Le dernier templier
tâta de la pointe de sa chaussure et le retourna sur le dos. Bien qu’inconscient, l’homme respirait.
Son visage était strié de coupures sanglantes. En roulant, il avait lâché son pistolet. D’un coup de pied, l’agent fédéral repoussa l’arme. Puis il repéra quelque chose qui dépassait du manteau de Gus Waldron.
Une croix incrustée de joyaux.
17
Quand Tess retrouva son bureau de l’institut archéologique Manoukian, au coin de Lexington et de la 79 e Rue, quelques messages l’attendaient. Comme elle pouvait s’en douter, la moitié émanaient de son ex-mari Doug. Et de manière presque aussi prévisible, Léo Guiragossian, le patron de l’institut, s’attribuait le reste. Ce dernier ne tolérait Tess que pour une raison : quand il était en quête de fonds, il lui était fort utile de compter la fille d’Oliver Chaykin au sein de son établissement. Elle détestait ce type, mais elle avait besoin de ce poste. En outre, avec les rumeurs de compression de personnel dues aux restrictions budgétaires, ce n’était pas le moment de se comporter envers lui comme elle l’aurait voulu.
La jeune femme jeta tous les messages dans la corbeille, sous les yeux écarquillés de Lizzie Harding, la discrète secrétaire qu’elle partageait avec trois autres chercheurs. Léo et Doug n’attendaient qu’une chose d’elle : les détails les plus croustillants des événements de la nuit du samedi. Somme toute, les motivations de son patron, en dépit d’une certaine curiosité morbide, étaient moins agaçantes que celles de son ex-mari.
Tess avait placé son ordinateur et son téléphone de manière à apercevoir, en tournant très légèrement la tête, le jardin pavé qui s’étendait derrière le bâtiment de grès brun. L’édifice avait été restauré longtemps avant son arrivée à l’institut par le fondateur de celui-ci, un richissime armateur arménien. Un grand saule pleureur dominait la cour. Son élégant feuillage en cascade abritait des dizaines de pigeons et de moineaux, en une voûte au-dessus d’un petit banc.
Tess abandonna sa rêverie. Consultant les coordonnées de Jeb Simmons que Clive Edmondson lui avait laissées, elle composa un premier numéro. Tombant sur un répondeur, elle raccrocha sans laisser de message et en essaya un autre. La secrétaire du département d’histoire de l’université de Brown l’informa que Simmons était en train d’effectuer des fouilles dans le désert du Néguev pour une durée de trois mois. Mais on pouvait le joindre en cas d’urgence. Tess la remercia et lui dit qu’elle rappellerait.
Puis elle repensa à sa conversation avec Clive. Un annuaire web lui livra rapidement le numéro qui l’intéressait. Elle cliqua sur l’icône « numérotation » et obtint le standard de l’université Columbia.
— Le professeur William Vance, demanda-t-elle à la voix aiguë qui lui répondit.
— Un moment, s’il vous plaît.
Après un silence, la standardiste reprit la ligne :
— Je suis désolée, mais je ne vois personne de ce nom sur ma liste.
Tess s’y attendait.
— Vous pouvez me passer le département d’histoire ?
Quelques bourdonnements plus tard, une nouvelle voix de femme lui répondit. Apparemment, celle-là savait de qui parlait Tess.
— Oh oui, bien sûr, je me rappelle Bill Vance. Il nous a quittés... cela doit faire cinq ou six ans.
— Savez-vous où je peux le joindre ?
— J’ai peur que non. Je crois qu’il a pris sa retraite. Je suis désolée.
Mais la jeune archéologue avait encore un coup à jouer.
— Est-ce que vous pourriez m’accorder une faveur ? insista-t-elle. J’ai vraiment besoin de le contacter. Je suis de l’institut Manoukian et nous nous sommes rencontrés sur une fouille il y a plusieurs années. Pourriez-vous demander autour de vous ? Un autre de ses collègues du département sait peut-être où le trouver ?
L’assistante du département semblait désireuse de l’aider. Tess lui laissa donc son nom et ses coordonnées.
Après avoir raccroché, elle passa un moment à réfléchir. Puis elle revint à son écran et chercha un William Vance dans l’annuaire en ligne. Personne de ce nom à New York... ce qui ne prouvait rien. Beaucoup de gens n’avaient plus qu’un téléphone portable et la plupart n’étaient pas répertoriés. Le Connecticut ne donna pas davantage de résultats. Alors elle élargit la recherche à tout le pays, mais cette fois, il y avait
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