Le dernier templier
d’araméen.
Elle marqua une pause. Ses yeux étaient rivés sur le manuscrit ancien.
De l’araméen.
La langue parlée par Jésus.
Le sang battant bruyamment à ses tempes, elle examina les feuillets libres et reconnut d’autres mots ici ou là.
Très lentement, presque à contrecoeur, elle commença à deviner ce qu’elle avait entre les mains. Et à comprendre qui était l’homme qui, le premier, avait touché ces feuilles de parchemin, celui dont la main avait tracé ces mots.
C’étaient les écrits de Jeshua de Nazareth.
Les écrits de l’homme que le monde entier connaissait sous le nom de Jésus-Christ.
83
Étreignant la peau tannée qui contenait le manuscrit, Tess rentra en suivant la plage. Le soleil se couchait. Les dernières lueurs filtraient à travers le mur de nuages gris qui flottaient sur l’horizon.
Elle avait décidé de ne pas rapporter le coffret, choisissant plutôt de le cacher derrière un gros rocher, afin de ne pas attirer l’attention. Elle reviendrait le chercher plus tard. Son esprit se débattait encore avec les implications de ce qu’elle croyait tenir dans ses mains. Ce n’était pas un tesson de poterie. Ce n’était même pas une Troie ou un Toutankhamon. C’était quelque chose qui pouvait changer le monde. Cela devait être manipulé, pour le moins, avec un soin extrême.
En approchant du petit groupe de maisons de Marathounda, elle retira son gilet et en enveloppa le paquet. Les deux pêcheurs avaient quitté la taverne, mais l’un des hommes encore présents la reconnut et accepta de la ramener en voiture chez le médecin.
Lorsqu’elle fit son apparition, Mavromaras l’accueillit avec un immense sourire.
— Où êtes-vous allée ? Nous vous avons cherchée.
Avant que Tess ait pu inventer quelque mensonge, il l’entraîna à l’intérieur de sa maison, vers les chambres.
— Venez vite. Quelqu’un veut vous voir.
— Salut, dit Reilly faiblement.
Il la regardait. On l’avait déconnecté du respirateur. Une vaillante tentative de sourire affleurait sur ses lèvres desséchées. Adossé à trois grands oreillers, il était assis confortablement. Tess sentit quelque chose remuer en elle.
— Salut, répondit-elle.
Le soulagement se lisait sur son visage. Elle se sentit euphorique comme elle ne l’avait jamais été. Essayant de ne pas attirer l’attention d’Eleni ou du médecin sur ce qu’elle faisait, elle déposa le gilet roulé en boule sur une petite commode faisant face au lit. Puis elle se rapprocha de Reilly et lui tapota très doucement le front. Ses yeux parcoururent le visage meurtri de son ami et elle se mordit la lèvre inférieure.
— C’est formidable de te voir de retour parmi nous, parvint-elle à dire d’une toute petite voix, sentant les larmes monter.
Il haussa les épaules. Son visage s’illumina lentement.
— À partir de maintenant, c’est moi qui choisis nos destinations de vacances, d’accord ?
Cette fois, ce furent ses traits à elle qui s’éclairèrent. Elle fut incapable de retenir une larme.
— Promis.
Les yeux humides, elle se tourna vers le médecin et sa femme. Ses lèvres formèrent un « Merci », mais aucun son n’en sortit.
Le couple se contenta de sourire et de hocher la tête.
— Je... nous vous devons tous les deux la vie. Comment pourrai-je jamais vous exprimer ma reconnaissance ? bredouilla Tess.
— Voilà une bien belle absurdité, répondit Mavromaras. Nous avons un proverbe : Den hriazete euharisto, kathikon mou. Cela signifie qu’aucun remerciement n’est nécessaire pour ce qui est un devoir.
Il regarda son épouse et lui adressa un signal muet.
— Nous allons vous laisser, ajouta-t-il doucement. Je suis certain que vous avez beaucoup de choses à vous dire.
La jeune Américaine se précipita vers le médecin, qu’elle étreignit et embrassa sur les deux joues. Rougissant sous son hâle, il sourit et sortit de la pièce pour les laisser seuls.
En revenant vers le lit de son compagnon, Tess regarda le gilet roulé en boule sur la commode, comme une bombe prête à exploser. Elle se sentit soudain mal à l’aise à l’idée d’être malhonnête, tant vis-à-vis du couple généreux qui lui avait sauvé la vie qu’envers Sean. Elle avait terriblement envie de lui parler de sa découverte, mais elle savait que ce n’était pas le bon moment.
Bientôt.
Le coeur lourd, elle parvint à sourire et le rejoignit près du lit.
Reilly avait
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