Le dernier templier
fourreau.
Fouillant à la hâte la maison en quête d’une arme, il entendit des murmures provenant de l’autre côté de la porte de derrière. Il traversa la pièce et pressa son oreille contre l’huis pour écouter. Il vit la clenche de fer se lever et se plaqua contre le mur tandis que la porte s’ouvrait en grinçant.
Alors que le premier homme entrait, Martin lança son bras en avant et l’attrapa. Il l’obligea à lâcher sa dague et envoya l’intrus s’écraser contre le mur de pierre. Presque simultanément, d’un vigoureux coup de pied, il repoussa la porte, qui frappa son comparse. Récupérant la dague à la vitesse de l’éclair, Martin bondit sur la seconde crapule, hagarde. Il la saisit par le cou et lui planta la lame dans le flanc.
Retirant la dague, il laissa le corps de l’homme s’effondrer sur le sol. Puis il revint à l’intérieur, où le premier agresseur commençait à se relever. Traversant la pièce à grandes enjambées, Martin lui décocha un coup de pied avant de brandir son arme et de la planter dans le dos du Toscan.
À la hâte, le chevalier récupéra toute la nourriture qu’il put trouver et l’empila dans un sac, conscient que cela pourrait être d’une très grande aide pour Hugues. Après s’être glissé dehors par la porte arrière, il contourna la ville avant de trouver le sentier qui partait vers la montagne.
Il ne leur fallut pas longtemps pour se lancer à sa poursuite. Ils étaient quatre, peut-être même cinq, à en juger par les voix furieuses qui résonnaient dans le bois.
Des flocons de neige tombaient d’un ciel sombre quand Martin atteignit la paroi rocheuse près de laquelle il s’était reposé. Ses yeux se posèrent sur la craquelure évocatrice et il s’arrêta en pensant aux instructions qu’il avait confiées à ses compagnons d’armes des mois plus tôt. « À aucun moment la sécurité des lettres ne doit être compromise. » L’esprit en ébullition, il étudia les fissures formant la croix pattée.
Il savait qu’il ne pourrait jamais oublier cet endroit.
Utilisant sa dague, il gratta à la base du rocher, dégageant quelques pierres de la taille d’un poing. Puis il glissa la bourse contenant la lettre loin dans le trou qu’il avait aménagé avant de replacer les pierres et de les marteler du talon de sa botte pour bien les caler. Ensuite il continua son ascension, sans essayer de dissimuler les traces de son passage.
Bientôt, le grondement de la chute d’eau couvrit les cris des hommes qui le traquaient.
Quand Martin atteignit son bivouac, il n’y avait aucun signe d’Hugues. Regardant en arrière, il aperçut ses poursuivants, maintenant en vue. Ils étaient bien cinq. En queue du groupe, il reconnut le médecin qui l’avait trahi.
Attrapant sa grande épée, le templier poursuivit son escalade vers le haut de la cascade. C’était là, décida-t-il, qu’il allait les attendre.
Le premier des poursuivants, plus jeune et plus fort que les autres, avait quelques mètres d’avance. Il bondissait de pierre en pierre, armé d’une fourche à longues dents. Quand il arriva sur lui, Martin se fendit en arrière et coupa avec son épée la poignée de la fourche comme du petit bois. Emporté par son élan, l’homme tomba en avant. Le chevalier se pencha et donna un grand coup d’épaule dans le ventre de son adversaire. Dans le même mouvement, il le souleva et le précipita dans l’abîme, sous la chute d’eau.
Le cri de l’homme résonnait encore dans les oreilles de Martin quand deux de ses complices l’atteignirent à leur tour. S’ils étaient plus âgés et plus prudents, ils étaient aussi mieux armés. Le premier brandissait une courte épée avec laquelle il fouettait l’air devant lui. Pour un chevalier aguerri, affronter ce villageois était presque se battre contre un enfant. Une simple parade suivie d’une attaque de bas en haut suffit et l’épée de l’homme partit, elle aussi, se perdre dans la cascade. En ramenant son arme, Martin trancha l’épaule de son adversaire, séparant presque le bras du corps. Puis il esquissa un saut de côté pour éviter la charge du troisième. Tendant la jambe devant lui, il le fit trébucher. L’homme tomba à genoux et Martin abattit le plat de son épée sur sa tête, lui faisant mordre la poussière. Avec une dextérité de bourreau, il releva sa longue lame à double tranchant et sectionna la colonne vertébrale de l’homme au niveau du
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