Le dernier templier
Remonte-moi !
Lentement, l’homme s’exécuta, jusqu’à ce que Mitch soit étendu sur le ventre, le visage contre le sol, le corps à moitié sur la margelle et à moitié en dehors, les pieds dans le vide. L’inconnu lui lâcha un bras et Adeson vit quelque chose luire dans la lumière. Un instant, il pensa qu’il s’agissait d’un couteau. Puis il finit par comprendre que c’était une seringue.
Ignorant ce que cela pouvait bien signifier, il recommença à se tortiller pour s’enfuir. Soudain, avant d’avoir pu bouger, il sentit une douleur cuisante se diffuser de son épaule jusqu’à son crâne.
L’homme venait de lui planter l’aiguille dans le cou.
31
De Angelis avait posé sur son lit le tirage papier d’une image vidéo. Tout en regardant le cliché, il passait son doigt sur une statuette en or incrustée de diamants et de rubis représentant un cheval cabré.
Au fond de lui-même, il trouvait cette antiquité vulgaire. Il savait que c’était un cadeau offert par l’Église orthodoxe russe au Saint-Père à l’occasion d’une audience pontificale à la fin du XIX e siècle. Il n’ignorait pas non plus sa valeur inestimable. Vulgaire, affreuse, mais sans prix.
Prenant la photo dans sa main, il l’étudia. C’était celle que Reilly lui avait donnée lors de leur première réunion, quand l’agent s’était enquis de l’importance de l’encodeur à rotors. Chaque fois qu’il la contemplait, il sentait une folle exaltation s’emparer de lui. Même ce simple tirage à gros grain parvenait à le transporter de joie, comme lorsqu’on lui avait montré, à Fédéral Plaza, toute la séquence prise par les caméras de surveillance.
Des chevaliers en armure rutilante pillant un musée de Manhattan en plein XXI e siècle.
La photo montrait l’homme que l’on surnommait le quatrième cavalier, tenant l’encodeur. Le prélat fixa le heaume du chevalier, comme s’il voulait traverser l’encre et le papier pour sonder les pensées de l’inconnu. L’image était une vue de trois quarts, prise de l’arrière gauche. Des vitrines d’exposition fracassées gisaient autour du malfaiteur. Et dans le coin supérieur gauche du cliché, se découpait le visage d’une femme cachée derrière une vitrine, hasardant un coup d’oeil furtif.
Une archéologue avait entendu le quatrième cavalier dire quelque chose en latin, médita De Angelis. Pour cela, elle devait être assez près, et, en regardant l’image, il eut la conviction que c’était elle.
Il se concentra sur le visage paralysé par la peur. Oui, c’était sûrement elle.
Il reposa la photo et le cheval incrusté sur le lit, près d’un pendentif en argent serti de rubis. Il prit ce dernier. Cette fois, il s’agissait d’un cadeau du nizam d’Hyderabad. Il valait le prix d’une rançon de prince... ce qu’il avait été jadis. En le faisant tournoyer autour de son index, il se mit à pester intérieurement : il butait au fond d’une impasse et ne savait comment en sortir.
Sa proie avait bien effacé ses traces. Il n’en attendait pas moins d’un homme d’une telle audace. Ses complices, ces crapules que De Angelis était parvenu a débusquer, à interroger et à expédier ad patres avec une telle facilité, ne lui avaient servi à rien.
L’homme lui-même — le « quatrième » -continuait de lui échapper.
Il avait besoin d’un élément nouveau. Une sorte d’intervention divine.
Et maintenant, il y avait en plus ceci. Une contrariété.
Peut-être un parasite.
Il regarda encore une fois le visage de la femme. Puis il attrapa son téléphone portable et appela un numéro en mémoire. Deux sonneries plus tard, une voix rauque et râpeuse répondit.
— Qui est-ce ?
— À combien de personnes exactement avez-vous donné ce numéro ? questionna l’ecclésiastique.
L’homme soupira bruyamment.
— Ça fait plaisir de vous entendre, monsieur.
De Angelis devinait que l’homme était en train d’écraser un mégot de cigarette avant d’en chercher une autre. Il avait toujours trouvé ce vice répugnant, mais les talents de l’homme compensaient largement cette tare.
— J’ai besoin de votre aide.
Tout en disant cela, il fronça les sourcils. Il avait espéré ne pas avoir à impliquer qui que ce soit. Ses yeux s’arrêtèrent encore sur le visage de Tess.
— J’ai besoin que vous accédiez pour moi à la base de données du FBI sur le Metraid.
Puis il
Weitere Kostenlose Bücher