Le dernier templier
l’impression d’avoir été absent des semaines. Il ressentait un étrange engourdissement des muscles. Une sensation de vertige ne quittait pas sa tête. L’une de ses paupières était encore fermée. Et sa mémoire n’était pas totalement revenue.
Il ne se souvenait pas de ce qui s’était passé après avoir tiré sur De Angelis et s’être jeté à l’eau. Il avait demandé à Mavromaras comment il s’était retrouvé là. Le médecin n’avait pu lui fournir que des détails fragmentaires qu’il avait appris de Tess. Mais se réveiller et découvrir qu’elle était là elle aussi avait été un immense soulagement pour lui.
Prudemment, il essaya de se redresser pour s’asseoir. L’effort lui arracha une grimace de douleur, aussi se laissa-t-il retomber sur les oreillers.
— Alors, comment avons-nous atterri ici ? interrogea-t-il.
Il écouta Tess lui raconter ce dont elle se souvenait. Mais sa propre mémoire présentait une lacune, entre l’énorme vague et le réveil sur la plage. Elle lui parla du choc qu’il avait reçu à la tête, du panneau d’écoutille auquel elle les avait attachés. En évoquant cet épisode, elle lui montra la profonde trace sur son bras et continua en lui expliquant comment elle avait accroché leurs gilets de sauvetage ensemble. Et puis il y avait eu cette montagne d’eau.
À son tour, Tess voulut savoir pourquoi le patrouilleur des gardes-côtes turcs leur avait tiré dessus. Alors Reilly lui narra ses propres aventures, depuis le moment où De Angelis était descendu de l’hélicoptère dans la montagne turque.
— Je suis désolée, répondit-elle, contrite. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je ne sais pas... C’était juste... J’ai dû perdre la tête pour te laisser là comme ça. Toute cette folie...
Elle ne put trouver les mots pour traduire son remords.
— Ne t’inquiète pas, répondit-il.
Un sourire timide passa sur ses lèvres craquelées.
— N’en parlons plus. On s’en est sortis tous les deux et c’est le principal, non ?
Elle continuait de se sentir gênée, mais elle hocha la tête et lui sourit pour le remercier de se montrer si compréhensif.
Sean poursuivit. Il lui expliqua que l’ecclésiastique se trouvait derrière toute l’affaire. C’était lui qui avait tué les cavaliers à New York, il était allé jusqu’à manoeuvrer lui-même le canon sur le Karadeniz. Enfin, il lui raconta comment il avait tué De Angelis.
Puis il se mit à parler des révélations du cardinal Brugnone.
Tess éprouva un immense sentiment de culpabilité quand Reilly lui exposa tout ce qui lui avait été dévoilé au Vatican. La réalité phénoménale de ce qu’elle avait trouvé sur la plage se voyait confirmée par ceux-là mêmes à qui cette découverte devait nuire le plus. Ils avaient tout avoué à Sean et cette révélation électrisait la jeune femme. Mais elle ne pouvait pas le montrer. Elle fit de son mieux pour paraître étonnée, posant des questions et se détestant un peu plus à chaque fois qu’elle devait simuler la surprise. Elle aurait voulu sortir le manuscrit de son paquet et partager cette découverte avec lui, ici et maintenant. Mais elle ne pouvait le faire. Elle voyait bien qu’un malaise hantait l’agent du FBI. Il était évident que l’aveu de Brugnone et l’exposé du mensonge sur lequel l’Église était bâtie avaient ouvert une plaie béante en lui. Elle ne pouvait pas lui porter maintenant le coup final en lui dévoilant ce qu’elle avait trouvé. À cet instant, elle n’était même pas certaine de pouvoir le faire un jour. Il avait besoin de temps. Et elle aussi en avait besoin, pour réfléchir à tout cela.
— Ça va aller pour toi ? demanda-t-elle.
Reilly regarda dans le vide un moment. Son visage s’était voilé. Il essayait de traduire ses sentiments en mots.
— C’est bizarre, mais toute cette folie, la Turquie, le Vatican, la tempête... J’ai l’impression que ce n’était qu’un cauchemar. Peut-être que je suis abruti par les médicaments, je suis sûr que tout va ressortir à un moment donné. Pour l’instant, je me sens si fatigué... J’ai simplement la sensation d’être totalement vidé. Mais je ne sais pas quelle part de cet épuisement est physique et quelle part est... due à autre chose.
Tess scruta le visage affaibli de son ami. Non, ce n’était assurément pas le bon moment pour lui parler.
— Vance et De Angelis ont eu ce qu’ils
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