
L’esprit de Tess nageait dans la plus parfaite confusion.
Symi ?
Que faisait-elle sur une île grecque ? Une foule de questions envahit son cerveau. Elle savait que Symi était l’une des îles du Dodécanèse, non loin de la côte turque. Mais elle voulait savoir où elle se trouvait exactement et comment elle était arrivée là. Elle voulait aussi savoir quel jour on était, combien de temps s’était écoulé depuis que la tempête avait frappé le Savarona , combien de temps elle avait dérivé en mer... Mais tout cela pouvait attendre. Il y avait autre chose qu’elle devait découvrir.
— Il y avait un homme avec moi, dit-elle d’une voix tremblante sous l’effet de l’angoisse. Est-ce que les pêcheurs ont trouvé quelqu’un d’autre... ?
Elle se tut en remarquant l’expression réservée du médecin, et son inquiétude monta d’un cran quand elle le vit se tourner vers sa femme. Puis Mavromaras regarda de nouveau Tess. Elle lut dans son regard une incontestable tristesse qui lui fit chavirer le coeur.
— Oui, on a trouvé quelqu’un sur la même plage que vous. Mais j’ai peur que son état ne soit un peu plus sérieux que le vôtre.
Tess repliait déjà ses jambes pour sortir du lit.
— Je dois le voir, les pressa-t-elle.
Déjà affaiblies et à peine capables de la supporter pour la courte marche dans le couloir jusqu’à la pièce voisine, les jambes de Tess s’effacèrent quasiment sous elle quand elle vit Reilly. Le haut de sa tête était enveloppé dans un grand bandage blanc. Autour de son oeil gauche et sur sa joue, elle aperçut une ecchymose jaune sombre. Ses paupières étaient tellement bouffies qu’il n’aurait pu ouvrir les yeux, ses lèvres gercées et meurtries. Un goutte-à-goutte semblable au sien serpentait jusqu’à son bras, et un masque relié à un respirateur était fixé sur son visage. La machine pompait bruyamment à proximité. Mais le pire de tout, c’était la couleur de sa peau. Une pâleur bleuâtre mortelle.
Tess ressentit une grande déchirure. Mavromaras l’aida à s’asseoir sur une chaise près du lit. Dehors, la pluie n’avait pas cessé. Le médecin expliqua que les pêcheurs les avaient trouvés quand ils étaient allés vérifier leurs bateaux sur une plage de la côte est de Symi. Malgré des conditions météo délicates, ils avaient bravé les routes trempées de l’île pour gagner la ville et sa clinique.
Cela remontait à deux jours.
Sa propre santé ne les avait jamais inquiétés. Son pouls avait vite répondu à la solution administrée en intraveineuse et, même si elle ne s’en souvenait pas, elle n’avait cessé de divaguer entre conscience et inconscience. Reilly était dans un état bien plus sérieux. Il avait perdu beaucoup de sang et ses poumons étaient affaiblis. De ce point de vue, ils pouvaient faire quelque chose. Le vrai problème, c’était le coup qu’il avait reçu à la tête. Mavromaras ne pensait pas qu’il souffrait d’une fracture du crâne, mais il ne pouvait en être absolument certain, car il n’y avait pas d’équipement de radiologie sur l’île. Dans tous les cas, il avait subi un traumatisme grave et n’avait jamais repris connaissance depuis qu’il avait été retrouvé à demi noyé sur la plage.
Tess sentit le sang quitter son visage.
— Que dites-vous ?
— Ses signes vitaux sont stables. Sa pression sanguine s’améliore. Sa respiration est certes faible, mais au moins il peut respirer seul, sans assistance. Le respirateur n’est là que pour s’assurer que son cerveau reçoit assez de sang. À part ça...
Le visage de Tess s’assombrit tandis qu’elle tentait de refouler une pensée terrifiante.
— Vous voulez dire qu’il est dans le coma ?
— Oui.
— Est-ce que vous avez tout ce qu’il faut ici pour le soigner ? Je veux dire : est-ce qu’on ne
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